Avec Faucheurs de Vent, le scénariste du glaçant Skraeling et du troublant Promise nous entraîne au cœur de la première Guerre Mondiale pour un récit romanesque et entraînant dont la partie graphique est assurée par le talentueux Cédric Fernandez, féru d’aviation…

1917, sur le front. Défiguré dans des circonstances encore mystérieuses, Alexandre Marais cache son visage derrière un masque inquiétant… Meurtri dans sa chair et dans son âme, le vol est sa seule raison d’exister et il fait figure de légende auprès de ses collègues de l’Escadrille des Faucheurs de Vent.

Louis Lafitte, l’un de ses fervents admirateurs, est affecté à l’escadrille. Véritable tête brûlée, il abîme l’avion de lieutenant Marais au cours d’une escarmouche aérienne. Imbu de lui-même et sûr de son talent, il ne va pas tarder à s’attirer l’inimité des autres pilotes de l’escadrille et de Marais en particulier. Mais malgré ses frasques, le capitaine refuse de l’exclure de l’escadrille ou de le clouer au sol…

La France a besoin de héros téméraires, de héros qu’on puisse admirer… Et si Les Faucheurs de Vent sont d’excellent aviateurs, ils manquent cruellement de charisme… Le capitaine compte sur Lafitte pour redorer leur blason…

Avant même le 5 octobre 1914, date du premier combat aérien, l’aviation avait démontré son intérêt stratégique. De part et d’autre de la ligne de front on voit se développer les escadrilles et des pilotes téméraires qui, tels Manfred Freiherr von Richthofen, René Fonck ou William Bishop, inscrivirent leur nom dans l’histoire de l’aviation militaire…

Porté par des personnages charismatiques et hauts en couleur doté d’un passé et d’une personnalité forte, le scénario concocté par Thierry Lamy s’avère particulièrement entraînant. Cabossé par la vie, le lieutenant Marais s’engage corps et âme dans cette guerre, persuadé que sa gueule cassée le prive à jamais d’une vie normale. Prêt à tout pour faire ses preuves et se faire accepter, Louis Lafitte incarne tout ce qu’il n’est plus et cela ne va pas sans causer une certaine tension au sein des Faucheurs de Vents… L’arrivée de Niklaus Stipetic, l’un des plus éminents aigles allemands dans leur secteur va attiser leur rivalité et on ne sait pour l’heure que penser de cette troublante demoiselle Bretton mais l’on ne peut que partager les sombres présentiments du capitaine…

Graphiquement, Cédric Fernandez qui s’était déjà brillamment illustré un élégant diptyque consacré à Saint-Exupéry et dans le touchant Rêve de Gosse (tous deux scénarisés par Pierre-Roland Saint-Dizier et mis en couleurs par Franck Perrot) signe des planches élégantes. Il met en scène avec virtuosité les combats aériens qui émaillent le récit et reconstitue avec une redoutable efficacité le quotidien des hommes de l’escadrille au sein de laquelle officient Marais et Lafitte…

Amorçant un récit éminemment romanesque, ce premier tome des Faucheurs de Vent ne manquent de charmes et d’atours…

Il y a tout d’abord le formidable dessin de Cédric Fernandez qui, rehaussé par les élégantes couleurs de Franck Perrot, immerge le lecteur au cœur de la première guerre mondiale, retranscrivant avec une redoutable efficacité la fureur des premiers combats aériens.
Il y a ensuite ces personnages denses et hauts en couleur dont la personnalité constitue l’ossature du scénario entraînant concocté par Thierry Lamy.
Et pour finir la couverture de ce premier tome, aussi attirante qu’élégante…

Une série qui n’en doutons pas ravira les passionnés d’aviation…