Le Pierrot le fou dont il est question ici n’a rien à voir avec celui de Godard (encore que le titre de son film lui ait sans doute été inspiré par lui et le personnage lunaire de Commedia dell’arte) ni même avec Pierre Bodein mais s’intéresse à Pierre Loutrel qui fut le chef du fameux Gang des Tractions Avant…

Novembre 46. Deux infirmiers se présentent à l’accueil de la clinique Diderot pour prendre livraison d’un des pensionnaires… L’extraction a réussi mais le blessé décède avant d’arriver chez leur complice… Ainsi s’achève la vie de celui qui fut le premier à être taxé d’ennemi public n°1.

De son engagement dans la marine marchande à ses classes dans les régiments disciplinaire, de sa rencontre avec Jo Attia à ses premiers coups de poings et coup de sang, de son action au sein de la Gestapo à la Résistance, la série nous raconte l’histoire de celui qui allait diriger et orchestré les braquages violents et audacieux du Gang des Traction Avant…

Dans cette nouvelle série, le prolifique Rodolphe se propose d’adapter son roman, La légende de Pierrot le fou. Solidement documenté, son histoire s’avère particulièrement prenante de par sa construction narrative faite de flashbacks et de flashforwards. Cela confèrent à l’ensemble un rythme bien particulier, esquissant par petites touches, façon impressionniste, le portrait de ce malfrat violent et opportuniste qui a su agréger autour de lui résistants et déportés alors qu’il fut lui-même un collabo patenté travaillant pour la Gestapo française (la tristement célèbre Carlingue).

L’histoire est parfaitement maîtrisée et Rodolphe signe des dialogues soignés qui immergent le lecteur dans les milieux interlopes de la pègre d’après-guerre.


Révélé par Lance Crow Dog, Gaël Séjourné a aussi signé, entre autre, les dessins de L’Appel des Origines ou de Tatanka… Et force est de reconnaître qu’il maîtrise une fois encore son sujet. Rehaussé par les couleurs signées de Jean Verney, son complice de toujours, son trait élégant immerge littéralement le lecteur dans la France l’après-guerre alors que ses cadrages cinématographiques lorgnent clairement du côté des films noirs des années 50.


En adaptant son propre roman, Rodolphe immerge le lecteur dans la France d’après-guerre, nous entraînant à la suite de Pierrot le Fou, chef du gang des Tractions Avant qui alignèrent les casses audacieux et violent et défrayèrent les chroniques de l’époque.

Porté par une narration nerveuse et dynamique et le dessin soigné de Gaël Séjourné, ce premier tome s’avère particulièrement convaincant, esquissant le portrait de ce gangster opportuniste qui n’hésite pas à tuer, par besoin ou par plaisir…

Piquer le pognon de ces pédés de ricains, ça m’amuse encore plus…Pierrot le Fou