La guerre a fini par arriver à son terme et si les retrouvailles des Lulus n’ont pas encore été célébrées, certains pans de leur folle odyssée avaient été passés sous silence… Mais, près de deux décennies après les événements, Luigi se confie à un écrivain pour lui raconter leur périple en territoire ennemi…

Amiens, octobre 1936… Devenu fabriquant de confitures, Luigi accepte de confier son histoire à un écrivain. Pour lui, il va revenir sur leur incursion en Allemagne…

Echappés de l’orphelinat aux débuts du conflit, les Lulus souhaitaient gagner la Suisse… Mais ils montent par mégarde dans un train qui les conduira à Berlin, au cœur du Reich… Mentant sur leur nationalité, ils vont partager le quotidien d’une bande de gosses des rues qui survivent comme ils peuvent aux privations de la Grande Guerre…

Mais entre policiers et bandes rivales, de nombreux dangers les guettent dans les ruelles de la capitale allemande.

Régis Hautière poursuit son récit mettant en scène une bande de gamins jetés dans la Grande Guerre… Chaque album de la série-mère retraçait une année de leur quotidien mais leur périple en territoire ennemi méritait mieux qu’un vague flash-back…

Prévu en deux albums, la Perspective Luigi entraîne donc nos jeunes héros au cœur de Berlin où ils feront la connaissance de leur alter égo allemand qui s’efforce comme eux de survivre dans une ville plongée dans la tourmente de la guerre… Solidement documenté, leur aventure de l’autre côté de la frontière est contée par Luigi qui enjolive peut-être un peu son rôle qui les enverra dans le camp de Holzminden. Mais après tout, Luigi ne fait que servir à son interlocuteur le récit qu’il espérait entendre et écrire… Un récit profondément humain, tout à la fois drôle et grave…

Après avoir aidé Hardoc sur le storyboard du tome 3, c’est tout naturellement que Damien Cuvillier se retrouve aux crayons pour mettre en image cette Perspective Luigi. Superbement mis en couleur par le talentueux David François qui parvient à poser la juste atmosphère de chaque scène, le trait semi-réaliste et expressif de Damien Cuvillier parvient à reprendre les personnages imaginés par Hardoc tout en leur insufflant une part de sa propre personnalité. Difficile de ne pas être impressionné par la capacité qu’a le dessinateur des Souliers Rouges ou de Nuit noire sur Brest de se renouveler et de changer de style à chaque nouveau projet!

Vingt ans après les faits, Luigi se confie à un écrivain désireux d’en apprendre davantage sur leur odyssée en Allemagne…


Avec un talent de conteur indéniable et en s’appuyant sur une solide documentation, Régis Hautière immerge ses héros et les lecteurs dans un Berlin en guerre, entrecoupant son récit d’échange entre Luigi et son interlocuteur. Pour ce spin-off, secondé par David François qui signe les superbes couleurs de l’album, Damien Cuvillier succède à Hardoc aux crayons, nous offrant des planches particulièrement fluides et dynamiques…


On retrouve dans cette Perspective Luigi tout ce qui faisait le charme et la force de la Guerre des Lulu : des personnages crédibles, attachants et profondément humains… une histoire joliment charpentée et solidement documentée à la fois drôle et légère mais sur laquelle plane le spectre implacable et inquiétant de la guerre.

Ce premier tome est indéniablement une réussite qui ravira les nombreux lecteurs de la série-mère dont nous vous recommandons plus que chaudement la lecture!

- Par quoi vous voulez que je commence?
- Eh bien… Vous pourriez me parler de vos amis et m’expliquer ce qui vous a conduit à Berlin… A cette époque, on vous surnommait les Lulus si j’ai bien compris?Dialogue entre Luigi et l’écrivain