Révélé par Le Tueur de la Green River (album scénarisé par Jeff Jensen, récompensé par le prestigieux prix Will Eisner en 2012), Jonathan Case signe pour la première fois scénarios et dessins d’une comédie policière particulièrement réussie…

New York des années 1936… Le pays se remet peu à peu de la grande dépression qui n’est déjà plus qu’un lointain souvenir pour les clients du Waldorf Astoria, l’hôtel le plus prestigieux de Manhattan…

Frank O’Malley, jeune homme d’origine irlandaise, y travaille comme groom et aide Thérésa, femme de ménage de couleur, à répéter son rôle dans Macbeth, une pièce mise en scène par un jeune homme prometteur du nom d’Orson Wells. Ils vont être aux premières loges d’une série de vols et leur basse conditions font d’eux des suspects idéals…

Publié hors collection, l’album a fait l’objet d’une édition aussi soignée qu’élégante. La couverture, rehaussée d’un vernis sélectif du plus bel effet, s’avère superbement composée et donne bougrement envie de feuilleter l’ouvrage…

C’est ensuite le trait énergique du dessinateur qui capte l’attention. Ses planches monochromes sont superbement composées et immergent le lecteur dans cette époque où l’insouciance de certains cache difficilement la misère des autres… Le style graphique semi-réaliste de l’auteur, ligne-claire subtilement rehaussé de teintes grises et bleutée, pose une ambiance délicieusement rétro, évoquant les comédies policières d’après-guerre tel Song of the Thin Man d’Edward Buzzell ou Tueurs de dames d’Alexander Mackendrick…

Rythmé et très en phase avec son époque, le scénario met en scène des personnages tentant tant bien que mal de s’en sortir malgré le marasme économique et le New Deal de Roosevelt qui n’a pas encore porté ses fruits… Entre petites combines et criminalité, le petit peuple se serre les coudes, faisant à sa manière éclater une société encore gangrénée par le racisme et dans laquelle les femmes peinent encore à trouver leur place…

Sur un rythme endiablé, Jonathan Case fait se succéder des scènes cocasses portées par des personnages attachants, des dialogues drôles et mordants et un dessin plein d’élégance.

Sous ses apparences de comédie policière drôle et légère,The New Deal dépeint avec finesse une société contrastée où la pauvreté côtoie l’opulence dans la plus parfaite indifférence… Rien n’a vraiment changé au final, en l’espace de quatre-vingt ans…