



Deux ans après la publication du fracassant premier tome de
World War Wolves, Jean-Luc Istin et Kyko Duarte nous propose un second opus qui se dévore comme la seconde saison d’une excellente série…
L’humanité est devenue la proie d’une meute de lycanthropes.
Las Cruces . John Mashall, ancien romancier à succès, se retrouve totalement démuni pour assurer la survie de sa famille… En enquêtant sur la mort violente de leur voisine du dessus, il comprend qu’elle n’est pas la première à se faire éviscérer par un garou dans ce même immeuble…
Jeremy Lester, guitariste de blues aveugle fuit Philadelphia pour tenter de gagner Lancaster avec la petite Sarah sur laquelle il veille depuis que son père s’est transformé en loup…
Quand à Malcom Spolding, réparateur de génie, il ne supporte plus d’attendre patiemment que ses geôliers n’aient plus besoin de ses services et commence à travailler à son évasion…
Difficile de ne pas être happé par ce récit choral de Jean-Luc Istin, intelligemment mené et parfaitement orchestré. Le prolifique scénariste s’est inspiré de la thématique de la horde de zombis pour tisser un survival-horreur subtilement différent…

Car là où les héros étaient poursuivis par des zombis décérébrées lents et en état de décomposition avancée, les principaux protagonistes de
World War Wolves doivent affronter des monstres intelligents capables de se fondre dans la foule et d’agir sous leur apparence humaine, rendant le danger omniprésent et plus pernicieux encore…
Les récits croisés impulsent un rythme soutenu à l’album. Chacun des trois personnages principaux du récit a été soigneusement travaillé pour le rendre attachant et susciter l’empathie. Bien qu’immergés dans une réalité qui les dépasse et à laquelle ils sont obligés de s’adapter pour survivre, leur quotidien est finement retranscrit, conférant à l’histoire cette touche de crédibilité qui donne toute sa force au récit… La relation entre Jeremy Lester et la jeune Sarah est ainsi subtilement retranscrite et mise en scène, paraissant parfaitement authentique, de même la description du couple des Mashall au bord de l’implosion ou les raisons qui vont pousser Malcom à surmonter sa lâcheté qui sont subtilement amenées… Même ses loups-garous qui perdent peu à peu leur humanité et leur compassion au profit d’une bestialité glaçante s’avèrent particulièrement bien pensés.

Chacun des arcs narratifs développés dans ce second tome s’avèrent particulièrement prenant et le cliffhanger concocté par Jean-Luc Istin nous incite juste à… le maudire… Car rarement lecteur n’aura été aussi délicieusement frustré par un « A suivre… » qui tombe comme un couperet cinglant et implacable…
Kyko Duarte fait une fois de plus un formidable travail. Son trait énergique et son découpage dynamique confèrent à la série une dimension cinématographique qui renforce la délicieuse impression de suivre une excellente série TV. Avec un sens aigu du cadrage, le dessinateur espagnol met en scène de façon redoutablement efficace l’histoire concoctée par Jean-Luc Istin, distillant angoisses et émotions au fil de ses cases par des visuels percutants et expressifs…
Jean-Luc Istin revisite avec talent le survival-horror avec un récit choral dynamique et entraînant porté par des personnages atypiques et subtilement travaillés et mis en scène avec une redoutable efficacité par un Kyko Duarte comme toujours très inspiré…
La dernière planche fait naitre une délicieuse frustration et il nous tarde de connaître la suite de ce thriller horrifique intelligent et solidement charpenté…