Hubert Prolongeau, Arnaud Delalande et Éric Liberge nous entraînent dans la jeunesse tumultueuse de Iossif Djougachvili qui marquera le XXe siècle de son empreinte sanglante sous le nom de Staline…
Moscou, 1931. Staline continue de raconter le récit de sa jeunesse au camarade Nikolaï, secrétaire du Kremlin… Ce dernier prend fébrilement des notes mais se rend bien compte, au fil des confidences et des menaces à peine voilées du maître de la Russie que sa vie ne tient qu’à un fil… très ténu…
Staline ne pourra pas laisser le « petit peintre » vivant après ce qu’il vient de lui dévoiler sur les actions peu recommandables qu’il a accompli au nom de la révolution et pour gravir les marches du pouvoir…
Si tout le monde connaît Staline, l’un des monstres les plus inquiétants engendrés par le XXe siècle, peu connaissent la jeunesse de ce brigand devenu révolutionnaire qui allait devenir l’homme fort de la Russie, une fois évincé tous ses adversaires… Ecrit à quatre mains, le récit concocté par Hubert Prolongeau et Arnaud Delalande s’avère aussi édifiant que passionnant.
S’appuyant sur une solide documentation, les scénaristes nous dressent le portrait d’un homme éminemment violent qui ne recule devant rien pour faire triompher ses idées. Mais la force de l’album réside dans ce portrait en miroir qui est fait de Staline à travers la peur qu’il inspire au jeune Nikolaï qui comprend au fil du récit qu’il ne sortira pas vivant de cet entretien…
Avec finesse, Hubert Prolongeau et Arnaud Delalande nous entraînent dans le tumulte des révolutions du début du siècle, annonciatrice de celle de 1917… Car, comme le montre fort intelligemment le récit, les opposants au tsarisme ne formaient alors pas un bloc monolithique et bolchéviques et menchevik se livrent une lutte sans merci pour le contrôle du parti…
Eric Liberge signe un album superbe qui nous entraîne au cœur de la Russie révolutionnaire. Son trait nerveux et expressif s’avère redoutablement efficace pour montrer la complexité du personnage qui use de la violence, physique comme psychologique, pour arriver à ses fins. Sa mise en couleur discrète mais éminemment subtile souligne à merveille les ambiances de chaque scène et la brutalité crue de certaines d’entre elles…
Il y a un siècle éclatait la Révolution Russe qui allait mettre à bas le tsarisme. Hubert Prolongeau et Arnaud Delalande nous replonge dans cette époque tumultueuse pour brosser le portrait sans concession de l’impulsif Koba, surnom que portait alors Iossif Djougachvili qui entrera dans l’histoire sous le nom de Staline…
Lorsqu’on lit cette série, on comprend pourquoi Staline a cherché à embellir et même à occulter le récit de ses jeunes années de révolutionnaire… Il faut dire que celui qui allait devenir l’un des monstres les plus effroyables engendrés par le XXe siècle est un personnage sombrement romanesque : renvoyé du séminaire, il se fit brigand, voleur et assassin avant d’embrasser les idéaux de la révolution, de croiser Lénine et de devenir l’homme fort du Kremlin. Jamais il n’hésita à se débarrasser de ses opposants ou adversaires et le jeune Staline avait déjà en lui la noirceur et l’ambition qui en feront le tyran que l’on sait…
Superbement mis en image par le talentueux Eric Liberge et basé sur une solide documentation, ce diptyque s’avère aussi édifiant que captivant…
Depuis ce temps, j’ai mûri une profonde conviction… L’homme russe qui ne connait pas la Sibérie n’est pas vraiement russe… Je vois à tes yeux que tu ne connais pas la Sibérie petit peintre... Je peux très facilement combler cette lacune… Qu’en dis-tu?Staline