Avec
Black Sands - Unité 731-, Tiburce Oger lève le voile un crime de l’humanité méconnu et longtemps nié par le Japon : entre les années 1932 et l’abdication du Japon, des milliers de victimes, prisonniers politiques ou prisonniers de guerre, périrent dans les laboratoire dirigés par le sinistre Shirō Ishii, lieutenant-général de l’unité 731, chargée de la recherche sur les armes bactériologiques…
1943. Japon et Etats-Unis se livrent une guerre sans merci. Une escouade américaine est envoyée en mission sur une île mais ce qu’ils vont trouver sur place dépasse l’entendement. Quelque temps après, l’U.S. Destroyer Perkins est torpillé par un sous-marin japonais. Une poignée de rescapés parvient péniblement à gagner un île où ils sont rapidement attaqués par des humains décharnés… Rapidement, il ne reste des survivants que le caporal Joseph Grégovitkz…
Il va découvrir que l’île abrite un laboratoire militaire japonais qui mène des expérimentations sur des cobayes humains…
S’il n’était mort quelques 6 ans auparavant les faits relatés, le scénario de cet album aurait pu être écrit par H.P. Lovevraft tant l’ambiance distillé au fil des pages est sombre et pesante, à l’image de son glaçant
Herbert West, réanimateur…
La structure narrative de ce one-shot s’avère tout à la fois classique et bougrement efficace. Un prologue pose le décor, suggérant l’horreur plutôt que de la montrer… Puis l’histoire proprement dite démarre avec un premier chapitre inquiétant qui met en scène une poignée de soldats américains face à des zombies particulièrement résistants. Mais l’horreur, la vraie, est encore à venir et caporal Grégovitkz ne tardera pas à la découvrir lorsque ses pas le mèneront à un sinistre laboratoire construit au milieu de la jungle et dans lequel des scientifiques déments mènent de terrifiantes expériences…
Le pire dans cette histoire, basée sur des faits biens réels, c’est le sort de Shirō Ishii, le sombre cerveau de l’unité 731 : malgré ses crimes contre l’humanité, il ne fut jamais inquiété de son vivant, après un accord passé avec les Etats-Unis qui récupérèrent le résultat de ses abjectes travaux.
Mathieu Contis, graphiste diplômé des Beaux-Arts fait une entrée remarquée dans le neuvième art avec un album de près de 100 pages parfaitement maîtrisé. Son découpage très classique inscrit le récit dans une veine cinématographique alors que son trait nerveux, rehaussé de couleurs sombres, retranscrit l’atmosphère humide et écrasante d’une jungle inquiétante et luxuriante…
L’album aurait gagné à être complété par un dossier présentant les exactions de l’unité 731 tant les faits et les exactions qu’elle a commises sont méconnus du grand public…
Inspiré de faits réels glaçants, Black Sands - Unité 731- est un thriller historique captivant qui entraîne les lecteurs dans un récit de guerre teinté d’un fantastique parfaitement rationnel.
Classique mais aussi efficace qu’édifiant, le scénario de Tiburce Oger est joliment mis en image par un jeune auteur signant un premier album particulièrement prometteur qui explore les sombres replis de l’âme humaine.
Les amateurs de récits de guerre ou d’histoires de zombis ne pourront passer à côté de ce récit solidement charpenté…