Il est des livres qui captivent le lecteur par des scènes d’actions échevelées, des situations burlesques, des dialogues percutants comme des uppercuts… Et il y en a d’autres, plus rares peut-être, qui parviennent à bouleverser le lecteur avec une histoire simple, portée par des personnages subtilement esquissés, par petites touches, à la manière des impressionnistes… L’Adoption est de ceux-là : de ces albums qui vous touchent, vous remuent et vous bouleversent, en toute simplicité…

L’arrivée d’un enfant bouleverse souvent une famille. Irrémédiablement. La petite Qinaya, orpheline péruvienne de 4 ans adoptée par une famille française ne fait pas exception à la règle... Mais Gabriel, son grand-père d’adoption, a bien du mal à l’accepter, lui qui doit apprendre à être grand-père alors qu’il a peu pris le temps d’être père.

Pourtant, les barrières vont tomber, une à une, et des liens forts vont se nouer entre lui et l’irrésistible Qinaya… Mais, s’ils s’apprivoisent peu à peu, aucun ne se doute qu’une tempête s’approche qui va venir bouleverser leurs petites vies…

Avec l’Adoption, Zidrou signe un scénario subtil et plein d’humanité qui nous fait entrer dans l’intimité d’une famille qui a fait le choix difficile et magnifique de l’adoption. Une fois encore, ce talentueux scénariste qui explore avec le même talent de nombreux registres nous entraîne dans une histoire bouleversante de simplicité par l’humanité qu’il parvient à distiller dans chacun de ses personnages. Chacune des multiples scènes qui composent l’album sonnent étrangement juste et les émotions que Zidrou fait naître au détour de ses dialogues et de ses silences s’avèrent particulièrement subtiles et délicates. Et le final vient faire basculer nos certitudes, annonçant une suite qui s’annonce aussi forte qu’inattendue…

Cette rencontre impromptue entre Qinaya et Gabriel, d’abord tout en retenue, est superbement mise en image par un Arno Monin particulièrement inspiré. Mais que pouvait-on attendre du dessinateur de L'envolée sauvage ou de l’Enfant Maudit sinon un album magnifique? Avec la délicatesse et la pudeur qui le caractérise, il dépeint des personnages bouleversant d’authenticité. Avec un art consumé, il met en scène des silences en disent parfois plus long que les mots… Comment ne pas être bouleversé par ce pur moment de trouble et de bonheur qu’il parvient à capturer et à retranscrire en quelques cases au bas de la page 39… Sublime… Arno Monin sert avec une rare justesse l’excellent scénario de Zidrou, le complétant à merveille en donnant à voir les sentiments qui animent chacun des protagonistes…

Plus d’une fois, ce premier tome de l’Adoption fera monter des larmes, tantôt de joie, tantôt de tristesse… Zidrou et Arno Monin signent un premier tome bouleversant porté par des personnages pétillant de vie, d’amour et de tendresse.

En toute simplicité, les auteurs parviennent à retranscrire la force des sentiments qui unit une petite fille à son grand-père d’adoption… Contrairement à l‘adage, il arrive, parfois, qu’on puisse choisir sa famille… Tout n’est qu’une question d’amour, une grave question d’amour. Il suffit parfois d’une main tendue pour pour changer une vie, pour lui (re)donner un sens…

Un album rare et précieux à ne manquer sous aucun prétexte…