



Comme celle du tome 1, la couverture exerce indéniablement un attrait certain sur le chaland et il est bien difficile de passer à côté de l’album sans le feuilleter. Les auteurs ont ressuscité un personnage peu connu en France car non traduit à ce jour pour en proposer un reboot drôle, dynamique et décapant…
Tout a commencé une nuit dans un cimetière alors que Vaughn et Tommy invoquent accidentellement un véritable fantôme… Amnésique et sensuelle, elle va s’efforcer de retrouver la mémoire et comprendre les circonstances de sa mort avec l’aide de ces deux bras cassés…
Bien vite, il apparaît que Chicago est gangrénée par des démons venus d’une autre dimension qui s’incarnent dans des hôtes humains… Ghost va devenir la protectrice spectrale de la ville, devenant une légende urbaine… Peu à peu, il apparaît que les démons ont été invoqués par le maire de la ville pour servir ses noirs desseins…
Mais un jour, Elisa Cameron, alias Ghost, rencontre un démon incarné dans un homme qu’elle se souvient avoir connu de son vivant… Un démon va lui proposer un pacte sulfureux : en échange d’un nouveau corps d’accueil, il lui révélera certains secrets de Chicago et l’aidera à lever le voile sur son sombre passé…
Epaulé par Christopher Sebela au scénario, Kelly Sue DeConnick referme avec ce second tome le premier arc narratif d’une série à la fois nerveuse et décalée… Intrigant à plus d’un titre, le personnage principal, un fantôme troublant qui possède d’étranges pouvoirs invoqués par mégarde s’avère particulièrement aussi inquiétant qu’attachant… Un pan du voile recouvrant son passé nous est révélé, laissant entrevoir de profondes blessures…
Le personnage de Tommy est parfait dans son rôle de gentil naïf au grand cœur qui fait retomber la pression par une remarque décalée, complétant Vaughn, plus sombre et cabossé par la vie… Le soin apporté aux personnages est d’ailleurs la force de ce récit, tel Beleth, démon repentit qui aspire qu’à une autre vie…

A l’instar du tome 1, le récit est mené tambour battant et sans temps mort. Entre deux scènes de combat dantesque, les scénaristes parviennent à développer les différents arcs narratifs, tant celui du passé de Ghost que celui du Grand Projet, sans oublier ce mystérieux et sanglant tueur en série dont l’ombre plane sur l’histoire…
Confié à trois dessinateurs et de coloristes différents qui ont chacun œuvré, parfois de concert, sur différent chapitres, le dessin s’avère inégal mais de haute tenue. Les démons auxquels ils donnent vie une fois qu’ils abandonnent leur apparence humaine évoque ceux dont Jheronimus Bosch aimait à peupler ses tableaux. Dans la plus pure tradition des comics, les cadrages dynamiques et le découpage nerveux servent au mieux le scénario violent et inventif écrit à quatre mains.
Le boucher de la cité blanche poursuit ce reboot enthousiasmant de Ghost… Porté par une poignée de scénariste et de dessinateur chevronné, l’album propose une intrigue nerveuse dynamique qui mêle avec efficacité scène d’action débridée, thriller et tension exacerbée…