Perdue au Pays des Songes, Blue doit aller de l’avant pour échapper à la forêt menaçante qui avance, inexorablement… Elle et MJ arrivent à Sad City, une cité toute entière dédiée à la tristesse où les larmes sont une monnaie sans qui rien n’est possible…

Les rumeurs affirment que la cité est dirigée par un être capable de réaliser tous vos vœux en échange de précieuses larmes… Encore faut-il parvenir jusqu’à lui et échapper aux embûches qui se dresse sur votre route…

Après un premier tome particulièrement enthousiasmant, c’est avec envie que nous nous sommes plongé dans ce second tome pour retrouver notre jeune héroïne au Pays des Songe… L’album est une fois de plus superbement édité et la magnifique couverture exerce sur la chaland une étrange et indicible fascination, avec ce titre embossé et métallisée surplombant une illustration évoquant l’univers poétique, inquiétant et onirique de Miyazaki…

Impossible de ne pas succomber à nouveau aux charmes des formidables illustrations de l’auteur qui esquisse les contours d’un univers foisonnant d’inventivité. Son découpage s’avère résolument moderne, et ses cadrages inventifs, usant avec art des différentes valeurs des plans, confère à l’ensemble un savoureux air de film d’animation. Son trait expressif rend ses personnages et délicieusement inquiétants ou particulièrement touchants, à commencer par l’héroïne dont les grands yeux trahissent tour à tour son émerveillement ou ses angoisses… Les monstruosités cauchemardesques auxquelles l’artiste donne vie sont réellement impressionnantes et l’on appréciera ses décors foisonnants qui contribuent à distiller cette atmosphère unique qui baigne chaque séquence, magnifiée par une mise en couleur impressionnante de maîtrise…

A l’instar d’Alice et de son Pays des Merveilles, Blue poursuit son voyage oscillant entre rêve et cauchemar qui la conduira à la lisière de l’enfance… Car cette histoire truffée de symboles se pare des atours du récit initiatique, chaque étape du voyage étant une étape de la mue amorcée par Blue avec le premier tome et qui devrait la transformer, peu à peu, en une adolescente ayant vaincu ses peurs enfantines qui s’autorisera d’être heureuse… Quelle délicieuse idée a eut l’auteur d’accompagner la lecture d’une bande originale élaborées avec soin pour souligner l’ambiance de chaque scène clef, renforçant ainsi l’immersion dans son histoire !

Première série de Davide Tosello, qui avait précédemment fait montre de son talent dans le monde ludique, Blue au Pays des Songes est un récit initiatique envoûtant…

Lorgnant du côté des univers de Hayao Miyazaki comme du côté des mondes oniriques et délicieusement décalés de Lewis Caroll, l’auteur nous propose un scénario très graphique où la jeune héroïne va devoir affronter ses peurs et ses tristesses qui s’incarnent dans ce monde des songes pour qu’elle puisse les affronter et en sortir grandie…

Poétique et inquiétant, scénario et dessins sont d’autant plus réussis qu’il sont sublimés par une mise en couleur subtile et délicate qui baigne la série d’une lumière envoûtante et pleine de charmes irréels…

Dès l’ouverture des portes de la ville, la tristesse me frappe de toute sa force. J’ai du mal à reprendre mon souffle. C’est comme si, d’un seul coup, l’air était devenu irrespirable. On n’attend jamais rien de la tristesse. Elle vous frappe, c’est tout. Et avec un peud e chance, l’expérience vous change. Blue, au seul de Sad City

(*) clin d’œil à la chanson de Michel Jonasz