Mark Waid et Paul Azaceta signent avec le Jardin des Souvenirs un polar sombre et atypique mettant en scène un enquêteur intrigant…

Personne ne connaît l’identité de John Doe, un enquêteur qui s’est donné pour mission de redonner un nom aux victimes anonymes enterrées sur une île au large de Long Island, dans le Jardins des Souvenirs, sous une plaque portant juste un numéro…

Faisant appel à un réseau d’agents connu de lui seul, il mène ses investigations en eaux troubles, dérangeant les fantômes du passé pour mettre à jour des vérités enfouies…

Le scénario concocté par Mark Waid est construit autour du personnage de John Doe…. A l’instar des victimes qu’il cherche à arracher à l’anonymat, il reste un mystère tant pour ses relations de travail que pour le lecteur… Au fil de ses enquêtes, il s’est tissé un solide réseau de relations qui lui sont à un niveau ou un autre redevable et qu’il active au grès de ses besoins…
Une foule de petits détails viennent étoffer son désir d’anonymat, de son nom qui n’est autre que celui qu’on donne dans les dossiers aux cadavres non identifiés en passant par ses appels en numéro masqué, ses lunettes miroir et l’impossibilité pour un contact légiste de relever ses empreintes sur une bouteille qu’il a pourtant utilisé…

Le trait énergique et les cadrages dynamiques de Paul Azaceta servent remarquablement bien le scénario poisseux de Mark Waid alors que la colorisation impeccable de Nick Filardi souligne avec finesse les ambiances glauques et inquiétantes qui baignent le récit de la première à la dernière planche…

Explorant le polar harboiled avec un certain talent, Mark Waid a su créer un héros atypique et étrangement attachant alors même qu’on ne sait rien de lui ,sinon qu’il s’est donné cette étrange mission de redonner un nom aux victimes anonymes enterrés dans le Jardin des Souvenirs au large de Long Island.

L’ambiance résolument noire du récit est subtilement rendue par le remarquable travail du dessinateur d’Outcast joliment mis en valeur par une colorisation sombre et soignée…

La lecture de l’album ravira indéniablement amateurs de polars… mais les laissera quelque peu sur leur faim, tournant et retournant l’album dans l’espoir d’y voir figurer un numéro 1… Car on sent qu’il y a matière à de nouvelles enquêtes qui, soyons fous, nous en apprendraient un peu plus sur cet énigmatique personnage et sur ses secrètes motivations…

(*) clin d’oeil au film de Martin Brest