Paru en juin 1997,
Marc ou le réveil du Lion marquait les début de deux jeunes auteurs prometteurs: Xavier Dorison et Alex Alice… En 2010, s’associant au talentueux Robin Recht, remplacé par Thimothée Montaigne à partir du second tome, Alex Alice étoffait le récit originel avec un prequel passionnant qui revenait à l’aube du christianisme, à l’origine du Troisième Testament… Ce cinquième opus referme cet envoûtant péplum ésotérique de la plus belle des façons…
Le général Julius Publius-Vindex est condamné à travailler dans les mines de souffre de Judée. Là, sa route va croiser celle de Sayn considéré par les rebelles juifs comme étant le Messie annoncé par les Ecritures… Libéré par ses partisans, alors que Julius l’exhortait à prendre la tête de son peuple contre Rome, Sayn va partir vers l’Orient, suivant les paroles prophétiques du sage Gamaliel pour que lui soient révélées les mystères du Troisième Testament… Mais au moment de rencontrer la Révélation, le Sar Ha Sarim renonce et rebrousse chemin pour prendre les armes contre Rome…
Mais la révolte tourne court… Trahi par les siens, il est crucifié alors que Julius revient d’Orient porteur d’un parchemin scellé par sept sceaux. Il refuse d’aider Sayn qui n’est plus digne d’ouvrir le Troisième Testament, l’abandonne à son sort et se laisse capturer par les autorités religieuses…
Mais Sayn n’est pas mort sur la croix… Recueilli et initié par le Sénateur Modius, ivre de vengeance, il fait route vers Jérusalem à la tête d’une légion d’hommes corbeaux pour s’emparer du rouleau… Julius, devenu prophète du dieu unique, parviendra-t-il à réunir les juifs, déchirés par des querelles intestines, et l’armée romaine pour lutter de concert contre cet inquiétant adversaire et ses légions des ténèbres?
Superbement composée et magnifiquement réalisée, la couverture de ce cinquième tome évoque celle du premier opus du Troisième Testament et annonce un final dantesque… Alex Alice s’est donc emparé du mythe imaginé par Xavier Dorison pour tisser un récit tortueux et captivant qui révèle les origines du Troisième Testament…
Au fil des tomes, la mystique du Troisième Testament se révélait au lecteur alors que le scénariste tissait de solides liens avec l’histoire originelle, rendant le récit plus prenant encore…
Découvrir les faits qui ont engendré l’histoire relaté par bribe dans le
Troisième Testament procure au lecteur une sensation délicieusement grisante. On retrouve dans ce cinquième opus tout ce qui faisait le charme de la série mère : un récit épique qui sert de creuset où le scénariste mêle avec art histoire, aventure, ésotérisme, mystique chrétienne et des personnages complexes et tortueux : Sayn ivre de vengeance, prêt à tout pour mettre la main sur le Troisième Testament qui lui était destiné et Julius, général déchu en quête de rédemption, horrifié à l’idée de voir Sayn s’en emparer…
S’appuyant sur les storyboard d’Alex Alice, Thimothée Montaigne signe des planches de toute beauté d’autant que la colorisation soignée de François Lapierre s’avère pour le moins somptueuse. Les cadrages nous offrent des visuels bluffant, immergeant le lecteur au cœur de l’action… La scène d’introduction où l’on voit le ténébreux baptême de Sayn est toute à la fois grandiose et inquiétante alors que le combat final qui voit les juifs et les légions romaines affronter celle de Sayn dans les ruines fumantes de Jérusalem s’avère tout autant sublime que dantesques…
Au fil des tomes de ce péplum ésotérique, l’histoire contée par Alex Alice n’a cessé de monter en puissance pour s’achever sous un déluge de violence, de larmes et de feu…
L’ultime confrontation entre Julius le Prophète et Sayn l’Immortel, deux personnalité complexes et tortueuses, remplit toute ses promesses et dépasse même nos plus folles espérances, l’épilogue achevant de jeter un pont entre les deux époques…
Après cette conclusion épique et romanesque superbement mise en images par les talents conjoint d’Alex Alice, de Thimothée Montaigne et de François Lapierre, difficile de ne pas être pris du désir de se replonger dans la lecture de la tétralogie originelle du Troisième Testament… D’ailleurs pourquoi s’en priver?
Solidement charpenté et parfaitement maîtrisé, ce cinquième livre de Julius referme de façon magistrale le prequel d’une série qui ne l’est pas moins…
La mort ne peut rien contre toi. C’est le premier de tes pouvoirs. Les autres t’attendent ici en ce cénacle des savoirs interdits. Laisse-moi être ton maître afin que tu fasses de moi le premier de tes seriteurs…Le Sénateur Modius