Ce n’est pas de gaité de cœur que Nicnevin quitte Londres pour passer l’été en compagnie de sa mère et de son frère dans un coin sauvage du comté de Northumberland, dans le nord de l’Ecosse.

Alors qu’elle découvre la campagne environnant le manoir poussiéreux ayant appartenu à sa grand-mère que les villageois semblaient considérer comme une sorcière, la jeune fille va se retrouver au cœur d’étrange évènements : ses nuits sont hantées par d’étranges rêves, les animaux ont en sa présence de surprenantes réactions et son frère tombe par hasard sur le corps d’une vieille femme récemment disparue et dont tout laisse à penser qu’elle a été victime d’un meurtre rituel…

Et il y a cet homme dont elle croise régulièrement la route et dont elle va tomber irraisonnablement amoureuse…

Avec Nicnevin et la Reine de Sang Hellen Mullane tisse avec un thriller ésotérique entraînant et déroutant. L’autrice distille avec art une ambiance délicieusement oppressantes alors que des meurtres sanglants évoquant les sacrifices rituels des druides des temps anciens sont perpétrés dans la région…

La scénariste construit son récit autour d’une adolescente rebelle qui vit ces vacances à la campagne comme un chemin de croix. La relation avec sa mère est savamment décortiquée et retranscrite avec force détails, rendant le personnage de Nicnevin particulièrement crédible. Par petites touches, Hellen Mullane émaille la réalité d’évènements troublants qui tirent son récit vers le fantastique alors qu’une magie ancienne dont on ne sait si elle est maléfique ou bénéfique semble ressurgir par bribe dans le sillage de la jeune femme, annonçant un final dantesque…

Oscillant entre le polar ésotérique et le récit initiatique, Nicnevin et la Reine de Sang est un album aussi troublant qu’inquiétant.

Le trait anguleux de Dom Reardon met en image avec une redoutable efficacité le récit ciselé de Hellen Mullane. Si son style pourra heurter l’œil de certains lecteurs, force est de reconnaître que, conjugué aux couleurs Lee Loughridge, il parvient avec force à créer cette atmosphère unique qui baigne le récit.

Les rôlistes amateurs de Nephilim ou de l’Appel de Chtulhu apprécieront sans nul doute la tonalité poétique et horrifique de l’album…

- Tiens, laisse-moi t’aider. Tu sais que c’était la maison d’une sorcière avant ?
- Non, juste de ma grand-mère.dialogue entre Reggie et Nicnevin