Le Projet Bleiberg fait partie de ces séries dont la seule lecture du pitch vous donne d’emblée l’envie de lire l’album… Et force est de reconnaître que la superbe couverture de l’album n’est pas faite pour refreiner nos ardeurs, loin s’en faut!
Jeremy Corbin se définit lui-même comme une ordure de trader qui bosse pour les fumiers de Wall Street… On le croit sur parole d’autant qu’il se comporte comme un parfait connard… Un soir de virée bien arrosée à bord de son bolide en compagnie de filles faciles, il fauche une poussette et tue une fillette de quatre mois… Depuis ce tragique accident, tout le dégoûte, à commencer par lui-même. Mais même lorsqu’on pense avoir touché le fond, on peut encore descendre…
Deux militaires en uniformes viennent lui rapporter les effets personnels de son paternel, mort en mission pour son pays… Il y a un quart de siècle, ce dernier avait déserté le domicile familial, abandonnant femme et enfant pour ne jamais redonner singe de vie… Quelques jours plus tard, c’est sa mère qui décède, juste après lui avoir remis un médaillon contenant un code bancaire et une clef ornée d’une croix gammée…
Désormais, la vie de Jeremy Corbin ne sera plus jamais comme avant. Il va se retrouver lié à une sombre machination qui prend racine en 1924 alors que le Consortium, une mystérieuse organisation vient dans la prison de Landsberg pour offrir à Adolf Hilter le aide pour accéder au pouvoir…
Serge Le Tendre signe une remarquable adaptation du roman éponyme de David S. Khara… Dès les premières pages, il ferre le lecteur en brossant le portrait d’un jeune gomme cynique, antipathique et dépressif, avant de brouiller les pistes et de le plonger dans une intrigue qui le dépasse et qui va faire remonter à la surface une humanité pourtant bien enfouie, le rendant presque attachant…
L’improbable trio formé par Jacqueline Walls, alias Jacky et Eytan Morg fonctionne particulièrement bien et les répartis cinglante de chacun impulsent au récit un rythme particulièrement savoureux… Si l’histoire semble pour l’heure graviter autour de Jeremy Corbin, on comprend que Jacqueline Walls et surtout Eytan Morg, dont l’incroyable passé nous est peu à peu dévoilé, y joueront un rôle de premier plan…
L’intrigue concoctée par David S. Khara et remarquablement adaptée par Serge Le Tendre est en tous points passionnante. Basée sur une solide documentation historique et une narration impeccable, le récit joli est savamment orchestré, distillant par petites touches de nombreux éléments par le truchement de flashbacks rondement menés mettant en scène de sinistres personnages historiques, tel Hitler ou Himmler… Peu à peu un puzzle saisissant et glaçant se recompose devant le lecteur qui, à la suite de Corbin, découvre médusé cette vaste conspiration…
C’est avec un talent saisissant que Frédéric Peynet met en image la partition de son complice scénariste. Découpée avec précision, rehaussé par une mise en couleur subtile et un encrage aussi dynamique qu’élégant, chacune de ses planches est un régal pour les yeux. D’inspirations cinématographique, ses cadrages apportent le dynamisme indispensable à ce genre de récit… Mais l’auteur n’excelle pas que dans les scènes d’action et dépeint avec le même talent des scènes plus intimistes, parvenant en une case à faire passer une émotion d’une rare justesse avec une facilité déconcertante…
Après Les Vestiges de l’Aube, Serge Le Tendre et Frédéric Peynet unissent une fois encore leur talents pour adapter ce petit bijou de David S.Khara… Prévu en trois tomes, il est fort difficile de ne pas par ces Fantômes du Passé.
Porté par un scénario à la fois dense, rythmé et parfaitement maîtrisé digne des meilleures séries TV, servi par un dessin tout juste somptueux, ce Projet Bleiberg s’impose d’emblée comme l’une des séries les plus enthousiasmante en ce début d’année 2017… Amateurs de polars historiques bien ficelés, ne passez pas à côté de ce petit chef d’œuvre!