Haut de page.

Mécaniques du fouet
Mécaniques du fouet



Fiche descriptive

Roman Graphique

Christophe Dabitch

David Gonzales

David Gonzales

Futuropolis

05 Juin 2019


25€

9782754822381

Chronique
Mécaniques du fouet
La Belle Epoque d’Eugénie

Qui était Eugénie Guillou ? Quand Christophe Dabitch a consulté son dossier aux archives de la préfecture de police deux mots ont suffi à contenter sa curiosité : « religieuse » et « fouet ».

Eugénie Guillou fut réellement nonne puis Maîtresse, spécialiste de la fessée et des mises en scène sexuelles dans le Paris des maisons closes et du libertinage du XXème siècle commençant. On la surnommait « La Religieuse ». Elle voulait être indépendante et inventer sa vie, elle aimait le théâtre du fouet.

Disparue et oubliée, Christophe Dabitch & Jorge González vous racontent son histoire. Il y a un siècle entre eux, mais ils se parlent. Ils l’appellent Eugénie, puis Sainte Eugénie, parce qu’elle le vaut bien.
un excellent album!


La Belle Epoque d’Eugénie
Mécaniques du fouet, planche de l'album © Futuropolis / Gonzales / DabitchAprès avoir entendu parler d’elle dans une émission de radio, Eugénie Guillou a hanté quelque temps Christophe Dabitch avant qu’il ne se décide à écrire son histoire, en habillant le squelette famélique exhumé dans les archives de la police pour lui redonner chair…

De noble extraction, la famille d’Eugénie Guillou a subi des revers de fortune avant que la jeune fille ne souhaite entrer dans les ordres. Après dix années passées comme novice au couvent des Dames de Sion… On lui refuse l’ordination et voilà la jeune femme livrée à elle-même, animée par un profond désir de vengeance contre la religion qui l’a rejeté sans raison…

Plus tard, on la retrouve à Paris où, après avoir officié comme gouvernante et enseignante, elle devint prostituée et proxénète. Spécialiste de la fessée, elle met en scène des tableaux sexuels pour satisfaire les désirs du Paris libertin de la Belle Epoque, jouant avec art avec les sentiments de dominations et de soumissions.

Alors, qu’oubliée, elle s’effaçait peu à peu des mémoires, sa rencontre avec Christophe Dabitch & Jorge González allait l’exhumer de l’oubli… Mais, instruite et éprise de liberté, la belle ne laissera pas les auteurs conter sa vie à leur manière sans infléchir le cours de leur récit…


Le destin hors norme d’une femme libre…
Mécaniques du fouet, planche de l'album © Futuropolis / Gonzales / DabitchOn se sait d’elle que peu de choses et son histoire est entachée de zones d’ombres… On sait qu’elle a bénéficié d’une instruction peu commune pour une femme de son époque et sans doute trouve-t-on là la source de sa volonté farouche de vivre libre et indépendante et ses propos d’inspiration féministes.

Plutôt que de nous livrer un récit de construction classique, Christophe Dabitch mêle textes et planches de bande-dessinée de façon saisissante, engageant avec Eugénie un étrange dialogue à travers le temps et l’espace, mettant en mots le lien subtils qui se nouent entre un auteur et son personnage, surtout quand celui-ci fut un être de chair et de sang… Puisant dans une documentation parcellaire composée de rapports de la police des mœurs et des propres écrits d’Eugénie Guillou, le scénariste s’efforce de cerner la personnalité de cette femme complexe pour en dresser un portrait saisissant qui semble être d’une rare et confondante justesse…

L’histoire peu ordinaire d’Eugénie est mise en images par l’impressionnant David Gonzales qui utilisent différentes techniques pour donner à voir tout autant qu’à ressentir. Il évite avec finesse l’ornière du voyeurisme et évoque plus qu’il ne montre la sensualité des perversions que les clients venaient chercher dans les alcôves de son établissement. Mécaniques du fouet, planche de l'album © Futuropolis / Gonzales / DabitchSon remarquable travail rend la lecture de l’album plus envoûtante encore, esquissant le saisissant portrait d’une femme libre, à la fois forte et fragile…

Atypique dans le fond comme dans sa forme, Mécaniques du Fouet esquisse le saisissant portrait d’une femme libre qui fit à contre-sens le parcours de bien des demi-mondaines : elle fut d’abord none avant de devenir prostituée et tenancière de maison close où elle composait pour ses clients des tableaux érotiques pour assouvir leurs inavouables désirs…

Au fil de l’album, à travers le temps et l’espace, l’auteur entame un étrange dialogue avec Eugénie Guillou, complétant par petite touche son tableau d’autant plus poignant qu’il est mis en image avec délicatesse par les pinceaux inspirés de David Gonzales, étonnant artiste dont le trait troublant et élégant contribue à poser cette ambiance si particulière qui rend ce titre unique…

Dans le silence évanescent qui suit la lecture de l’album, ce petit souffle que vous percevez à la limite de votre champ auditif n’est autre que la voix d’Eugénie Guillou qui vous parle à travers les siècles…


Je serais folle parce que j’ai pris la parole alors que les femmes sont réduites au silence ? Parce que j’ai exigé la justice ? Pour ce que j’ai écrit ? Pourquoi tu n’entends pas que j’ai donné plus que je n’ai reçu ?Eugénie Guillou

Le Korrigan




Vous aimerez si vous avez aimé...


Inspiration jeux de rôle

Cette fiche n' est référencée comme inspi pour aucun jeux de rôle.