Bruno Cathala, Jérémie Fleury, Days of Wonder… Trois excellentes raisons de s’intéresser à
Yamataï et de s’aventurer dans cet archipel légendaire…
Dans ce jeu, les joueurs vont rivaliser d’audace et d’inventivité pour faire de la capitale de Yamataï la perle du Royaume et devenir le Maître Bâtisseur de la reine Himiko.
Règles et matériel
Est-il besoin de dire que le matériel est tout juste somptueux?
Non mais c’est vrai quoi à la fin ? Vous n’avez pas vu que sur la boîte figurait le nom de « Jérémy Fleury »… Jérémy Fleury , le formidable dessinateur qui a signé les superbes illustrations du
Petit Chaperon Rouge, de
Fourberies ou d’
Oceanos…Et franchement, il suffit de regarder la boîte pour comprendre qu’il a une fois de plus fait un formidable travail… Ses illustrations colorées et travaillées posent les bases d’un univers raffiné, écartelé entre la Chine et le Japon…
Et comme l’éditeur n’est autre que Days of Wonder, forcément, le jeu est superbement édité! Les meeples sont incroyables, les bateaux évoquent de magnifiques jonques et les bâtiments de magnifiques pagodes… et que dire des incroyables Torii ou Palais?
On appréciera le travail iconographique permettant, passé la première partie, de connaitre les différentes capacités des Spécialistes ou effets des tuiles Flotte sans avoir à se référer aux règles… De grandes taille, les fiches aides de jeu allient élégance et concision, donnant aux joueurs un aperçu détaillé des différentes actions qu’ils doivent ou peuvent effectuer…
Bref, le jeu est somptueux et ravira les dépunchés compulsifs de par la profusion de matériel…
Un bémol toutefois au niveau des couleurs qui rendent le jeu difficile d’accès à certains joueurs daltoniens… Les symboles utilisés pour les jetons Culture permettent à tous de s’y retrouver et le choix des couleurs des meeples et bâtiments neutres semblent particulièrement pertinentes… mais les couleurs de certains bateaux (y compris ceux figurant sur les tuiles Flotte) rendent le jeu peu lisible pour certaines formes de daltonisme… Des navires de formes subtilement différentes ou de jolis stickers auraient permis de palier à ce problème…
Passons à présent au livret de règles (8 pages)… Il pourra sembler un brin dense aux joueurs occasionnels mais, Days of Wonder oblige, il s’avère tout à la fois bien écrit et joliment maquetté… Les exemples illustrés lèvent toutes ambigüités et les différents mécanismes paraissent d’emblée très fluides, même si on se doute bien qu’ils masquent mille et une subtilités, Bruno Cathala oblige…
Contenu de la boîte : 1 plateau de jeu, 3 Torri et 4 Pa-lais, 34 bâtiments Standard, 6 meeples Ordre du Tour, 80 bâteaux en bois (22 Bamboo, 19 Bois, 16 Pierre, 13 Argile, 10 Or), 10 tuiles Flotte, 28 tuiles Bâtiments, 7 tuiles Montagne, 34 jetons Culture, 8 jetons Sanctuaire, 18 tuiles Spécialistes, 73 Pièces de Monnaie (de valeur 1, 2 et 10), 24 pions Prestige, 4 aides de jeu
Déroulement d’une partie
Mise en place
Bien que semblant quelque peu laborieuse lors de la première partie, en pratique, la mise en place s’avère rapide et fluide.
Deroulement
A son tour de jeu (donné par l’ordre des meeples sur le plateau, lui-même induit par la tuile Flotte sélectionnée au tour précédent), le joueur effectue dans l’ordre les 5 actions suivantes :
1Choisir une tuile Flotte parmi les tuiles disponibles. Le joueur prend alors le ou les bateaux indiqués sur la dite tuile et pourra, au cours de son tour, déclencher son pouvoir spécial.
2Commercer : acheter ou vendre un bateau
3Placer les bateaux sur le plateau puis Récolter ou Construire : le premier bateau devra être placé sur une case de départ libre ou à côté d’un bateau de même couleur. Le suivant pouvant être placé à la suite du bateau précédemment posé.
Le joueur peut récolter une ressource jouxtant chaque navire posé ou construire un bâtiment figurant sur une des tuiles Bâtiment disponibles sur une île vide entourée des bateaux figurant sur la carte.
4Mettre les bateaux inutilisés de côté : le port peut en contenir un, chaque paire de bateaux excédentaires donnera un malus de 1 en fin de partie.
5Recruter un spécialiste en dépensant soit deux jetons Culture identiques soit 3 différents (et récupérer les éventuels pièces s’y trouvant)…
A la fin de la manche, on ajoute deux pièces sur chaque Spécialiste encore présent et on complète à l’aide de nouvelles tuiles les réserves Spécialistes et Bâtiments. Chaque joueur place son meeple sur le numéro indiqué par la tuile Flotte choisie puis on fait glisser les tuiles Flotte vers la droite, dévoilant les 5 premières… Les tuiles utilisées sont mélangées et placées face cachée dans la zone ad hoc.
Fin de partie
La partie s’achève à la fin du tour où un joueur a construit son dernier bâtiment, s’il n’y a plus de bateaux d’une couleur donnée, si on ne peut compléter les Spécialistes ou Bâtiments…
On procède alors à un décompte :
+1 PP par tranche de 5 pièces
+1 par pion de Prestige
chaque tuile Bâtiment construit et chaque Spécialiste recruté rapporte le nombre de PP indiqué
-1 PP par bâtiment réservé et non construit
-1 par paire de bateaux mis de côté
Le joueur possédant le plus de Prestige devient le Maître Bâtisseur de Yamataï, pour la plus grande gloire d’Himiko.
l’Avis de la Rédaction
Si les
mécanismes de
Yamataï sont
relativement simples et s’assimilent rapidement, on se rend rapidement compte que le jeu possède
une indéniable profondeur, révélant ses multiples subtilités au fil des tours…
Avec des joueurs désireux d’
optimiser au mieux leur jeu, de calculer chacun de leurs coups et de peser les conséquences de chacune de leurs actions, bref, de jouer LE coup parfait, le jeu peut rapidement devenir un enfer grâce à la fameuse «analysis-paralysis» qui voit chacun passer de longues minutes à réfléchir aux mille et une possibilités qui leurs sont offertes…
D’autant que si
chaque coup joué
apporte d’appréciables
avantages au joueur, il
offre aussi de multiples possibilités à ses adversaires! Récolter, c’est offrir aux autres la possibilité de construire! Construire un Temple ou un Torri, c’est leur donner la possibilité d’engranger quelques bonus substantiels. Poser un bateau, c’est leur permettre de se développer plus avant, fonction des tuiles Flotte disponibles…
Si
Yamataï est indéniablement un jeu doté d’une appréciable profondeur, c’est aussi (et surtout!)
un jeu d’opportuniste… A chaque tour de jeu, il faut saisir les opportunités qui nous sont offertes. Car il est difficile de planifier par avance ses actions et d’échafauder une stratégie durant les tours de ses adversaires: la configuration tuiles disponibles ou du plateau étant par essence changeante (pose de bateaux qui appartiennent à tous, construction de Bâtiment, récoltes de jetons Culture, achat de Spécialiste…), le choix d’un adversaire venant souvent ruiner la stratégie esquissée!
D’ailleurs
Yamataï n’est pas un jeu pour stratège hors pair mais pour
tacticien à même de
s’adapter rapidement
à la configuration changeante du plateau, de choisir le coup lucratif qui n’offrira pas (trop) d’opportunités aux adversaires!
Le jeu se bonifie clairement avec le temps. Une fois apprivoisé les différentes tuiles Flotte, connues et maîtrisées les subtiles capacités des Spécialistes, assimilés les différents bonus de constructions, le joueur pourra s’attaquer avec délice à la
maîtrise du machiavélique ordre du tour qui peut conditionner bien des choix de Flotte (diabolique artifice qui peut permettre de jouer deux fois de suite!), et s’efforcer de
réduire les possibilités offertes aux adversaire en jouant tel ou tel coup…
Le petit aménagement des règles à deux joueurs s’avèrent parfaitement indolores : chacun possède deux meeples et fera donc à chaque manche, deux choix, souvent liés les uns aux autres avec un soupçon d’audace et d’imagination!
Superbement édité et porté par les somptueuses illustrations de Jérémie Fleury, Yamataï est indéniablement un jeu magnifique qui donne d’emblée l’envie de se lancer dans l’aventure.
Le chevronné Bruno Cathala s’est associé au jeune Marc Paquien pour créer un jeu doté de règles simples dont les subtilités se dévoilent au fil des tours et des parties. Le joueur qui deviendra Maître Bâtisseur sera celui qui aura su le mieux s’adapter aux configurations changeantes du plateau et aura su en tirer avantage sans trop favoriser ses adversaires…
Si Bruno Cathala fait partie de ces auteurs dont on suit de près les créations, il y a fort à parier que Marc Paquien fasse prochainement reparler de lui au vu des qualités ludiques de ce jeu inventé à quatre mains et deux cerveaux…
On aime...
le matériel tout juste somptueux
les règles extrêmement fluides
la profondeur du jeu
le savant dosage de tactique et d’opportunisme
la richesse des interactions
On n'aime pas...
avec des aficionados de l’optimisation, un tour peut durer trrrrrèssss longtemps…
pas tout à fait daltonien-friendly