Éric Corbeyran et Ugo Pinson poursuivent leur formidable série à la croisée de l’Histoire et du mythe qui prend racine dans les Âges Sombres, terreau de la légende arthurienne…

L’aube qui se lève sur Stonehenge, révélant le corps sans vie de guerriers qui ont été massacrés par les carnonaces… Sans doute ont-ils emporté la pierre de Fal, un puissant et antique artefact à même de mener à l’épée de Nuada, seule capable d’unir le peuple breton…

Tout laisse à penser que le chemin menant à l’épée mythique se trouverait dans le savoir morcelé des tablettes d’If… Pour Glen, les seigneurs bretons doivent s’allier et mettre leur savoir en commun pour en percer le secret… Mais la jeune et belle Erin propose de s’adresser directement à Moridunon, l’auteur des tablettes… Mais ce dernier a perdu la mémoire et seule Morrigan semble être à même de le sortir de sa torpeur…

Commence alors pour Erin une dangereuse quête alors que les préparatifs du mariage entre Vortigern et Rowena, fille de Hengist, chef saxon battent leur plein…

Difficile de ne pas être envoûté par l’incroyable dessin d’Ugo Pinson dont la magie opère dès la couverture, comme de coutume de toute beauté… Ses planches sont quant à elles tout juste somptueuses et chaque case est un petit tableau superbement composé. Le genre de planches puissantes et foisonnantes de détails dont on aimerait pouvoir contempler les originaux tant on est sous le charme par son travail, sa lumière soignée et sa mise en couleur somptueuse… Et le talent de l’artiste est tel qu’il ne sacrifie jamais l’histoire au dessin et sa narration graphique s’avère on ne peut plus fluide…

Mais si le dessin happe d’emblée le regard, on ne peut qu’être conquis par le scénario d’Éric Corbeyran qui s’abreuve aux légendes celtiques pour tisser un récit saisissant, mêlant personnages historiques, semi-historiques et figures mythiques. Ce faisant, il esquisse un prequel de saisissant la geste arthurienne en invitant les figures de Merlin/Moridunon et de Morgane/Morrigane…

Mais il retranscrit de façon saisissante les luttes de pouvoir entre Rome, les rois bretons et les saxons… Alors que Vortigern semble être au fait de son pouvoir, dans son ombre grandit l’influence de Vortimer, son fils aîné, qui voit d’un mauvais œil l’influence qu’exerce Hengist, au détriment des nobles bretons…

Avec Vortimer, Éric Corbeyran nous livre un second tome passionnant et envoûtant superbement mis en images par l’incroyable Ugo Pinson dont on ne peut qu’admirer le travail… On y retrouve ce qui fait la force et le charme du Trône de Fer de George R. R. Martin : un récit sombre où chacun manigance dans l’ombre et où tout n’est que lutte d’influence et de pouvoir.

On découvre dans ce tome l’inquiétante et puissante Morrigan, appelée à jouer un rôle déterminant dans le troisième et dernier tome de la série, alors que Vortimer s’apprête à trahir Rome et son père pour s’emparer, pour un temps au moins, de la couronne de Haut-Roi…

Rendez-vous (dans deux ans?) pour la conclusion de cette formidable saga, à la croisée de l’histoire et de la légende…