Julie Petit-Clou se réveille en sueur… Ce n’étais qu’un terrifiant cauchemar où un condamné à mort masqué et enchaîné s’échappait du fourgon qui le conduisait à l’échafaud avant de se retourner et de hurler à Julie qu’il arrivait…

Alors que se prépare l’exposition universelle de Paris de 1878, les autorités demande à la voyante de quitter la place qu’elle occupe, face au Trocadéro… La belle ne s’en laisse pas conter et va d’emblée trouver celui qui souhaite l’évincer de SON emplacement… Il s’agit du Professeur Vaudremer, éminant phrénologue qui donne en ce moment une conférence sur son étrange science, exhibant un meurtrier en passe d’être exécuté comme une bête de foire. Julie reconnaît alors l’homme de son cauchemar…

Peu après, ce dernier s’évade de façon spectaculaire, comme Julie l’avait prédit… Dans son sillage, les cadavres pleuvent comme à Gravelotte alors que le meurtrier se rapproche dangereusement de la bohémienne…

La fille de l'exposition universelle est une série concept enthousiasmante qui entraîne les lecteurs dans les coulisses des expositions universelles qui se sont déroulées en France de 1855 à 1939… Si chaque tome propose un récit auto-conclusif, en conteur émérite, Jack Manini a imaginé un fil rouge reliant chacun des albums : Julie Petit-Clou que l’on a connu gamine dans le premier opus et qu’on quittera grand-mère (ou ectoplasmique ?) dans le dernier album…

Et la bohémienne s’avère particulièrement attachante… De même que ses frangins qu’on a connu hauts comme trois pommes et que l’on voit grandir et s’affirmer dans ce Paris de la Belle Epoque… Le scénariste nous entraîne cette fois dans les allées de l’expo de 1878 où l’on croise d’éminents scientifiques ou d’inventifs inventeurs dont les trouvailles allaient, pour certaines, révolutionner l’histoire de l’humanité… ou sombrer dans l’oubli car trop avant-gardiste !
Jack Manini parvient à retranscrire cette effervescence tout en nous déroulant un polar captivant plein d’événements rocambolesques et de faux-semblants au centre desquels on trouve bien évidemment la pétillante Julie Petit-Clou… L’intrigue principale gravite autour de cette étrange (pseudo) science qu’est la phrénologie dont les fervent défenseurs étaient persuadés que l’étude des reliefs du crâne reflétaient le caractère d’un individu et pouvait permettre de prédire ses penchants criminels…

Aux crayons, on retrouve le sémillant Etienne Willem qui a posé pour un temps ses valises et ses pinceaux dans le Paris de la Belle Epoque, le teintant parfois de merveilleux lorsqu’il s’associe à Pierre Pevel… Difficile de ne pas être séduit par sa mise en page audacieuse qui évoque à elle seule la Belle Epoque ! Et que dire de ces somptueux visuels qui redonne vie à l’exposition de 1878 et c’est avec plaisir qu’on l’accompagne dans ce Paris foisonnant de vie… Mais c’est surtout son sens du cadrage et du mouvement qui impressionne ainsi que sa façon si particulière d’animer des personnages follement expressifs. D’un album à l’autre, l’auteur fait subtilement vieillir et évoluer les personnages et leurs costumes, imprimant la marque du temps qui passe de façon subtile mais prégnante…

Cerise sur le gâteau, les auteurs se sont amusés à inviter dans leur récit des guest stars du neuvième art ou de notre époque contemporaine où à détourner sans vergogne des sentences de personnages prestigieux en les sortant de leur contexte, rendant la lecture de cet opus plutôt sombre particulièrement rafraîchissant…

Chaque nouveau tome de la série est l’occasion pour les auteurs de nous immerger dans une époque et de nous entraîner dans les coulisses des différentes Expositions Universelles. Véritables vitrines de leurs temps, elles vont servir de cadre à des enquêtes policière légèrement teintée de fantastique mettant en scène la pétillante Julie Petit-Clou et sa petite famille ainsi qu’une foule de personnages secondaires bien plus profonds qu’il n’y parait, tel ce tueur inquiétant qui sème la mort dans son sillage...

Jack Manini a su trouver le parfait équilibre entre drame et légèreté, grâce au dessin dynamique et joyeusement expressif d’Etienne Willem qui vient contrebalancer la noirceur du récit…

L’album est complété par un dossier aussi captivant qu’édifiant dans lequel Julie elle-même guide le lecteur dans les allées de l’Exposition Universelle et présente les inventions qui ont marqué leur temps et les visiteurs…

- Vous écoutez mon avis, maintenant commissaire ?
- Fais pas ta maligne ! Je sais bien que tu m’avais prévenu pour Vaudremer. Et alors ? On peut se demander situ l’avais prédit parce que ça devait arriver ou si c’est arrivé parce que tu l’avais prédit ?! Jum ?!dialogue entre Julie Petit-Clou et le commissaire Murger