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L'île aux Remords
L'île aux Remords



Fiche descriptive

Roman Graphique

Didier Quella-Guyot

Sebastien Morice

Sebastien Morice

Bamboo

Grand Angle

04 Octobre 2017


18€90

9782818942901

Chronique

Un fils revient au pays après 25 ans sans avoir donné la moindre nouvelle à ses parents qu’il a quittés brutalement pour entrer dans l’armée.

Viré d’Indochine par le Vietminh, il a fini par s’installer près de « chez lui », sans pour autant renouer vraiment avec son père, veuf, qui vit encore dans ses collines des Cévennes.

C’est à la faveur des terribles inondations de 1958 qu’ils vont se reparler, remonter le temps, refaire l’histoire, leur histoire.
un excellent album!


Des racines et des feuillages
L'île aux Remords, planche de l'album © Bamboo / Morice / Quella-GuyotAprès Le Café des Colonies (adapté de la nouvelle de Guy de Maupassant), Papeete 1914 et le Facteur pour femmes, Didier Quella-Guyot s’associe une nouvelle fois avec Sebastien Morice pour un récit humaniste et intimiste particulièrement poignant…

Jean Poujol est revenu vivre sur les terres de son enfance, 25 ans après les avoir quitté brutalement pour s’engager dans l’armée. 25 ans durant lesquels il n’a donné aucunes nouvelles à ses parents… Entre temps, sa mère est morte et il n’a pas cherché à renouer avec son père qui vit seul dans ses collines…

Septembre 1958. Des trombes d’eau s’abattent sur les Cévennes, entraînant des crues sans précédents… Jean saute dans sa Panhard et s’aventure sur les routes transformées en torrents pour porter assistance à son père… Il parvient non sans mal à le rejoindre et trouve le vieil homme pas inquiet pour un sous, isolé sur sa colline transformée en île…

Coupé du reste du monde, ils vont s’ouvrir l’un à l’autre et faire le point sur une histoire familiale complexe… Alors que Jean racontera à son père son travail de médecin au cœur du bagne de Cayenne puis de Poulo Condor, ce dernier, paysan humaniste, lui révélera certains secrets, bouleversant les certitudes de son fils…


Un récit intimise et plein d’humanité…
L'île aux Remords, planche de l'album © Bamboo / Morice / Quella-Guyot Avant même de se plonger dans la lecture de cette album bouleversant, c’est la couverture qui attire le regard et capte l’attention du lecteur. Elle évoque par avance les souvenirs et les secrets qui s’apprêtent à resurgir, à l’occasion des inondations de 1958…

Didier Quella-Guyot signe un huis clos intimiste, un tête-à-tête entre un père et son fils qui s’est éloigné de lui pour fuir un passé qui n’était pas vraiment le sien… Tout semble les opposer. Le fils justifie la colonisation et l’existence du bagne; le père, communiste et ancien F.T.P. les condamne et comprend l’action du Vietminh… L’un est terrien et chaleureux, l’autre semble d’une froideur glaçante… Mais le père et le fils, tous deux sont rongés par les remords, sont plus proches qu’ils ne le croient…

Le travail réalisé par Sébastien Morice est une fois de plus particulièrement captivant… Son trait sensible et délicat fait une fois de plus merveille… Mais c’est surtout sa mise en couleur lumineuse qui sublime ses planches. Avec un talent confondant, il nous montre à voir ces tragiques inondations, la douceur du soleil qui perce les nuages ou la chaleur moite de Poulo Condor… Ses pinceaux parviennent à capter la luminosité des différents moments de la journée et sait faire naître l’émotion avec une facilité désarmante.
L'île aux Remords, planche de l'album © Bamboo / Morice / Quella-Guyot
Didier Quella-Guyot et Sebastien Morice s’associent une nouvelle fois pour signer un récit intimise mêlant avec finesse éléments historique et fictionnel…

Superbement mis en image par le trait sensible et délicat de Sébastien Morice, le scénario de Didier Quella-Guyot esquisse le portrait touchant d’un père et d’un fils prodigue qui vont, à l’occasion des crues de 1958, se livrer l’un à l’autre et apprendre à se connaître, au-delà de leurs différences…

A travers leurs échanges, parfois vif, l’Île aux Remords nous interroge tant sur la parentalité que sur la nécessaire prise de conscience de notre appartenance à l’humanité, qui rend caduc tout racisme et toute discrimination… Une belle leçon de vie qui s’achève sur une note lumineuse et résolument optimiste…


Je viens de comprendre que j’ai passé ma vie à lutter contre mes racines…Jean Poujol

L'île aux Remords, case de l'album © Bamboo / Morice / Quella-Guyot
Le Korrigan




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