Leur précédente enquête avait mis la lumière sur le passé sulfureux de la branche bordelaise de la famille de Flora…

Alors qu’elle et Hugo venaient de lever l’étrange malédiction qui planait sur la l’hôtel particulier de sa tante conservatrice et acariâtre, sa défunte mère, dont l’esprit a pris possession du corps d’une momie égyptienne, lui révèle qu’elle a té assassinée, empoisonnée par le parfum qu’on lui avait offert à son dernier anniversaire… Brouillée à mort avec sa famille, Flora va jouer la scène des réconciliations pour élucider le meurtre de sa mère et trouver qui, parmi ses proches, a pu commettre pareille vilénie…

Commence alors une enquête douloureuse qui réveillera les fantômes du passé et d’indicibles créatures qui, pensaient-on, devait dormir éternellement… et marquer la fin de l’ASPIC…

C’est non sans un certain pincement au cœur que nous nous sommes lancés dans cette huitième et dernière enquête de l’agence ASPIC à la suite de ses deux fondateurs et seuls investigateurs : Flora et Hugo… Car au fil des albums et de leurs aventures fantastiques au cœur de la France de la Belle Epoque, on s’est attaché à ces deux personnages hauts en couleur qui, tout en menant des enquêtes aux accents paranormaux, se révélaient au fil de leurs aventures riches et complexes…

Thierry Gloris nous a concocté un final aussi poignant que dantesque avec une montée en puissance savamment orchestrée et une dernière planche évoquant la fin d’une série à succès mettant en scène un légiste tueur en série… C’est avec un plaisir non dissimulé que l’on recroise dans cet ultime album d’éminents personnages rencontré lors de précédentes opus, tel Auguste Dupin qui a fut le mentor de Flora avant qu’il ne se brouillent… Nos deux détectives de l’étrange vont sortir pour le moins éprouvés de leur dernière enquête, comme le suggère certaines séquences sibyllines où l’on voit un Hugo vieillissant consigner par écrit cette présente et éprouvante aventure…

Emmanuel Despujol signe une fois encore un album bougrement dynamique mis en scène avec une pertinence et efficacité. Joliment mis en valeur par les couleurs de Cyril Saint-Blancat qui a rejoint l’aventure au tome précédent, son trait semi-réaliste anime la formidable galerie de personnages imaginés par le scénariste, certains attachants, comme nos deux enquêteurs, d’autres plus antipathiques, voire franchement inquiétants… Ses crayons redonnent vie à la Belle Epoque, composant des intérieurs saisissants et nous offrant de vertigineux visuels de Bordeaux… Les scènes ténébreuses aux accents lovecraftiens se déroulant dans les entrailles de la cité girondine sont impressionnantes et instaure un climax qui ravira les amateurs du Maître de Providence… Si ses scènes d’action sont chorégraphiées avec soin, le dessinateur parvient à distiller l’émotion, notamment dans les flashforward qui rythment le récit…

Avec ce huitième tome, l’indomptable Flora et le facétieux Hugo tirent leur révérence et le rideau retombe sur cette série envoûtante aux accents feuilletonesque… Et ce n’est pas sans un pincement au cœur que nous abandonnons nos deux détectives de l’étrange, personnages il est vrai très attachants…

Pour cet ultime épisode, Thierry Gloris et Emmanuel Despujol nous ont concocté un album haut en couleur dans lequel la tension, savamment orchestrée, va crescendo au fil des pages pour un final dantesque aux accents lovecraftiens riche en action et en émotions… et un épilogue délicieusement mélancolique…

Amateurs de polars fantastiques, ne passez pas à côté de cette pépite sombre et rafraîchissante !

C’est par cette réplique que s’ouvre la seconde partie de notre enquête. Nous l’ignorions encore mais elle allait profondément changer nos vies. Même dix années plus tard, j’ai encore de l’affliction à écrire ces lignes. Une page était en train de se tourner. Mais nous ne le savions pas encore.Hugo