


Dans son dernier album,
Tu n'as rien à craindre de moi, Joann Sfar se propose de nous raconter l’histoire d’un homme et d’une femme (« chabadabada chabadabada »), l’histoire d’une rencontre et d’une rupture dans le Paris des amoureux… Ils se rencontrent, s’aiment, se parlent et font l’amour, follement, passionnément… Il la peint, nue, elle s’en amuse… puis s’en lasse…
Au fil des pages, l’auteur nous invite à rentrer dans l’intimité d’un couple qui se met à nu par petite touche, au cours d’une séance d’effeuillage de leurs âmes et de leur corps… Seaberstein, peintre juif amoureux et tourmenté pose tour à tour sur sa compagne le regard de l’artiste et celui de l’amant, tantôt envoûté par sa troublante beauté, tantôt inspiré par sa nudité: elle est tout à la fois sa maîtresse et sa muse. Il l’appelle Mireilledarc, en un mot, en hommage à cette femme sensuelle apparue dans le Grand Blond avec un décolleté dorsal plongeant vers sa déstabilisante chute de reins… Seaberstein (comme Sfar peut-être ?) ne s’en est jamais vraiment remis…

L’auteur invite même l’actrice (pardon la documentariste) dans son album, juste avant et juste après que son amour n’explose en plein vol… et cette dernière lui donne des conseils lucides et pertinents, bousculant Seaberstein avec tendresse et malice…
L’auteur truffe son récit de questionnements sur la religion, sur la sexualité, l’amitié et l’amour au travers de personnages haut en couleurs, de ces second rôle dont Sfar a le secret et qui portent sur l’histoire d’amour de Seaberstein et Mireilledarc un regard lucide car extérieur au couple et à son microcosme…
A la manière des films de la nouvelle vague, Joann Sfar met en scène des personnages ordinaire et dépeint leur quotidien… En toute simplicité, il décortique ces moments d’intimités, explorant le sentiment amoureux, capturant l’intimité d’un couple en quelques coups de crayons et répliques bien pensées…
Son récit délicieusement décousu est saupoudrée de réflexions sur la religion ou l’amitié et truffé de nombreux clins d’œil à Gainsbourg auquel l’auteur a consacré un film… et à Mirelle Darc aussi, bien évidemment…