Denis-Pierre Filippi et Marco Bianchini achèvent leur adaptation envoûtante du roman éponyme de Claude Daubercies se déroulant dans un moyen-âge obscurantiste…

Le monde s’apprête à basculer vers le second millénaire mais Séretta, Sylvain et Titènene ne connaîtront peut-être pas ce changement… Malgré l’aide de Turolde, le chat philosophe archiviste des hauts-faits de la bêtise humaine, leur destin s’annonce des plus sombres…

Car dans cette époque troublée où l’homme est écartelé entre l’ignorance crasse et la folie religieuse, une vie n’a aucune valeur aux yeux des hommes… Celles de trois orphelins pas plus qu’une autre… Et peut-être moins encore…

N’aspirent pourtant qu’à vivre en paix, ,os trois orphelins livrés à eux même qui poursuivent leur fuite en avant…

Quelle idée étrange mais néanmoins envoûtante que d’avoir fait d’un chat le narrateur d’un récit médiéval… Un chat certes peu ordinaire, observateur attentif de la folie des hommes… Mais il met son rôle d’observateur entre parenthèse pour tenter d’infléchir, pour un temps au moins, le destin de cette bande de gosses de laquelle il s’est entiché… Mais on comprends bien vite qu’il ne fait que repousser l’inéluctable…

En d’autres temps ou d’autres lieux, Sylvain, Séretta et Titène auraient sans doute pu être heureux… Mais les hommes en ont décidé autrement, préférant les désigner à la vindicte populaire plutôt que de les laisser vivre une vie simple et ordinaire loin du fracas du siècle. Mais tout les ramène inexorablement à Dom Martincus et leur dernière rencontre scellera leurs destins à tous…

Marco Bianchini s’avère particulièrement efficace pour mettre en scène ce récit de médieval-fantasy. Il faut dire que ce n’est pas la première fois que le dessinateur s’immerge dans cette époque puisqu’il a déjà signé l’excellent François sans Nom avec
Sylvain Runberg et Sylvain Ricard. Il reconstitue un moyen-âge crédible sinon réaliste et les couleurs d’Irène Häfliger accentuent avec finesse l’ambiance de chaque scène…

Denis-Pierre Filippi et Marco Bianchini signe avec 999, à l'aube de rien du tout un récit étrange et envoûtant qui nous est conté par un félin qui abandonne l’espace du récit son rôle d’archiviste pour tenter d’infléchir la destinée d’une bande de gamin dont l’un lui a sauvé la vie…En d’autres temps et en d’autres lieux, le jeune Sylvain aurait pu devenir un saint homme… Mais la folie furieuse des hommes aidant… Il n’en sera rien…

Ce récit iconoclaste adapté du roman de Claude Daubercies nous parle certes d’un lointain passé, d’un moyen-âge gangréné par l’obscurantisme… Mais il suffit d’allumer son poste de télé pour voir qu’en un peu plus d’un millénaire, rien n’a vraiment changé: la religion sert encore et toujours de prétexte à l’homme pour occire son prochain… Et le passage des millénaires n’y change rien…

Certains diraient que nous étions arrivés au bout du monde… Mais Titène découvrait le début du sien.Turolde, chat philosophe