



La révolte estudiantine a été sévèrement réprimée et certains ne s’en relèveront pas… Filles et fils de notables qui ont pris part préfèrent faire profil bas… mais d’autres ne comptent pas en rester là…
Le jeune Roi Mederion n’éprouve aucun remord d’avoir fait preuve d’intransigeance à l’égard du meneur. C’est le prix à payer pour jeter les bases d’un monde nouveau… Pour que son rêve d’une paix durable puisse se réaliser, il est prêt à faire des concessions aux ennemis d’hier et signer un nouveau pacte avec les autres puissances… A commencer par Erinal dont il s’apprête à recevoir une ambassade…
Pour l’heure, conscient de la folie qui ronge Blasserius, le Monarque n’a d’autre choix que de le pousser vers la sortie. Après leurs tentatives d’évasion avorté, les otages princiers se rapprochent et tentent d’intercéder auprès du monarque, sans certitudes que leurs messages lui soient parvenus… Kirill, l’impitoyable mercenaire, est de retour à Angleon, fermement déterminer à mener à bien la mission qu’on lui a confié, malgré les profondes blessures dont il souffre encore… Alors qu’il devient l’intime du roi, on devine que Thys est ébranlé par les récents événements auquel il a dû prendre part…

Il est souvent plus difficile de finir que de commencer… On attendait beaucoup de ce sixième tome des
5 Terres qui devait refermer un premier cycle complexe et tortueux qui nous entraînait dans l’ombre du trône d’Angleon… Et, avec
Pas la force, les auteurs vont au-delà de nos plus folles espérances…
Dans les premiers tomes, nous avions suivi la lente et inexorable ascension d’un jeune Prince ambitieux aussi intelligent que machiavélique et qui était parvenu, à force de complots et de manigances, à ceindre la couronne… Sa jeunesse ne fut en rien un obstacle à son accession au pouvoir et du haut de sa jeunesse, et conseillé par son Ombre et amant, il se montre un monarque inflexible et visionnaire à même de bouleverser en profondeur la société et le monde cruel et violent des 5 Terres… Mais de nombreuses factions sont à l’œuvre dans les coulisses du pouvoir et, malgré les apparences, le royaume est au bord de l’abîme…
Difficile de ne pas être, une fois encore, impressionné par la cohérence de cet univers porté par des personnages aussi fascinants qu’inquiétants qui gravitent autour du trône… Tout en nuances et en subtilité, chacun poursuit ses propres desseins qui vont, souvent, se heurter à ceux des autres… Et dans ce monde implacable et violent, il n’est rien qui ne se résolve dans le sang…

Composé à six main par un Luwelyn très inspiré, (pseudo emprunté par les trois talentueux scénaristes que sont David Chauvel, Patrick Wong et Andoryss), le scénario de ce sixième tomes est une fois encore remarquablement orchestré… Parfaitement maîtrisés, les différents récits parallèles induisent une délicieuse frustration et un page-turner frénétique tant les auteurs ont pris un malin plaisir à passer de l’un à l’autre au moment fatidique… Le découpage de l’album est en cela une petite merveille de cruauté scénaristique, chaque planche, ou presque, s’achevant sur une case dotée d’un micro-climax hallucinant…
Il faut dire, qu’officiant au dessin, Jérôme Lereculey fait une nouvelle fois montre de ses talents de dessinateur et de metteur en scène. Souvent vertigineux, ses cadrages servent remarquablement la narration et scènes de dialogues nerveux et tendus comme scènes de combats virevoltants sont mises en images avec une même redoutable efficacité. L’artiste anime avec art la formidable galerie de personnages anthropomorphes imaginés par Luwelyn et retranscrit avec finesse leurs états d’âme, soignant le jeu d’acteur et leur gestuelle pour accentuer la dramaturgie de l’histoire.
Difficile d’imaginer, en voyant la qualité et l’élégance de ses compositions, que l’auteur a bouclé pas moins de six tomes en moins de deux ans ! La mise ne couleur de Dimitris Martinos est elle aussi de toute beauté, nous offrant de somptueux visuels et renforçant avec maestria l’atmosphère de chaque scène…

Sorti en un temps record (6 tomes en moins de deux ans !), les 5 Terres se sont d’emblée imposées comme l’une des meilleures séries de medieval-fantasy du neuvième art…
Avec son intrigue ciselée, ses récits croisés enchevêtrés solidement charpentés, ses personnages hauts en couleur et tortueux à souhait et cette montée en puissante savamment orchestrée, la saga tissée par Luwelyn (alias David Chauvel, Patrick Wong et Andoryss) n’a rien à envier à la complexité et la richesse foisonnante du Game of Thrones de George R. R. Martin.
Mis en scène par l’impressionnant Jérôme Lereculey et en couleur par le talentueux Dimitris Martinos, ce dernier album du premier cycle des 5 Terres nous offre un final en apothéose aussi inattendu que bluffant…
Il nous tarde de nous replonger dans cet univers envoûtant, d’en explorer d’autres contrées et de découvrir de nouvelles cultures et de nouveaux personnages qu’on espère aussi riches que ceux du premier cycle…
- Il n’y avait, hélas, pas d’autres issue possible. La politique…
- Je sais.
- … exige qu’on soit prêt à faire ou faire faire des choses terribles. C’est en suivant ce chemin difficile que nous avons pu accéder au pouvoir.
- ça n’est pas la même chose…
- Et c’est ce même chemin qu’on doit suivre pour le garder. Toute personne raisonnable et équilibrée ne peut qu’espérer que ça ne se reproduise plus, mais c’est un vœu pieux, et qui n’a aucune chance d’être exaucé.dialogue entre le Roi Mederion et Terys, son Ombre