Dark Museum est une nouvelle série-concept qui entraîne le lecteur dans les coulisses d’une œuvre d’art. American Gothic, célèbre tableau de Grant Wood, ouvre ce bal macabre… Sur cette toile mainte fois parodié, on voit un austère et paisible fermier et sa fille… Paisible? Rien n’est moins sûr… A y regarder de plus près, ne cachent-ils pas un sombre et inavouable secret?
Iowa, 1930. La crise fait des ravages parmi les classes laborieuses… Alors que la famine menace et que la sécheresse sévit, l’installation d’un cirque dans la commune va échauffer les esprits déclencher la colère des administrés contre les autorités…
Après avoir vendu leur tracteur pour une bouchée de pain, Lazarus Henkel et sa fille Epiphany s’en retournent au chevet de Caleb qui se meurt, affaiblit par la malnutrition et rongé par la fièvre… Leur maigre pactole dépensé pour payer leurs arriérés d’honoraires au médecin, les Henkel se retrouvent sans le sous…
Piètre chasseur, Lazarus est désespéré de ne pouvoir subvenir aux besoins de sa famille… Mais un soir, une voiture heurté violemment un poteau devant la ferme et s’embrase… Alors que Lazarus se précipite pour extraire le conducteur sans vie du véhicule en flamme, l’odeur du corps calciné fait naître dans son esprit désespéré une macabre lueur d’espoir…
Alcante, Gihef et Stéphane Perger ont décidé de montrer l’envers de l’austère American Gothic de Grant Wood, nous livrant un récit fantasmagorique délicieusement horrifique… Car si les deux visages peint sur la toile sont connus de tout un chacun, que sait-on de leur vie qu’on imagine rigoriste et puritaine?
La première partie de l’histoire dépeint de façon saisissante une Amérique engluée dans la Grande Dépression. En mettant en scène la foire agricole d’Eldon, les auteurs posent avec subtilité et efficacité le décor de l’histoire, montrant la misère qui frappe durement les campagnes, nous permettant de mieux comprendre la tragique situation dans laquelle se trouve la famille Henkel… Au pied du mur, un honnête père de famille peut être prêt à tout, même au pire, pour sauver les siens…
Stéphane Perger signe une fois encore un album superbe qui marquera durablement le lecteur… Il se dégage de ses planches une force peu commune et son découpage et ses cadrages percutants s’avèrent être d’une redoutable efficacité, offrant au lecteur des visuels époustouflants… Le dessinateur met en image de façon subtile le désespoir de Lazarus et la scène où l’idée diabolique va germer dans son esprit s’avère incroyablement expressive et par la même glaçante, malgré les flammes qui projettent des ombres inquiétantes… Sa mise en couleur est comme de coutume magistrale et l’artiste semble s’en être donné à cœur joie pour mettre en images les séquences horrifiques, rehaussées d’un rouge sang accompagnant l’action, telle une musique macabre…
Superbement composée, la couverture attire d’emblée le regard, excitant nos pulsions malsaines et notre désir inavouable de savoir ce qui se cache derrière ce tableau…
Ce premier tome invite le lecteur à entrer dans le Dark Museum et à découvrir les coulisses fantasmées et horrifiques du célèbre American Gothic de Grant Wood… Une chose est sûre, une fois cet album refermé, vous ne regarderez jamais plus ce tableau comme avant…
Stéphane Perger met en scène avec une glaçante efficacité le scénario malsain et sanglant à souhait concocté par Gihef et Alcante… Cet album amoral et macabre est une délicieuse mise en bouche pour cette nouvelle série-concept qui vous fera redouter votre prochaine visite au musée…