Le plus vieux souvenir de Kaënn remonte au jour où on père a défié le Maître Ogham du clan des Hautes Frondaisons et y a laissé sa vie… De sa vie d’avant, il ne se souvient de rien…

Adopté par la meurtrière de son père, il a grandi dans la forêt de Torunn au sein de ce clan à la réputation rude et sauvage… Un jour, Adumenör, Maître Ogham d’un autre clan vient, comme le veut la coutume, défier celui du clan des Hautes Frondaison… Affaiblie par la maladie, cette dernière est vaincue et, refusant la clémence de son adversaire, tuée… Kaënn entre dans une rage folle et s’en prend à Adumenör qui le condamne à une mort lente…

Libéré par Am’rör, son maître d’armes et ami centaure, Kaënn est contraint à fuir et à se réfugier au cœur de l’antique forêt… Sa route va croiser celle de Syriën, Maître Ogham déchue elle-même animée par la vengeance…

Nicolas Jarry est sans conteste l’un des plus prestigieux scribes des Terres d’Arran. Ses écrits nous entraînent dans l’histoire de ce vaste monde foisonnant de vie, d’intrigue et de complots, de guerres sanglantes et de luttes fratricides… Ce récit nous entraîne au cœur même de la mythique forêt de Torunn, l’une des plus ancienne, des plus mystérieuses et des plus dangereuses d’Arran pour y suivre le destin de Kaënn, jeune et fougueux elfe pour qui l’honneur n’est pas un vain mot…

Comme bien souvent dans les récit du scénariste, la filiation y occupe une place importante puisque le plus ancien souvenir de l’elfe remonte à la mort de son père et l’on se doute bien que c’est dans ce passé lointain que l’histoire qui nous est contée plonge ses racines tortueuses… Difficile de ne pas être séduit par la structure narrative de ce récit solidement charpenté et par la façon dont l’auteur déroule son histoire de façon particulièrement entraînante tout en saupoudrant l’album d’éléments densifiant l’univers foisonnant des Terres d’Arran, de la relation entre les nains et les elfes de ces contrées en passant par les traditions anciennes qui régissent les clans de la forêt en faisant la part belle à la puissante et mystérieuse magie ogham… L’un et l’autre se mêlent et s’entremêlent de façon inextricable, formant un tout cohérent et parfaitement maîtrisé qui fait le charme des séries se déroulant sur le Terres d’Arran… Si la galerie de personnage auquel Nicolas Jarry prête vie s’avère intéressante, nous avons particulièrement apprécié celui centaure, lui aussi hanté par un passé qu’il cherche à noyer dans l’alcool…

Réalisé à quatre mains, le dessin s’avère d’autant plus réussit qu’il est sublimé par une mise en couleur subtile qui souligne la puissance sauvage des sous-bois de cette ancienne forêt. Les compositions de Bertrand Benoît et Gianluca Maconi sont tout à la fois efficaces et immersives, des scènes de combats où se déchaînent une saisissante violence jusqu’aux passages plus mélancoliques où notre jeune héros s’interroge sur sa place dans ce monde tourmenté…

Première série se déroulant dans les Terres d’Arran, Elfes n’en finit plus de nous séduire et de nous envoûter, contribuant à esquisser les contours d’un univers captivant qui va prochainement servir d’écrin à un jeu de rôle ambitieux et alléchant que nous attendons avec une impatience fébrile…

Assisté au dessin par les talentueux Gianluca Maconi et Bertrand Benoît, Nicolas Jarry tisse une intrigue tourmentée sur fond de vengeance, d’honneur, de mensonges et de trahisons… Un récit éminemment shakespearien plein de haines et de passions qui entraînera le lecteur au cœur même d’une des plus anciennes et mystérieuses forêts de ces contrées…

Ils s’étaient acharnés… Ceux auprès de qui j’avais grandi avaient préféré s’en prendre à moi plutôt qu’au meurtrier de Yabva, notre maître qui les avaient protégés depuis toujours. Si Alorënn ne les avaient pas arrêtés, ils m’auraient tué. Elle aurait mieux fait de les laisser m’achever. J’avais été condamné à crever comme une mouche harponnée par une plante carnivore… La sève de l’arbre-ogre empoisonnait mon sang et mon esprit…Kraënn