Avec premier tome de
Time Lost, Jean-Luc Sala et Afif Khaled nous invitent dans les coulisses du temps pour une série particulièrement fun aux accent délicieusement pulp.
Décembre 1944, Basse Silésie. Une mission alliée est diligentée pour exfiltrer le Docteur Appelbaum… Mais ce brillant scientifique d’origine juive a été déporté vers le Geheimlager S-III où, contraint et forcé, il travaille à la mise au point d’une arme d’un nouveau genre pour le compte des nazis sans savoir que sa famille allait servir de cobaye.
De nos jours, en Floride, dans le Musée National de l’Aviation Navale, une bande d’étudiant exhume une invention remisée dans un hangar désaffecté… Les voilà propulsés dans un passé très hostile et lointain peuplé de dinosaures… Là, les troupes d’élite du général Patton poursuivent la guerre contre les nazis, dans les couloirs du temps…
Truffé de références à la pop-culture, le récit choral orchestré par Jean-Luc Sala (scénariste notamment du jubilatoire
Cross Fire) s’avère on ne peut plus rythmé et entraînant.
D’abord écartelé entre deux époques offrant deux ambiances radicalement différentes, la fin se déroule à une époque cruelle et sauvage où les dinosaures marchaient sur la Terre… Si les deux premiers récits alternés permettent de poser la problématique et de découvrir les protagonistes, le troisième s’avère tout à la fois exotique et plein de surprises, avec une ambiance étrange n’étant pas sans rappeler celle entourant la figure de Kurtz dans
Au cœur des Ténèbres de Joseph Conrad, avec ce délicieux et rafraîchissant décalage apporté par ces étudiants qui débarquent au cœur d’un conflit comme un cheveux sur la soupe… le tout transposé dans un contexte pour le moins inattendu !
Révélé par son somptueux travail sur les
Chroniques de Centrum (formidable adaptation du
Travail du Furet, chef d’œuvre d’anticipation limite cyberpunk signé Jean-Pierre Andrevon), Afif Khaled nous livre un travail particulièrement convaincant.
Si son trait dynamique et percutant s’avère être d’une redoutable efficacité pour les deux récits alternés amorçant l’album, son talent se révèle surtout sur les scènes se déroulant dans le nœud temporel où s’affrontent dinosaures aux dents acérées, vétérans de l’armées américaines, nazis et… méchas ! Ses cadrages incisifs, sa mise en couleur subtiles et son sens du mouvement y font tout simplement merveille !
Comme à son habitude, Jean-Luc Sala a tissé un récit iconoclaste qui réserve bien des surprises, tant à ses héros involontaires perdus dans les abîmes du temps qu’au lecteur qui découvre avec eux une intrigue aux accents délicieusement pulp, comme pouvait le suggérer la couverture très réussie de ce premier opus.
Faisant clairement référence aux thèses complotistes du Projet Raimbow, l’auteur tisse un récit rythmé superbement mis en image par le talentueux et trop rare Afif Khaled.
Time Lost pose ainsi les bases d’une série popcorn enthousiasmante dont la scène finale renforce furieusement l’envie de lire la suite !
- Alicia ? Elle est cheerleader avec vous c’est ça ?
- Oui… Enfin pas avec moi… Moi, je suis joueur.
- Je m’en doute ! Mes yeux ne sont pas aussi affûtés qu’à l’époque quand j’étais mécano dans la navy… Mais je sais encore distinguer un joueur de soccer d’une cheerleader ! Même si je pense que ce sont deux activités pour les jeunes filles…dialogue entre Andrew et Josh