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Long kesh, l'enfer irlandais
Long kesh, l'enfer irlandais



Fiche descriptive

Histoire

Stéphane Heurteau

Stéphane Heurteau

Stéphane Heurteau

Les Editions du Long Bec

18 Septembre 2019


20€

9782379380303

Chronique
Long kesh, l'enfer irlandais
The Lark and the freedom fighter (*)

En septembre 1977, en Irlande du Nord, Bobby Sands, un militant de l'IRA, est condamné à 14 ans de prison pour port d'arme illégal.

Il va être incarcéré dans la prison du Maze, plus connue sous le nom de Long Kesh. Commence alors une lutte pour les droits et la dignité qui va le mener à la mort en le 5 mai 1981, suite à une grève de la faim de 66 jours...
un chef d'oeuvre!


The Lark and the freedom fighter (*)
Long kesh, l'enfer irlandais, planche de l'album © Le Long Bec / Heurteau1981. Bobby Sands reçoit la visite de lu cardinal Tomás Ó Fiaich en compagnie de l’émissaire de pape Jean-Paul II alors qu’il a entamé une grève de la faim pour dénoncer les conditions inhumaines d’incarcération et faire valoir ses droits de prisonnier politique. Pour expliquer à ce dernier les raisons de ce geste, il entame le récit de sa seconde incarcération à la prison de Maze, surnommée long kesh par les républicains irlandais.

Il revient sur la Blanket protest initiée par Kieran Nugent qui vit les détenus sans cesse plus nombreux refuser de porter le même uniforme des criminels de droit commun alors qu’ils étaient il y a peu encore considérés comme des prisonniers politiques… Puis sur la grève de l’hygiène durant laquelle les détenus refusèrent de se laver, maculant leur cellule de leurs excréments puisqu’on leur refusait l’accès aux douches et aux toilettes s’ils ne portaient pas leurs uniformes de prisonniers… et enfin sur la grève de la faim durant laquelle Boby Sands devint député, avant de mourir, après 66 jours de privation de nourriture… et devenir l’un des martyr de la cause irlandaise.


Une plongée suffocante dans l’enfer de Long Kesh…
Solidement documenté, le récit de Stéphane Heurteau nous raconte le combat quotidien de ces hommes qui luttèrent avec les armes dérisoires dont ils disposaient pour revendiquer leur statut de prisonniers politiques.

Long kesh, l'enfer irlandais, planche de l'album © Le Long Bec / HeurteauFaire de Boby Sands le narrateur du récit lui confère toute sa force et le rende plus bouleversant encore que l’aurait été le simple exposé des événements s’étant déroulés entre les murs froids de Long Kesh. La structure de l’album qui en découle lui donne indéniablement des accents de polars dont la prison elle-même serait l’un des personnages principaux, avec en filigrane ce projet d’évasion qui aboutira près de deux années après la mort de Boby Sands.

Difficile de ne pas être bouleversé par le sort de ce prisonnier, impressionné par sa force de caractère et sa volonté inébranlable de faire reconnaître ses droits et ceux de ses pairs. Malgré les brimades, les insultes, les humiliations, les châtiments corporels et les passages à tabac qui sont son lot quotidien, malgré ses doutes aussi, il a vécu debout parmi les siens… et chacune de leurs petites victoires sur l’oppresseur leur ont donné la force de poursuivre leur lutte… Avec pudeur et retenue, Stéphane Heurteau dépeint leur quotidien au travers d’anecdotes saisissantes, telles celles évoquant les stratagèmes mis en place pour communiquer entre eux, se réchauffer ou occuper leurs journées... Les relations avec leurs geôliers y sont abordées et décortiquées avec soin, de même que le rôle des politiques dans l’édification de cet enfer inhumain qui a vu des prisonniers politiques traités comme des bêtes dans une Europe impuissante…

Mais si l’album s’avère aussi bouleversant, c’est aussi grâce au formidable travail graphique de l’auteur dont le trait semi-réaliste est d’une force peu commune. Inventif et audacieux, son découpage est tout juste saisissant… Et, s’il donne à voir le quotidien de Boby Sands, il donne surtout à ressentir, tant la morsure du froid que la brutalité des coups ou la détermination de Bobby Sands… Jouant avec maestria sur les contrastes, ses illustrations pleines pages sont tout juste glaçante et sa colorisation s’avère être d’une rare subtilité. Long kesh, l'enfer irlandais, planche de l'album © Le Long Bec / HeurteauChacune des trois grèves est baignée de teintes qui lui sont propres et accentuent subtilement la dramaturgie: le bleu pour la grève des vêtements soulignant la froideur et la grisaille qui baigne qui baigne Long Kesh ; les teintes ocres pour la grève de l’hygiène et le gris-vert pour l’ultime combat de Bobby Sands qui ne pouvait se finir qu’avec sa mort…

Rares sont les albums qui vous bouleversent et vous mettent le cœur au bord des lèvres. Long Kesh, l'enfer irlandais où Boby Sands nous raconte sa deuxième incarcération à la prison de Maze est indéniablement de ceux-là…

Si Stéphane Heurteau fait partie de ces auteurs dont nous apprécions tout particulièrement le travail (de Phare Ouest au Prince de l’Ennui en passant par Sant-Fieg et Fanch Karadec), Long Kesh est indéniablement son chef d’œuvre… Solidement documenté, son récit est une plongée suffocante dans l’enfer de Long Kesh à la suite d’un homme prêt à mourir pour défendre ses idées et sa dignité… Difficile de croire que ces événements se sont déroulés en Europe, il y a trente ans à peine…

Un album coup de poing aussi édifiant que bouleversant qui hantera durablement le lecteur…


Notre vengeance sera le rire de nos enfants.Boby Sands


(*) titre d’un poème de Boby Sands
Le Korrigan




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Inspiration jeux de rôle

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