     Après Les chasseurs d'écume, romanesque saga bretonne, Francois Debois retrouve Serge Fino pour nous entraîner dans une nouvelle fresque basée sur le Pain de la Mer, chef d’œuvre de Joël Raguénès.
Yves Kerléo, gardien de phare, croise la route de la Belle Anne, fiancée à François Kernéis, un officier de marine… Le coup de foudre est immédiat et réciproque, et, malgré les réticences du père d’Anne, ils projettent de se marier…
Mais pour Yves, hors de question de poursuivre un métier qui le tiendrait éloigné de sa future épouse et il décide d’acheter une ferme sur l’île de Béniguet… Mais pour cela, il lui faut plus d’argent qu’il n’en a… Industriel du Conquet, Eugène Lemarchand propose à ce jeune homme intelligent et travailleur une association qui allait révolutionner le commerce de l’iode, utilisée comme antiseptique comme en photographie…
Mais Estelle, fille du riche bourgeois, n’est pas insensible aux charmes d’Yves alors même qu’elle vient de se fiancer avec un jeune officier de marine qui n’est autre que François Kernéis…
 Avec minutie, Francois Debois et Sege Fino esquissent le portrait d’une Bretagne écartelée entre traditions et modernité. A la suite d’Yves Kerléo, le lecteur découvre un pan méconnu de l’histoire de cette région sublime et dangereuse qu’est la Bretagne… Dans leur nouveau récit, les auteurs nous racontent le destin peu commun de deux hommes que tout oppose et dont l’association allait moderniser le commerce d’iode, surnommé à l’époque le pain de la mer…
Mais si son récit s’avère particulièrement prenant, c’est qu’il est porté par des personnages forts, à commencer par celui de ce gardien de phare courageux et travailleur qui allait laisser derrière lui son ancien métier pour devenir fermier puis goémonier afin de pouvoir vivre, chaque jour, aux côtés de sa femme… On le voit préparer avec soin sa reconversion, envisager ses investissements, organiser sa nouvelle ferme, être exigeant avec ses employés sans pour autant se comporter en patron tyrannique… Mais la vie sur l’île de sur l’île de Béniguet s’avère plus rude encore qu’il n’y parait… Surtout qu’on y découvre le cadavre décomposé d’un homme dépouillé de ses vêtements…
Serge Fino fait une nouvelle fois montre de ses talents de dessinateurs en dépeignant des paysages de toute beauté, tout à la fois sauvages et magnifiques. S’il peint le ciel et la lande bretonne de façon saisissante, c’est ses paysages marins qui forcent l’admiration, avec notamment une scène de tempête d’autant plus impressionnante qu’elle est renforcée par des cadrages ciselés et percutants…  Avec pudeur et délicatesse, il dépeint les émotions et les passions qui animent chacun des personnages qu’il met en scène…
Francois Debois et Serge Fino amorcent avec Les Moissonneurs de la Mer une série envoûtantes tirée des Pain de la Mer, roman de Joël Raguénès qui partage avec le scénariste son amour pour la Bretagne…
Personnage central du récit, Yves Kerléo, jeune homme intelligent, généreux et travailleur, s’avère d’emblée attachant et on suit avec d’autant plus d’intérêt son histoire qu’elle est émaillée d’évènements intrigants, tel ce premier cadavre découvert sur l’île de Béniguet tel un funeste présage…
Passions, haines et jalousies sont les moteurs de ce récit historique qui nous entraîne dans une Bretagne méconnue écartelée entre tradition et modernité…
Moi, Anne, à la place de cet homme, je me ferais paysan, ouvrier, chiffonnier même, s’il le fallait, mais je choisirais un métier qui me permettrait de vous voir chaque heure de chaque jourYves Kerléo
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