Kid Toussaint et Virginie Augustin font reprendre du service au gang des 40 Eléphants dans tendu et nerveux remarquablement bien orchestré.

Les 40 Eléphants se sont débarrassés de la bande rivale mais avaient laissé plus que des plumes dans la bataille… Le gang de femmes va devoir redoubler d’effort pour se refaire…

Hélas, un meurtrier sévi dans leur territoire et la police redouble de vigilance pour coincer l’assassin qui zigouille à tour de bras les religieuses venues s’aventurer dans le quartier d'Elephant & Castle… Et la présence des forces de l’ordre n’est pas bon pour les affaires de 40 Eléphants… D’autant que les autorités ont eu l’ingénieuse idée d’enrôler pour des femmes pour traquer le gang féminin de South London…

Ses consœurs soupçonnent immédiatement Dorothy qui a déjà par le passé fait preuve d’un sérieux penchant pour le crime… Elles décident de la mettre au vert mais les crimes ne cessent pas pour autant…

Pour les 40 Eléphants, retrouver le meurtrier va bientôt devenir une priorité, pour détourner l’attention de la police de leur territoire afin qu’elles puissent recommencer leurs activités criminelles en toute tranquillité…

C’est avec un plaisir jubilatoire que nous nous sommes aventurés à la suite du gang des 40 Eléphants dans les sombres ruelles d'Elephant & Castle pour ce one-shot solidement charpenté où Kid Toussaint s’amuse à mener le lecteur par le bout du nez…

Le scénariste est parvenu à trouver un subtil équilibre entre les scènes délicieusement burlesques où la brigade féminine de Dolores Kelsey se frottent aux 40 Eléphants et des scènes plus tragiques, tels les meurtres des religieuses où les flashbacks nous entraînant dans le douloureux passé de Dorothy et expliquant son étrange comportement… Finement orchestré, la tension ne cesse de monter au fil des pages pour un final impromptu et délicieusement dramatique.

Fidèle à elle-même, Virginie Augustin signe un album somptueux. Son trait plein d’élégance tirant parfois vers l’épure s’avère être d’une redoutable efficacité pour immerger le lecteur dans le Londres des années 20 et donner vie à une formidable et très nuancée galerie de personnages. Cette artiste a le talent rare de parvenir à suggérer la personnalité de chacun des protagonistes à la pointe de ses crayons. La colorisation délicate de Hubert renforce avec subtilité l’atmosphère de chaque séquence alors que le découpage et les cadrages soignés servent au mieux l’action. Les flashbacks en noir & blanc nous racontant l’enfance torturée de Dorothy s’avèrent on ne peut plus efficaces et font montre d’une parfaite maîtrise de la dessinatrice en matière de composition des planches…





Kid Toussaint fait montre de ses talents de conteur d’histoire avec ce one-shot solidement charpenté où il remet en scène des personnages patiemment mis en place lors du premier cycle des 40 Eléphants…

Tirant vers l’épure et rehaussé par les subtiles couleurs de Hubert, le trait élégant de Virginie Augustin immerge le lecteur dans le Londres des années 20 et donne vie avec maestria à des personnages aux caractère affirmé, parfois inquiétants, mais toujours profondément attachant car tragiquement humains.

Oscillant entre burlesque et thriller Dorothy, la Poinçonneuse est un album particulièrement enthousiasmant dont nous vous recommandons chaudement la lecture tant pour sa construction scénaristique impeccable et son final ébouriffant que pour son dessin envoûtant.

Quand une fille comme nous y passe, ici, ce n’est pas grave, c’est la norme. Mais une nonne dans un quartier comme le nôtre, ce n’est pas bon pour les affaires. Il va falloir calmer Dorothy.
- Tu penses que…
- Qui d’autre Florrie ? Qui d’autre ?Dialogue entre Emma et Florrie