Après la Forge, le Talion et le Temple, c’est au tour des Errants d’être mis en lumière avec ce quatrième opus de l’excellente série-concept Nains, diamant brut de Nicolas Jarry…

Oösram était le plus grand général de la Forteresse de Goll-Garsëm, mais sa cupidité l’a poussé à trahir son roi et son ordre. Chassé de l’ordre du Bouclier, banni de la société naine, lui et sa famille sont désormais des sans-ordres, des errants, soumis aux caprices des puissants…

L’ancien général devenu paysan semble avoir fait le deuil de son ancienne vie et de sa gloire passée… Mais de tragiques événements vont lui redonner le goût du sang et de la fureur des batailles… Même s’il sait que son combat est sans issue, il compte bien élever les errants au rang de cinquième caste du peuple Nain.

Durant de longues années, j’ai dévoré tout ce qui ce que la BD comptait de récits d’heroïc-fantasy… Puis, le temps passant, mon intérêt pour ces récits épiques a décliné… J’ai un temps cru que j’étais devenu trop vieux pour les apprécier… Mais je me trompais, lourdement... D’excellentes séries se sont succédées, me faisant revoir mon jugement. Nains en fait indéniablement partie…

Epaulé par une poignée de dessinateur talentueux, Nicolas Jarry est parvenu à tisser une fresque dense et épique en proposant le portrait de cinq nains, un pour chacune des castes disparates qui forment le valeureux peuple Nain. Avec ce destin tragique d’Oösram, il tisse à nouveau une histoire dense et captivante, celle d’une vie brisée par l’avidité, une des malédictions qu’Arran, dieu des Elfes, aurait jeté au peuple nain… Succédant à Redwin, Ordo et Aral, Oösram est lui aussi un personnage tourmentée doté d’une forte personnalité, faisant de ce héros des errants est un être complexe et tourmenté…

Ce quatrième tome nous raconte l’histoire de la révolte des opprimés qui, sous l’impulsion de l’ancien chef de guerre, décidèrent de relever la tête et de prendre les armes pour défendre leur liberté et leurs maigres privilèges. Son courage et sa fougue, sa science du combat et sa connaissance de l’adversaire va lui faire remporter une victoire éclatante qui marquera durablement les esprits… S’il ne parviendra pas à faire plier le Bouclier, il parviendra à semer le germe de l’espoir et de la révolte, brisant le premier maillon de la chaîne qui oppresse les Errants…
La filiation est une fois encore l’un des rouages de ce récit. La relation d’Oösram avec sa famille en général et avec ses enfants en particulier accentue la force du récit de façon savoureuse la force du récit, lui conférant une sorte d’intemporalité…

Mettant en scène le héros de cette nouvelle aventure, la couverture, rehaussé d’un vernis sélectif, est, une fois de plus, superbe. Designé par Pierre-Denis Goux, les décors de cette histoire est une fois encore de toute beauté, entraînant le lecteur à la découverte d’une civilisation riche et foisonnante. Jean-Paul Bordier (dessinateur de Souvenirs d'un Elficologue qui a aussi participé, avec Nicolas Jarry au scénario, à Elfe et aux Maitres Inquisiteurs, autres séries d’Heroic-Fantasy captivantes) signe un album dense dont chacune des planches fourmillent de détails qui immergent le lecteur dans la culture naine. Son découpage est redoutablement efficace et il gère avec talent les longs récitatifs qui ancrent le récit dans les fresques épiques et les histoires dont on fait les légendes…

Grand amateur de jeu de rôle, Nicolas Jarry a depuis longtemps une passion toute particulière pour les nains qu’il s’efforce de partager avec cette-série concept passionnante.
Avec Oösram des errants, il met en scène un personnage haut en couleur, complexe et tourmenté dont le destin tragique fait régner un souffle épique sur cet album puissamment mis en image par Jean-Paul Bordier…

Au vu des qualités de ce récit, on attend avec impatience Tiss du Bouclier, cinquième opus de ce premier cycle… et on ne peut se réjouir de l’annonce d’un second cycle qui permettra au scénariste d’étoffer son univers riche et foisonnant!