Après avoir exploré les cartels de la drogue mexicains avec le glaçant Juarez, Nathalie Sergeef nous plonge dans l’univers suffoquant des maras, gangs ultra-violents d’Amérique du sud…

A l’âge de treize ans Samuel Santos est initié au MS13, une Mara du Salvador… le genre de gang où les crimes se dessinent sur les corps et qu’on ne quitte que les pieds devant. Pourtant, quelques années plus tard, il s’en échappe en payant le prix fort…

Devenu avocat, il n’hésite pas à remuer la boue d’un bourbier politico-financier pour servir les intérêts de son client. Mais un tragique évènement va le replonger dans son passé de mareros et lui permettre de trouver sa rédemption…

Comme de coutume, Nathalie Sergeef s’est solidement documenté avant de tisser son récit écartelé entre deux époques. A travers le destin d’un gosse de rue devenu avocat qui va tenter de renouer avec son douloureux passé, la scénariste brosse un portrait saisissant des maras, de leurs codes, de leurs rites et de la violence qui y règne en maître.

Son scénario s’avère particulièrement rythmé par les deux récits alternés, l’un se déroulant à notre époque, l’autre durant la jeunesse de Samuel Santos, de son initiation à son départ du gang dans un bain de sang, alors que Deus emportait avec lui le nouveau-né de Samuel et d’Iliana qu’il venait d’abattre. Lorsqu’il apprend que Deus a été assassiné par son fils, Samuel comprend que c’est sans doute son propre enfant qui est accusé du meurtre… Il part pour assurer sa défense… Ce dernier refusant de lui parler, il n’hésite pas à graisser la patte au directeur de la prison pour être enfermé avec lui dans la cellule… De cette confrontation qui plongera ses racines dans le passé va sortir une vérité inattendue…

Graphiquement, Ennio Bufi, dessinateur du saisissant Clandestino (scénarisé par Richard Marazano) signe un album incroyablement dynamique. Rehaussé par une colorisation soignée, son trait acéré et ses cadrages percutants et très cinématographiques immergent le lecteur au cœur de ce récit intimiste et violent.

Nathalie Sergeef signe un scénario rythmé et entraînant qui prend le héros et le lecteur à contre-pied pour un récit qui nous immerge dans la vie violente d’un ancien mareros. Mais si histoire, solidement documentée, s’avère entraînante, force est de reconnaître que le dessin nerveux et percutant d’Ennio Bufi n’y est pas étranger… Le (trop court) cahier graphique qui referme l’album et la superbe couverture ne donnent un aperçu de son saisissant talent.

Vertigo est un polar entraînant, bien construit et superbement mis en image qui passionnera les amateurs du genre…