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Dans la forêt
Dans la forêt



Fiche descriptive

Roman Graphique

Lomig (d'après le roman de Jean Hegland)

Lomig

noir & blanc

Sarbacane

21 Août 2019


24€50

9782377311989

Chronique
Dans la forêt
Une ode à la nature

Deux soeurs apprennent à survivre au coeur de la forêt, dans un monde privé de ressources. Pour mieux le réinventer ? Rien n'est plus comme avant. Le monde tel qu'on le connaît semble avoir basculé : plus d'électricité ni d'essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient.

Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au coeur de la forêt. Quand la civilisation s'effondre et que leurs parents disparaissent, les deux soeurs demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leur passion de la danse et de la lecture.

Mais face à l'inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d'inépuisable richesses.
un excellent album!


Une ode à la nature
Dans la forêt, planche de l'album © Sarbacane / LomigDeux sœurs de 17 et 18 ans Nell et Eva doivent apprendre à survivre seules dans leur maison isolée au milieu d’une forêt de séquoias près de Redwood City dans le Nord de la Californie alors que, dans un futur proche, la société américaine s’est effondrée : les pannes d’électricité se sont multipliées, les magasins sont vides, il y a pénurie d’essence, les trains et les avions ne circulent plus, des épidémies se propagent et des survivants rôdent …

« Dans la forêt » (« Into the forest ») était le premier roman de Jean Hegland. Originellement paru en 1996, il fut traduit en français, plus de vingt ans après en 2017. Il fait partie du courant de la « collapsologie » (ou littérature post-apocalyptique) dont Barjavel fut l’un des précurseurs en France. Lomig, qui avait déjà écrit une dystopie, (« Le Cas Fodyl » dans lequel il imaginait que le travail était devenu obligatoire et que les chômeurs parasites étaient condamnés aux travaux forcés) en est l’adaptateur pour les éditions Sarbacane.

Dans la forêt, planche de l'album © Sarbacane / LomigL’album commence par un flash-back sur l’enfance insouciante et complice des deux sœurs qui passaient leur temps à explorer la forêt près de chez elles. Puis, sans transition, on passe à leur présent. Elles sont seules, le jour de Noël. C’est le mode de narration choisi par Hegland et repris par Lomig : des allers-retours entre passé et présent pour dévoiler peu à peu au lecteur les éléments essentiels : comment le monde en est-il arrivé là ? Que sont devenus leurs parents ? Quelles étaient les aspirations des deux jeunes femmes ? Pourquoi ont-elles pris leurs distances l’une vis-à-vis de l’autre jusqu’à leur cohabitation forcée ? Et l’on s’aperçoit vite que la dimension post-apocalyptique n’est que secondaire.

Ce qui compte vraiment c’est la relation entre Eva et Nell. D’ailleurs Lomig choisit de nombreux cadrages serrés et s’attarde sur les visages et les regards en les rendant magnifiques d’expressivité. Il reprend également la narration à la première personne (Nell la plus jeune relate leur existence dans un journal intime) et cela accroît l’émotion puisque cela favorise l’identification. Le duo sororal est par deux fois perturbé par des intrusions masculines mais ces personnages ne restent que secondaires : le seul autre personnage qui compte vraiment c’est la forêt qui de décor devient protagoniste. Avec la formation de ce trio, le récit se transforme donc en un récit initiatique. Les adolescentes apprennent à grandir, font l’expérience du deuil et du renoncement à leurs rêves de gloire (la danse et l’écriture), se « reconnectent » à la nature et renaissent. Dans la forêt, planche de l'album © Sarbacane / LomigLe dessinateur montre parfaitement dans de grandes pleines pages souvent muettes et extrêmement détaillées l’évolution du rapport à la forêt qui d’hostile devient nourricière puis protectrice. Il varie les angles et les plans, fonctionne en « caméra subjective » et nous fait véritablement ressentir les émotions des deux héroïnes. Nous sommes au cœur de la forêt, en véritable immersion, lorsque nous regardons par exemple cette magnifique contre plongée sur la cime des séquoias centenaires où perce le soleil ( p.107)

L’album fait 156 pages mais on ne s’ennuie jamais grâce au mode de narration (flashback et première personne), grâce au suspense instauré par les révélations progressives, grâce aux variations de rythme aussi : parfois haletant et angoissant, parfois lent et descriptif toujours subtil et délicat grâce aux non-dits et au trait « esquissé » de Lomig. L’album devait originellement être en couleurs mais l’auteur et l’éditeur ont préféré le laisser au crayon. Au gris de la mine de plomb se mêle un peu de sépia et l’ensemble rend parfaitement la fragilité presque passée de l’existence des héroïnes. On terminera en saluant la beauté de l’album en tant qu’objet : dois toilé de couleur verte et épais papier crème qui créent une harmonie entre la forme et le fond.

Dans la forêt, planche de l'album © Sarbacane / LomigJean Hegland avait détesté l’adaptation cinématographique qui avait été faite de son roman en 2015 et elle est enchantée de celle de Lomig. On comprend pourquoi : c’est une vraie réussite !

Lomig qui avait déjà écrit une dystopie (« Le cas Fodyl ») s’attaque à l’adaptation de « Dans la forêt » de Jean Hegland qui relate le quotidien de deux sœurs dans une maison isolée au cœur de la forêt en Californie du nord après l’effondrement de la société américaine.

Il s’attache moins à dépeindre le monde post-apocalyptique que les relations entre les deux héroïnes et leur évolution. Il adopte un style dépouillé et délicat, tout au crayon et en teintes sépias, il choisit un mode de narration à la première personne et avec de nombreux flashbacks qui ménage le suspense et permet également l’identification. Il dresse une véritable ode à la forêt.

Jean Hegland a été enchantée de son adaptation et le lecteur l’est aussi : une bien belle parenthèse de 156 p qui nous donne l’occasion de méditer sur notre rapport à la nature.



Je sentais quelque chose d'autre... partout autour... une chose que je n'avais encore jamais remarquée... une force douce et paisible qui m'enveloppait toute entière.
C'était comme si la forêt m'enlaçait telle une mère avec son enfant. Je me laissais aller...
sans résistance, aucune, et le cœur infiniment calmeNell dans son journal

bd.otaku



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