Atlanta 1913. Le corps de la jeune Mary Phagan, 14 ans, est retriuvé sans vie dans la cave de l’usine où elle travaillait. Tout laisse à penser qu’elle a été étranglée et violée.
Bien vite, deux suspects se détachent : l’un est Leo Leo Frank, patron blanc de l’usine qui serait la dernière personne à avoir vu la victime en vie. Le second est employé de l’usine, un balayeur noir qu’on a vu laver une chemise couverte de sang et dont on reconnaîtra bientôt l’écriture sur une lettre que la victime aurait écrit durant son agonie et désignant une personne de couleur comme étant son meurtrier…
Qui du riche patron juif venu de Boston ou du pauvre employé noir sera inculpé et condamné ?
La question posée par le pitch proposé par l’éditeur induit une réponse évidente au lecteur ayant oublié le titre de l’album… Car, comme la première séquence le révèlera, l’homme branché figurant sur la couverture n’est autre que Leo Franck, le patron de l’usine qui avait la malchance d’être juif, et qui plus est originaire de Boston…
Car dans le sud raciste, le ressentiment des habitants des états anciennement confédérés envers les riches nordistes est encore grand et le sang versé durant la Guerre de Sécession qui a vu le pays se déchirer n’a pas encore coagulé…
Le scénariste de l’édifiant
One, two, three, four, Ramones!, du
Grand A, de la
La pyramide de Ponzi ou de
Noir Metal met en lumière ce que l’Amérique a de plus sombre. Solidement documenté, l’album expose froidement, cliniquement presque, les faits, tels qu’ils ont été portés à la connaissance du public, au travers des témoignages, des rapports d’enquête, des minutes du procès ou des coupures de presse qui parlèrent de ce qu’il y a tout lieu d’appeler l’Affaire Dreyfus américaine… Jusqu’au témoignage de Alonzo Mann qui, arrivé au soir de sa vie, va se confier à des journalistes pour soulager sa conscience, après s’être tue à la demande de ses proches…
Mais
Ils ont tué Leo Frank interroge sur le rôle de la presse qui, pour vendre du papier, ou aujourd’hui pour faire du buzz, sont prêt à relayer le rumeurs les plus folles rumeurs qui ne faisaient qu’alimenter la haine de la population envers le meurtrier.
Une fois condamné par le tribunal, à cause de lourdes charges, la grâce du gouverneur ne pouvait qu’être l’étincelle qui allait mettre le feu aux poudres, embraser la ville et inciter des notables à se faire justice eux même, soutenu par leurs administrés… On voit l’implacable machinerie se mettre en branle et broyer inexorablement celui que la justice populaire désigne comme le coupable…
Mis en image par le trait sobrement réaliste d’Olivier Perret, Xavier Bétaucourt nous fait un compte-rendu saisissant du tragique enchaînement des avènements qui ont conduit au lynchage de Leo Frank le 17 août 1913. Le crime abject d’une gamine de quatorze ans, la presse qui en fait ses choux gras et livre un coupable à la vindicte populaire, la justice qui rend sa sentence et la grâce du gouverneur qui met le feu au poudre…
C’était il y a cent ans… Mais l’épilogue glaçant nous rappelle que la haine qui a engendré ces tragiques événements n’est pas morte et que la misère, la pauvreté et l’acculturation en toujours le terreau fertile…
- Et puis le climat est très vite devenu complètement hystérique… A cause de gens comme vous.
- Comment nous ?
- Oui, vous… les journalistes.dialogue entre Alonzo Mann et les journalistes