Parmi les nombreux projets de cette rentrée du neuvième art, le premier tome des trois fantômes de Tesla faisait partie de ceux qui ont d’emblée retenu toute notre attention, tant pour ses dessins de haute tenue que pour le pitch de la série…

New York. Eté 1942. T.S. Billing, reporter au Daily Worker cherche à trouver des liens entre d’étranges et fantomatiques lueurs mouvantes au fond de l’East River, les meurtres de clochards aux abords du détroit et la mystérieuse disparition du célèbre inventeur et ingénieur Nikola Tesla… Entre les rumeurs de débarquement des forces de l’Axe et les expérimentations japonaises dans le pacifique, tout laisse à penser que New York est au cœur des évènements en passe de bouleverser l’équilibre mondial…

Après le décès de son père, le jeune Travis, adolescent féru de sciences, et sa mère viennent s’installer à Manhattan dans un petit appartement du New Yorker Hotel, juste à côté d’un inquiétant voisin qui semble terroriser les gosses du voisinage… Par bravade, il accepte pourtant de remettre au vieil homme une lettre codée… Sans le savoir, il va être entraîné dans une formidable et dangereuse aventure…

Auteur complet, Richard Marazano endosse pour cette nouvelle série la double casquette de scénariste et de coloriste… Dès les premières pages, ce mystère Chtokavien happe le lecteur avec un récit choral parfaitement maîtrisé qui esquisse les contours d’un univers rétrofuturiste particulièrement riche et savoureux… Avec un savoir-faire établi et un sens du rythme aiguisé, le scénariste de Cuervos, du Complexe du Chimpanzé ou du monde de Milo nous immerge d’emblée dans l’action avec un prologue inquiétant qui donne d’emblée le ton. Avec une redoutable efficacité, l’auteur déploie une toile de fond complexe et savamment travaillée et y plonge un jeune garçon aussi érudit que courageux, nous entraînant à sa suite dans une formidable aventure, pour notre plus grand plaisir!

Graphiquement, l’album est tout juste superbe. Impossible de regarder (que dis-je contempler!) la couverture sans être irrémédiablement pris de l’envie de feuilleter puis de lire ce premier tome. C’est peu dire que la maquette et l’illustration évoquant les récits de sciences fiction des années 30 sont de toute beauté… Guilhem Bec signe des planches superbes, rehaussé par le saisissant travail de colorisation de Richard Marazano nous immerge dans cette uchronie sombre et décalé… Ses cadrages incisifs sont d’un dynamise saisissant et chacune de ses cases fourmillent de détails qui confèrent à l’ensemble une saveur unique… La version noir & blanc éditée par Canal BD permet de prendre la mesure du talent de ce dessinateur qu’on n’attendait pas nécessairement dans ce registre…

Mêlant habilement thriller scientifique, polar, espionnage et récit d’aventure, cette nouvelle série de Richard Marazano est superbement mise en image par un Guilhem Bec dont le talent se révèle à chaque planche… Difficile de ne pas être envoûté par ce récit dystopique riche et foisonnant qui amorce une trilogie des plus prometteuses à la hauteur de nos plus folles attentes…

Superbement maquetté, l’album n’a qu’un seul défaut : nous obliger à patienter pour lire la suite!