1894. Des astronomes observent d’étranges activités à la surface de Mars… Peu après, des météores en provenance de la planète rouge se dirigent vers la Terre. L’un d’eux s’écrase dans le Surrey, en Angleterre…
Bien vite, une foule de badauds s’agglutine devant ce qui s’avère être un étrange cylindre… Tous sont tués par un mystérieux rayon émanent de l’étrange véhicule, sauf le narrateur qui s’en sort miraculeusement indemne et entame une fuite éperdue… Des créatures tentaculaires sortent du cylindre aux commandes de tripodes mécaniques et exterminent, méthodiquement, la population… Une cohorte de hussards venus combattre ces créatures sont décimés à leur tour…
La guerre des mondes est déclarée et l’humanité ne semble pas pouvoir rien pouvoir faire pour endiguer la progression des envahisseurs venus de Mars…
Plus d’un siècle après sa publication, le chef d’œuvre d’H.G. Wells n’en finit plus d’inspirer cinéastes et scénaristes. Orson Welles en avait fait avant-guerre un feuilleton radiophonique qui déclencha dit-on des scènes de paniques des auditeurs persuadés que le speaker leur racontait une invasion bien réelle ! En 2005, c’était au tour de Steven Spielberg d’en proposer une adaptation en demi-teinte alors que Canal + l’a décliné en série l’an passé avec un bilan mitigé pendant que la B.B.C. en signait une remarquable adaptation…
Et ce n’est pas la première fois que le roman s’est vu transposer au neuvième art, le grand Edgar P. Jacobs en signa par exemple une adaptation pour le journal de Tintin dès 1946 alors que Dobbs, associé à Vicente Cifuentes, en proposa un diptyque en 2017… C’est à présent au tour du jeune et prometteur Thilo Krapp de s’attaquer à ce monument de la science-fiction…
Difficile de ne pas être séduit par sa couverture qui évoque celle des premières éditions des roman d’aventure du XIXe siècle. L’approche de l’auteur s’avère très respectueuse de l’œuvre originelle dont on apprend que la lecture l’avait profondément marqué… Malgré les inévitable coupes, il parvient à conserver les lignes de forces du roman et ses principaux protagonistes tout en l’inscrivant dans une veine éminemment littéraire, par le truchement de récitatifs bien équilibrés. On y retrouve la critique acerbe de la guerre et du colonialisme avec ses hordes de martiens, supérieurs technologiquement, qui annihile tout sur leur passage, sapant sans vergogne les fondements d’une civilisation dont ils ignorent tout… La fin du roman s’avère elle aussi délicieuse : ce n’est pas les actions héroïques d’une poignée d’humain qui allait venir à bout de ces hideuses créatures tentaculaires mais une bête bactérie… Que sont nos civilisations, nos connaissances et nos technologies dérisoires au regard de l’infiniment petit ? Un constat amer et lucide qui trouve dans les évènements récents de tragiques et retentissants échos…
Subtilement mis en valeur par les couleurs de Xavi di Motell, le trait vif et élégant de Thilo Krapp retranscrit avec force la fuite des différents personnages devant l’inexorable avancée des tripodes qui sèment mort et destruction sur leur passage.
On appréciera le dossier graphique qui clôture l’album et montre le soucis du détail qui a animé l’auteur dans sa reconstitution minutieuse de l’époque…
Précurseur de la Science-Fiction moderne, l’œuvre d’H.G. Wells a profondément marqué ceux qui s’y sont frottés par sa capacité à dépeindre le chaos de façon saisissante et parfaitement crédible, comme le prouveraient les scènes de panique qui ont, d’après la légende urbaine, suivit la diffusion radiophonique orchestrée par Orson Welles…
Le jeune et prometteur Thilo Krapp en signe une adaptation très respectueuse de l’œuvre originale, porté par de longs récitatifs et des dessins élégants et expressifs qui retranscrivent avec force les scènes d’hystérie accompagnant l’inexorable progression des tripodes martiens...
On retrouve en filigrane la dénonciation de la guerre en général et de la colonisation en particulier, avec un final impromptu qui fait de ce récit une histoire sans héros… Sobre et efficace, l’album donne bougrement envie de se replonger dans l’œuvre originelle !
Je demeurai interdit, sans comprendre que c’était la mort qui venait de les frapper l’un après l’autre, invisible, inéluctable, un doigt brûlant qui s’approche de moi. Il serait arrivé jusqu’à moi si le rayon ardent avait décrit un cercle complet mais il m’épargna. Robert, le narrateur