Clément Oubrerie poursuit sa biographie amoureuse de Voltaire qui n’est plus le fringant jeune homme du premier opus mais pas encore le philosophe des Lumières qu’il sera.

Malgré les efforts des médecins, Voltaire a survécu à la maladie qui l’a terrassé lors d’une soirée de soutien à sa Henriade. Après une représentation de l’Orphée de Monterverdi, l’écrivain fait la rencontre de la jeune et belle Émilie du Châtelet, de douze ans sa cadette, fille du baron de Breteuil qui vient de perdre son dernier amant… Il tombe immédiatement amoureux de l’un des esprits les plus vif et les plus brillant de son temps qui l’initiera aux sciences et contribuera à faire émerger le philosophe…

Mais Voltaire se sent déjà vieux et pense qu’il n’a que quelques années pour écrire son chef d’œuvre avant de tirer sa révérence et pense que son grand âge est un frein à l’amour qu’il porte à Emilie… Pourtant, ils ne cessent de se rapprocher et vont s’aimer, éperdument… Las, Voltaire lui présente son ami Pierre Louis Moreau de Maupertuis, éminant mathématicien pour qu’il lui enseigne sa science…

Les biographes de Voltaire ne sont pas d’accord sur le déroulé de la vie de celui qui fut le plus emblématique des philosophes des Lumières et Clément Oubrerie s’engouffre dans cette brèche pour tisser une version romanesque et délicieusement romantique de la vie de l’apprenti philosophe… Ce faisant, il esquisse un saisissant tableau du Paris du XVIIIe siècle finalement assez peu connu du grand public tout en composant un portrait éminemment impressionniste de l’homme mûr que fut Voltaire.

Persuadé de n’avoir plus que quelques années pour composer son chef d’œuvre, il ne croit pas que la brillante et volage Émilie du Châtelet puisse s’intéresser à lui, malgré ses quelques succès littéraires qui lui valurent plus de coups de bâtons que d’espèces sonnantes et trébuchantes. Pourtant ces deux esprits étaient faits pour s’accorder, se complétant et s’enrichissant l’un l’autre. Emilie sera sa muse, l’initiant aux sciences et contribuant à façonner le philosophe que l’on sait.

Avec une tendresse et délicatesse, Clément Oubrerie met en scène les sentiments naissants entre les futurs amants. Son trait semi réaliste est comme de coutume plein d’élégance et sait se faire poétique lorsqu’il s’agit de mettre en scène les rêveries d’un Voltaire errant dans le Paris nocturne en songeant à Emilie, ou sensuel lorsque les courbes de la belle se confondent avec les constructions géométriques pour une danse spirituelle et érotique symbolisant avec finesse l’union des corps et des esprits. Ses planches sont d’autant plus somptueuses qu’elles sont sublimées par la mise en couleur pleine de finesse et de sensibilité de M. Bègues et le soin tout particulier qu’il apporte aux éclairages qui posent avec maestria l’atmosphère de chaque scène.

Littéralement envoûté par le premier tome, son humour et sa drôlerie, ce second faisait partie des albums très attendus de cette rentrée littéraire et c’est avec plaisir jubilatoire que l’on replonge dans la vie romancée, romanesque et romantique de Voltaire qui n’est plus le fougueux jeune homme du premier tome mais pas encore le philosophe à venir…

Toujours sûr de son talent, mais doutant de sa capacité à séduire, l’écrivain va enfin rencontrer l’âme sœur en la personne d’Émilie du Châtelet qui a su l’envoûter non par sa seule beauté mais par son brillant esprit. Eprise de sciences et de littérature, elle allait lui faire découvrir des mondes méconnus qui allaient alimenter son œuvre de philosophe. Les prémisses de leur amour sont retranscrits avec tendresse et délicatesse et le trait plein d’élégance de l’auteur se fait tour à tour poétique, humoristique ou sensuel, nous offrant des planches de toute beauté ou d’une grande drôlerie, tant grâce à son trait élégant et expressif que grâce à des dialogues particulièrement soignés.

En brossant le portrait de ce personnage complexe et pétri de contradictions, Clément Oubrerie, qui signe avec ce Voltaire Amoureux sa première série en tant qu’auteur complet, va esquisser celui du Paris du XVIIIe siècle…

De l’amour ? J’ai quarante ans, malheureuse : je suis un vieillard cacochyme… Il me reste quelques années pour écrire mon chef-d’œuvre et… Adieu ce monde ![Voltaire/Citation_auteur]