The Frankenstein Chronicles revisite avec avec une redoutable efficacité le chef d’œuvre de Mary Shelley.
Londres, début du XIXème siècle. La police fluviale vient de démanteler un trafic d’opium lorsque le cadavre d’une enfant est découvert. Le corps sans vie est un assemblage grotesque de différents cadavres… L'inspecteur John Marlott, vétéran de Waterloo rongé par la syphilis, va se charger de cette sombre enquête dans une ville ou le faste côtoie la misère la plus noire alors qu’un débat fait rage entre les pro et les antis dissection…
Porté par un casting de grande classe et des visuels soignés, cette série policière historique s’avère particulièrement immersive. Scénariste et cinéastes redonnent vie à une époque contrastée où la littérature et sciences se mêlent et s’entremêlent, éclairant d’un jour inquiétant la noirceur de l’âme humaine.
Les acteurs y sont formidables et accessoiristes et décorateurs ont fait un travail remarquable pour reconstituer les ruelles crasseuses, violentes et brumeuses de la capitale britannique. La loi y semble peu respectée : prostitution, trafics de filles et de cadavres semblent fleurir sur le lisier boueux de la terre battue londonienne. Personnages réels et fictifs s’y côtoient, offrant au spectateur de découvrir une galerie de personnages remarquablement bien interprétés et à la moralité douteuse… On y croise Mary Shelley mais aussi Charles Dickens, infatigable défenseur du droit des enfants, qui sous le pseudonyme de Boz, campe un journaliste pour le moins intrigant…
L’intrusion de Mary Shelley dans l’intrigue est particulièrement savoureuse, esquissant une sombre genèse au grand œuvre de la romancière britannique, conférant son sel à la série.
Mais si l’intrigue se suit avec un réel plaisir, c’est aussi et surtout grâce à la prestation remarquable de Sean Bean qui incarnait Eddard Stark dans the Game of Throne. Héros fragile, profondément humain et hanté par un passé douloureux, il va se lancer à corps perdu dans cette enquête, nous invitant à sa suite à découvrir Londres, sa misère et sa violence… Le regard cartésien qu’il porte sur les événements frôlant le fantastique s’avère la force de cette série courte et passionnante…
Le dernier épisode est un brin décevant, un poil en dessous de la «promesse» des premiers. Néanmoins, alors qu’il ne faisait que l’effleurer, il ancre le récit dans le fantastique du roman de Shelley et laisse la porte ouverte à une suite possible dont on se demande bien quelle forme elle pourrait prendre.
La musique est elle aussi particulièrement réussie, soulignant avec efficacité l’action et accentuant l’atmosphère oppressante et angoissante de la série…
Malgré les défauts du dernier épisode, les amateurs de polars historiques qui flirtent avec le fantastique seront sans nuls doutes envoutés par le charme sulfureux de cette série qui se déroule en marge du roman de Mary Shelley.
Le contexte froidement réaliste de la série laisse peu à peu la place au fantastique, donnant corps aux folies scientifiques du roman… Une série lugubre qui s’achève étrangement mais qui s’ouvre sur une possible suite… Ce dont nous ne pouvons que nous réjouir…