Wilfrid Lupano et Belom poursuivent leur récit loufoque et déjanté qui a posé les bases de la rural-fantasy, un nouveau genre littéraire promis à un bel avenir… ou pas… Mais le fait est que cette série truculente s’avère particulièrement entraînante bien que totalement improbable…
Le valeureux Pistolin et Myrtille, sa fidèle cornebique, poursuivent leur quête vengeresse contre les mages dont les guerres incessantes causent bien des malheurs parmi la populace…
Les voilà arrivés aux abords de la sublime Saint-Azur-en-Lagune où Pistolin compte demander aux sirènes de lui remonter Durambar, la mythique épée du Traquemage, pour qu’il puisse trucider joyeusement Kobéron l’Etincelant qui habite dont le palais surplombe la cité lacustre…
Mais, alors qu’il vient de manger son dernier Pécadou, symbole de sa lutte contre les mages, il croise la route d’un homme coiffé d’un crâne de cervidé poursuivit par une bande de joyeux drilles désireux de balancer l’infâme enchianteur (car c’est est un) dans le Gouffre du Diable… Par un malheureux concours de circonstance, notre héros va se l’accompagner dans cette chute vertigineuse… Et ça ne sera que le début des emmerdes pour le brave Pistolin…
Fichtre que l’attente fut longue! Voilà un peu plus de deux ans que sortait le premier tome de cette série jubilatoire et déjantée qui nous conte les folles aventures d’un héros ordinaire. On ignore à quoi carburait la chèvre qui a donné le lait avec lequel on a fait le pélardon qui a inspiré cette improbable série à Wilfrid Lupano… Mais indéniablement, c’était de la bonne…
Car l’auteur a lâché la bribe à son imagination ô combien fertile avec ce second tome qui revisite avec délices les codes de l’heroic-fantasy… Absolument irrésistibles, son scénario loufoque et décalé cultive le non-sens et certaines scènes, telle celle où Merdin l’Enchianteur court dans la forêt une sirène dans les bras, fera mal aux côtes à plus d’un lecteur. Ses dialogues sont truculents à souhaits d’autant qu’ils sont servis par une galerie de personnages pittoresques et joyeusement barrés : ce sorcier qui enchiante l’existence de ceux qui ont le malheur de croiser sa route, les empêcheurs d’enchianter en rond bien décidés à s’en débarrasser, Kobéron l’Etincelant, inquiétant gourmet et tyran patenté, sans oublier la brave Myrtille la cornebique qui développe un étrange instinct de chasseur et qui vaut à elle seule son pesant de pécadous…
Une série aussi joyeusement barrée que celle-ci ne pouvait fonctionner qu’avec un dessinateur en phase avec le scénariste… Relom est de cette trempe-là! Son trait souple et protéiforme est un délice… Si son dessin peut se faire élégant pour croquer une belle et sensuelle sirène, il excelle dans les trognes improbables et cartoonesques
lorsqu’il met en scène les habitants de Saint-Azur-en-Lagune et truffe ses planches et ses cases de détails croquignolesques…
L’attente fut certes longue mais, que voulez-vous ma brave dame, les pécadous sont bien meilleurs après de longs mois d’affinage!
Les amateurs du premier opus ne seront pas déçus par la suite de cette irrésistible et champêtre série de rural-fantasy signée par Wilfrid Lupano… On retrouve dans ce Chant vaseux de la Sirène tout ce qui faisait le charme du premier tome: un scénario loufoque et déjanté, des situations cocasses et hautement improbables, une galerie de personnages décalés et joyeusement barrés, des dialogues irrésistibles et un dessin cartoonesque parfaitement en phase avec les délires du scénariste…
Bref, un album à lire sans modérations, même si le pécadou a tendance à faire mal aux côtes… Il y a du Monthy Python Spirit dans ces pécadous là…
Regarde bien ce pécadou Myrtille et n’oublie jamais! C’est pour ça que nous luttons, que nous endurons mille maux. Et même s’il ne se vend pas plus de trois sous cinquante au marché du pécadou, c’est le symbole de notre lutte. Au-delà de lui, c’est une vision du monde, un mode de vie…Pistolin