Cory Levine et Ian Bertram nous entraînent au cœur des années 1850 dans les ruelles d’un New-York gangrénée par la guerre des gangs…

New-York, Five Point, 1855. Fuyant la misère, les migrants affluent aux pays des liberté.

Bill McGovern, leader syndical, incite les ouvriers à faire grève… C’est avec leur sang et leur sueur qu’ils bâtissent l’avenir du pays et ils ne peuvent abandonner à la rapacité des capitalistes le fruit de leur dur labeur… Mais les vautours ne l’entendent pas de cette oreille… Roderick Pastor, le pire d’entre eux, va envoyer le charismatique Welsh, son homme de main, faire le sale boulot et saper l’autorité de McGovern…

Accusé d’un crime commis pour discréditer le syndicat, McGovern est arrêté et, devant une justice aux ordres, sera sans doute exécuté… Nikolaus, son fils, s’en va trouver de l’aide auprès de la communauté juive qui lui est redevable pour tenter de faire sortir son père de prison.

La tension entre communauté et classe sociale est à son comble et Five Point est sur le point de s’embraser…

Dans un Five Points, quartier pauvre et insalubre gangréné par la corruption et écartelé entre les différentes communautés, chacun des principaux protagonistes joue sa propre partition, s’efforçant de défendre ses intérêts ou ses idéaux… Dans cette ambiance de guerre civile, les ennemis d’hier peuvent devenir les alliés de demain et alors que les pères s’entredéchirent, l’espoir pourrait reposer sur leurs enfants…

Dans ce contexte social tendu évoquant l’ambiance du Gangs of New York de Martin Scorsese, Cory Levine tisse un récit neveux et alambiqué mettant en scène des personnages en clair-obscur. La période où il se déroule s’inscrit d’ailleurs dans l’ellipse séparant l’affrontement sanglant entre natifs et irlandais (1846) qui ouvre le film de Scorsese de l’histoire du film proprement dite (1862), ce qui n’est sans doute pas dû au hasard…

Le dessin rugueux de Ian Bertram ne plaira clairement pas à tout le monde. Mais il s’en dégage indéniablement une énergie impressionnante et une certaine élégance lorsqu’il s’agit de mettre en scène le personnage de Welsh, talentueux et inquiétant orateur qui parait un temps servir les intérêts du sinistre Pastor alors qu’il ne sert que les siens… Malgré des décors parfois minimalistes, Ian Bertram parvient à retranscrire l’ambiance de Five points et il n’y a guère que la façon dont il dessine les nœuds papillon qui pose question

Bowery Boys est un récit âpre et violent complexe et alambiqué se déroulant dans un Five Points en proie à la violence et au racisme qu’un rien va suffire à embraser les communautés…

Entre mensonges, violence, trahison, corruption et alliances de circonstance, le récit concocté par Cory Levine et mis en image par le trait rugueux et dynamique de Ian Bertram met en lumière la face obscure de l’histoire des Etats-Unis d’Amérique à travers le destin d’une poignée de personnages dont pas un ne sortira indemne…