Après l’incroyable Block 109 qui marquait leur entrée fracassante dans le neuvième art, et la saisissante première saison du Roy des Ribauds, Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat reviennent en force pour une nouvelle série historique à grand spectacle qui nous entraîne dans la Sicile du XIe siècle…

Sicile, 1040. Byzance a chargé Maniakès, le plus grand général de l’empire, de reconquérir la Sicile. Harald et son armée cosmopolite s’échine à faire tomber la ville Taormine pour son compte mais il ne parvient pas enfoncer sa défense…

Accompagné d’Etienne, légat du Pape, le normand Tancrède et une poignée de soldats viennent lui proposer leurs services… Lorsque Tancrède lui propose de faire tomber la cité en trois jours en échange de l’or des caïds, Harald décline d’abord l’offre, se méfiant de cet homme aussi charismatique que mystérieux… Mais il s’avère rapidement que Tancrède a les moyens de son arrogance et il passe marché avec lui…

Quel moyen de pression Etienne exerce-t-il sur Tancrède pour avoir pu faire d’un tel stratège et homme de guerre une marionnette aux mains de l’Eglise? A moins que les apparences ne soient particulièrement trompeuses…

Avec le talent qu’on lui connaît, Vincent Brugeas met en scène des personnages éminemment charismatiques dans un contexte historique méconnu du plus grand public : la Sicile du Xie siècle… Carrefour culturel et politique, l’île a suscité bien des convoitises et ce depuis que Rome a étendu sa domination sur la Mare Nostrum. Elle fut tour à tour romaine, byzantine, musulmane et deviendra plus tard normande, sous l’impulsion des fils d’un certain… Tancrède de Hauteville…

Si le récit épique et nerveux de ce premier tome fait comme de coutume la part belle au personnages hauts en couleur au verbe haut, force est de reconnaître que le sieur Tancrède, doté d’une assurance peu commune, de qualités de stratège et de meneur d’homme incontestables, porte cette première partie du récit sur ses robustes épaules… Le scénariste en fait un personnage intrigant et inquiétant dont le nom, révélé par le légat, conjuguée aux fragments de sa vie qui nous sont dévoilés semblent le désigner comme le père de celui qui deviendra dans quelques années roi d’Angleterre à l’issue de la bataille de Hasting… Pourquoi affirme-t-on qu’il a trouvé la mort à l’âge de 25 ans lors d’un pèlerinage en Terre Sainte après être passé par Rome et Byzance…

Comme de coutume, le trait vif et nerveux de Ronan Toulhoat fait une fois encore merveille. Le style énergique de ce dessinateur est en parfaite osmose avec le récit épique et politique concocté par son complice scénariste à qui il apporte une dimension lyrique particulièrement enthousiasmante. Superbement composées et magnifiquement colorisée, ses planches s’avèrent être une nouvelle fois de toute beauté et sa reconstitution de l’assaut final de la ville de Taormine s’avère des plus impressionnante de maîtrise… Et que dire de cette couverture pleine de fureur et de sang qui donne bougrement envie de se plonger dans la lecture de l’album et de se laisser entraîner dans tourmente de l’Histoire…

Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat signent le premier tome d’un diptyque historique à grand spectacle qui mêle avec audace et habilité histoire, fiction et légende… Porté par un dessin virtuose et par un scénario rythmé à la tension savamment orchestrée, ce premier tome est clairement à la hauteur de ce qu’on pouvait attendre de ce talentueux duo…

Construit autour du personnage de Tancrède, mercenaire normand inquiétant et charismatique, L'or des caïds nous entraîne dans la Sicile médiévale pour le récit d’une bataille épique sur fond des manœuvres politiques et de domination religieuse. L’ombre de Robert le Diable se profile derrière cet homme que beaucoup croyaient mort et qu’Etienne, légat du Pape, croit pouvoir manipuler à sa guise…

Les acteurs sont en place, le dernier acte peut se jouer… Et comme dans tout drame shakespearien, la fin sera n’en doutons pas tout à la fois sanglante et tragique…

- Voilà un personnage des plus fascinants, non?
- Fascinant, oui, mais méfie-toi de lui. Ses yeux en disent long… Il a traversé les enfers…
Dialogue entre Harold et sa maîtresse