Après un premier tome envoûtant et malsain, ce second opus de
Black Monday Murders était particulièrement attendu… Sera-t-il à la hauteur de nos espérances ? Clairement non… Il les dépasse… de très loin !
New-York, 6 novembre 2016. L’inspecteur Théodore James Dumas compte sur le professeur Gaddis pour poursuivre son enquête et l’éclairer sur les étranges événements dont il a été témoin…
Mais les explications que lui livre le vieux professeur d’économie sont tout sauf rationnelles… Il y est questions de croyances, de sacrifices humains, de démons et d’esprits maléfiques… Si une poignée d’individu se partagent plus de la moitié des richesses mondiales, cela n’est en aucun cas dû au hasard… Leur puissance et leur pouvoir repose sur des connaissances ésotériques enseignées dans des écoles de magie qui se cachent derrière des cartels bancaires occultes qui manipulent les marchés financiers et cours de la bourse et vouent un culte impie à Mammon, Prince des Enfers et de la Cupidité…
Dans les coulisses, elles se livrent une guerre sans merci pour conserver la place qui leur est due…
Jonathan Hickman poursuit son récit choral envoûtant et malsain là où il l’avait achevé… On entre d’emblée dans le vif du sujet avec cet inspecteur tentant de faire la lumière sur un meurtre rituel sordide et sanglant sur lequel il enquête, même si cela dépasse son entendement…
Composé de plusieurs récits croisés, son scénario déstructuré et délicieusement alambiqué forme un tout vertigineux. Au fil des pages et des chapitres, le scénariste développe une thèse complotiste étayée par des documents caviardés, des coupures de presse ou de symboles impies qui contribuent à poser cette atmosphère malsaine qui baigne ce thriller de la première à la dernière page. Avec un art consommé de la narration, il compose pièce par pièce un tableau saisissant, laissant au lecteur le soin de les assembler, conservant un subtil et frustrant équilibre entre les fracassantes révélations et les nouvelles questions qu’elles soulèvent…
Par ses ambiances poisseuses et son esthétisme morbide, on songe au formidable travail de David Fincher sur
Seven, à l’œuvre déstabilisante d’un David Lynch ou à celle d’un H.P. Lovecraft qui esquissait les contours d’un univers situé au-delà de notre réalité étriquée… Glaçant et réaliste, le dessin de Tomm Coker est une petite merveille de construction. Colorisée avec soin par Michael Garland, chaque scène de l’album est plongée dans une demi-obscurité où les ombres se font menaçantes, augmentant de façon prégnante le malaise distillé par le récit.
Après le fascinant et dérangeant Gloire à Mammon, les auteurs de Black Monday Murders poursuivent leur surprenant thriller ésotérique et financier de façon vertigineuse et envoûtante…
Au fil de la progression de l’enquête menée par l’inspecteur Théodore James Dumas, éclairé par les lumières du professeur Gaddis, Jonathan Hickman continue d’étoffer sa mythologie sulfureuse, entraînant le lecteur dans un univers d’inspiration lovecraftienne où la mondialisation et le capitalisme outrancier s’incarnent dans des entités démoniaques alors que leurs adorateurs se livrent à une guerre ésotérique sans pitié pour le pouvoir… Entrecoupant son récit choral alambiqué et déstructuré de coupures de presses, de textes sibyllins et de documents caviardés, le scénariste distille une ambiance délicieusement malsaine, sublimée par le travail graphique tout juste bluffant de Tomm Coker…
A l’instar du premier, ce second tome hantera durablement le lecteur une fois l’album refermé et c’est peu dire qu’il nous tarde de lire le troisième et dernier acte de ce chef d’œuvre du neuvième art…
- Quand vous entendez que soixante familles possèdent la moitié des richesses de la planète, pensez-vous que pareil résultat puisse être le fruit du hasard ?
- Non.
- Non. Bien sûr que non. Tout ceci est orchestré… Voilà la clef des arts occultes.dialogue entre le Professeur Gaddis et l’inspecteur Dumas