Après les
Souvenirs d’Enfance,
Merlusse,
Topaze et
Jazz, Serge Scotto et Eric Stoffel s’emparent du
Schpountz, film réalisé en 1938 par Marcel Pagnol lui-même et dont le rôle-titre était tenu par l’immense Fernandel…
Elevé par son oncle suite au décès de son père, Irénée n’est pas très enthousiaste à l’idée de travailler dans l’épicerie familiale… Persuadé d’avoir un don, il rêve de devenir vedette de cinéma... Il pense que la providence vient frapper à sa porte lorsqu’une équipe de cinéma vient faire des repérages dans la région… Il se propose de leur servir de guide…
Bien vite ils décèlent en lui le parfait schpountz : une personne persuadée de son talent qui peut être tourné en ridicule sans même s’en rendre compte… La petite bande va lui jouer un tour pendable et lui faire signer un contrat aussi mirobolant que sans queue ni tête… Son contrat en poche, le voilà parti pour Paris, persuadé d’y devenir une star avant de revenir, riche à million, chez son oncle et l’éblouir par sa réussite mirifique…
La désillusion sera à la mesure de ses rêves… Mais au cinéma, rien n’est impossible…
Le Schpountz est sans nul doute le film qui m’a fait aimer et Fernandel et Pagnol… Avec un humour féroce et une infinie tendresse, le romancier-cinéaste égratignait gentiment le milieu du cinéma. Porté par des acteurs incroyables et des dialogues pour le moins truculents, le film était aussi un vibrant hommage au vrai cinéma populaire…
Profondément touchant, le personnage du Schpountz s’avère encore et toujours irrésistible, avec sa crédulité confondante et sa naïveté désarmante… Et le fait est que Serge Scotto et Eric Stoffel signent une remarquable adaptation de l’œuvre de Marcel Pagnol où l’on retrouve toute la truculence du verbe et le comique de situation… Difficile à chaque réplique de ne pas avoir dans l’oreille la mélodie du parler méridional qui accompagne, au même titre que les musique de Vincent Scotto (dont le co-scénariste est le petit cousin!), chaque film de Pagnol…
Pour les amateurs du film, il est une scène dont on pouvait légitimement se demander comment les auteurs, et surtout le dessinateur, parviendrait à la mettre en images… Car si
Cyrano a sa tirade su nez,
le Schpountz a sa tirade du code civil… Ce fameux « tout condamné à mort aura la tête tranchée » servie avec brio par Fernandel et son jeu d’acteur irrésistible… Absolument mémorable, elle est devenue l’une des scène culte du Pagnol Cinéaste… La retranscrire en bande-dessinée était indubitablement un pari fou dont les auteurs et Efix se sortent haut la main en adoptant un style décalé et résolument cartoonesque. Du grand art…
Avec son trait délicieusement caricatural, Efix signe un album parfaitement maîtrisé qui souligne à merveille le comique des situations née sous la plume de Pagnol. Formidablement expressif, ses personnages portent joliment les dialogues ciselés, tel celui de la scène d’introduction, réglé comme du papier à musique où Irénée et son oncle s’affronte dans une joute verbale mémorable…
Ce Schpountz est une remarquable adaptation de l’œuvre de Marcel Pagnol. Près de quatre-vingt années après sa sortie, le scénario n’a rien perdu de sa fraîcheur et son humour irrésistible n’a pas pris une ride…
Délicieusement caricatural, le trait souple et expressif d’Efix fait merveille pour mettre en scène les personnages si bien interprétés à l’écran par Fernandel, Orane Demazis ou Fernand Charpin…
Adapter Pagnol en BD parait presque comme une évidence au vu de la qualité des différents albums jusque-là publiés dans cette sélection… Gageons qu’elle sera pour les plus jeunes l’occasion de découvrir l’œuvre de cet écrivain, cinéaste et dramaturge incontournable… Difficile après avoir refermé l’album de ne pas être pris du désir de (re)voir ce petit bijou du cinéma d’avant-guerre! C’est dire si elle est réussie!
Oh que non ! Bon à rien, ce serait encore trop dire. Tu n'es pas bon à rien, tu es mauvais à tout. Je ne sais pas si tu me saisis, mais moi, je me comprends.