



Camerone, 30 avril 1863. Soixante légionnaires résistent pendant près de douze heures à près de deux mille mexicains… Parmi eux, le jeune Casimir Laï…
Un an avant, le jeune homme s’était enrôlé dans la légion après avoir fui Lyon, sa ville natale, où il avait poignardé un beau-père violent… Rebelle à l’autorité, c’est en Algérie que Casimir découvre la la discipline en même temps que le sentiment d’appartenance à un corps, partageant son quotidien avec des hommes de tous horizons venus chercher l’aventure ou fuir leur passé criminel…
Alors que Danjou et les officiers rêvent de quitter l’Algérie pour aller combattre au Mexique, Casimir rêve de désertion pour retrouver la belle et farouche Zélie qu’il a perdu de vue lors de leur arrivée…
C’est peu dire que nous avions été enthousiasmés par
Le tambour, premier chapitre de
Legio Patria Nostra qui marque l’arrivée d’un auteur prometteur dans le neuvième art qui a gagné ses galons de scénariste en travaillant pour le grand et le petit écran…

Pour sa première série, Jean-Andre Yerles fait montre d’une impressionnante maîtrise narrative et d’un sens du montage confondant… Le prologue de l’album nous entraîne une fois encore au Mexique, alors que la bataille de Camerone qui sera considéré comme l’une des grands faits d’armes de la Légion Etrangère touche à sa fin… Casimir Laï qui officiait comme tambour semble être le seul survivant du massacre… Un premier flashback nous entraîne dans le djebel algérien pour nous faire revivre l’escarmouche durant laquelle Danjou perdit la main qui sera remplacée par sa célèbre prothèse… Un second nous transporte dans cette même Algérie, à Sidi-Bel-Abbès, un an avant la bataille de Camerone, alors que le jeune Casimir découvrait la discipline et apprenait le métier de soldat… Maître des horloges, le scénariste nous entraîne avec force dans les coulisses d’une défaite annoncée, défaite glorieuse et honorable, au vu des circonstances…
Mais c’est surtout la façon dont il compose ses personnages et les liens les unissant qui rend son récit si passionnant. Par petites touches, au fil des péripéties auxquelles les légionnaires vont être confrontés, on sent ces hommes venus de divers horizons faire peu à peu corps, développant l’esprit de groupe qui va donner un sens à la vie de chacun… Il montre aussi avec finesse combien l’inaction des légionnaires commence à leur peser : eux qui sont avant tout soldats se retrouvent cantonnés à n’être que cantonnier tandis que les officiers n’aspirent qu’à servir l’Empire en combattant au Mexique…

S’inspirant de personnages ou de figures historiques, chacun des protagonistes du récit s’avère remarquablement bien écrit alors que la liaison entre Casimir et Zélie apporte une touche romantique à ce récit d’aventure éminemment romanesque… Riche en péripéties entraînantes et porté par des dialogues rythmés et percutants, l’album se referme sur un nouveau cliffhanger absolument vertigineux qui nous fait comprendre que la situation déjà délicate de Casimir ne va faire qu’empirer…
Graphiquement, Marc-Antoine Boidin signe une fois encore un album tout juste magnifique. D’une rare élégance, sont trait est sublimé par une mise en couleur somptueuse qui joue avec les lumières et les ombres de façon confondante… La chaleur écrasante du désert est ainsi formidablement retranscrite, de même que la lumière diaphane baignant les scènes nocturnes qui sont, elles aussi, de toutes beauté. Chaque case de l’album est une petite merveille de composition s’intégrant parfaitement au découpage ciselé de la planche. La lecture s’avère particulièrement fluide tant les cadrages soutiennent magnifiquement l’action. L’artiste parvient avec un désarmante (mais sans doute apparente !) facilité à trahir les sentiments de chacun des protagonistes, faisant ressortir l’humanité de chacun, rendant par la même le récit plus poignant…

Jean-Andre Yerles et Marc-Antoine Boidin poursuivent leur série d’aventure, nous entraînant dans les coulisses de la célèbre bataille de Camerone qui devint la pierre angulaire de l’histoire de la Légion Etrangère.
Difficile de ne pas être entraîné par ce récit d’aventure historique et feuilletonesque solidement charpenté qui nous montre comment un vaurien lyonnais, voleur et meurtirer, allait intégrer la Légion après avoir perdu son seul ami et trouvé l’amour et avant de découvrir cet étrange sentiment d’appartenance né dans l’adversité… Inspiré de personnages historiques, les protagonistes de l’histoire s’avèrent remarquablement bien écrits, portés par des dialogues et des récitatifs ciselés et mis en scène par les crayons et les pinceaux virtuoses d’un Marc-Antoine Boidin confondant de talent…
Dans la lignée du Tambour, premier chapitre de Legio Patria Nostra, Main de bois s’avère aussi passionnant que solidement charpenté…
- psss… Louis ?
- Y’a une alerte ?
- Non, non… J’ai quelque chose à te demander.
- Je dors. Et quand je dors, on m’emmerde pas.
- Je veux devenir un soldat, Louis… Est-ce que tu veux bien m’aider ? Louis ?
- Au lit légionnaire, on s’en occupera demain.dialogue entre Casimir Laï et Louis Philippe Maine