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Quelqu'un à qui parler
Quelqu'un à qui parler



Fiche descriptive

Roman Graphique

Gregory Panaccione (d'après le roman de Cyril Massarotto)

Gregory Panaccione

Gregory Panaccione

Le Lombard

27 Août 2021


22€50

9782808202404

Chronique
Quelqu'un à qui parler
Le téléphone pleure

Samuel broie du noir. Et il y a de quoi ! Il est célibataire, vit dans un petit appartement sous un toit de Paris et se morfond dans un travail qui ne le passionne pas... Seul chez lui le soir de son anniversaire, Samuel s'amuse à appeler le seul numéro qu'il connait par coeur, celui de sa maison d'enfance.

À sa grande surprise, quelqu'un décroche : lui-même. Le petit Samuel, 10 ans, qui rêve d'être footballeur, de voyager et d'écrire des romans pour impressionner les filles...

Comment garder la tête haute quand on doit avouer à l'enfant qu'on était qu'on n'a réalisé aucun de ses rêves ? Il est temps pour Samuel de reprendre sa vie en main...
un chef d'oeuvre!


Le téléphone pleure
Quelqu'un à qui parler, planche de l'album © Le Lombard / Panaccione / Panaccione / MassarottoSamuel Verdi coincé dans son minuscule appartement parisien broie du noir. Il fête seul ses 35 ans, sans amis, sans amour et avec beaucoup d’emmerdes au bureau à cause d’un patron qu’il exècre dans un job qui l’ennuie… Il décide tout de même de sabrer la bouteille de champagne qu’il a achetée pour l’occasion. Il noie du même coup son smartphone tout neuf !

Soûl, mélancolique et sans personne à qui parler, ne connaissant aucun numéro par cœur, excepté celui de la maison de son enfance, il s’empare de son téléphone fixe et le compose… Un petit garçon répond. Il vient tout juste d’avoir dix ans. Il s’appelle Samuel, Samuel Verdi…


On connaissait Gregory Panaccione pour ses bds déjantées - deux « Donjon » avec Sfar et Trondheim, « Toâjene » et « Mini Vip & Supervip » en collaboration avec Brussolo ou encore la série « Chronosquad » coécrite par Giorgio Albertini - ainsi que pour ses albums muets dont le fameux « Un Océan d’amour » réalisé avec Lupano. Pour la première fois, il s’attaque en solo à l’adaptation d’un roman à succès : « Quelqu’un à qui parler » de Cyril Massarotto paru en 2017 aux éditions XO dans un épais roman graphique de 256p publié aux éditions le Lombard .

Quelqu'un à qui parler, planche de l'album © Le Lombard / Panaccione / Panaccione / Massarotto
Entre intimisme et fantastique
Le roman de Massarotto fondait donc son intrigue sur deux genres spécifiques : le roman fantastique avec le voyage temporel et le dédoublement, mais également une veine intimiste avec l’évocation de l’enfance, du quotidien banal du protagoniste, et d’une histoire d’amour. Or, ces deux genres a priori peu compatibles se retrouvent dans la bibliographie de Panaccione. On pense bien sûr à « Chronosquad » et au couple de bretons d’ « Un océan d’amour », mais il ne faudrait pas oublier une œuvre dans laquelle le bédéiste est seul aux commandes : « Un été sans maman » qui brasse les thèmes de l’enfance, du voyage temporel, de la solitude et de l’imaginaire tous présents dans le roman qu’il choisit d’adapter. Ainsi, même si l’initiative revient à l’éditeur du Lombard, il y a une vraie cohérence entre les univers des deux auteurs.

une mise en scène très graphique
Mais, et c’est là que l‘album apporte sans doute un plus à l’œuvre source, Panaccione choisit de fluidifier la narration en coupant des scènes un peu longuettes et en ajoutant un épilogue (une lettre) qui permet d’éviter une cassure regrettable entre les deux intrigues. Le découpage est très rythmé et la mise en page variée. Il alterne entre gaufrier classique, pleines pages (ah cette superbe vue des toits de Paris !), planches muettes ou au contraires construites autour de dialogues qui s’affranchissent des phylactères et dynamisent la page. Les trouvailles visuelles foisonnent. Il emprunte au manga les cadres noirs de certaines pages. Il crée des pages expressionnistes dans un camaïeu de brun pour évoquer les cauchemars récurrents et énigmatiques du héros. Il adopte aussi un style très cartoonesque quand Samuel imagine les tortures à infliger à son patron suffisant ou quand il éprouve un coup de foudre. Quelqu'un à qui parler, planche de l'album © Le Lombard / Panaccione / Panaccione / MassarottoIl matérialise les sentiments du narrateur sous forme de pictogrammes plutôt drôles et se paie même le luxe d’une double page blanche pour symboliser le choc amoureux. Il réalise enfin de superbes doubles pages pour les conversations entre le héros et son petit moi dans des décors associés à la nature, aux couleurs lumineuses tranchant avec le gris du quotidien du héros ou le noir de ses nuits. Ces pages évitent d’avoir de nombreuses cases fastidieuses de « talking heads » et représentent surtout la nostalgie de l’enfance … de Samuel mais aussi du lecteur.

un savant jeu de miroirs.
Comme dans le roman on peut ainsi percevoir une double énonciation : le protagoniste trouve « quelqu’un à qui parler » en dialoguant avec le petit Samuel mais, à travers eux, Panaccione et Massarotto s’adressent au lecteur. Ce n’est sans doute pas un hasard si le dessinateur a choisi de donner à son héros les traits … du romancier et s’il a sciemment gommé tous les détails abondants du livre sur l’intérieur de la maison familiale dans les années 1980. Le petit garçon est dans l’album toujours cadré en plan rapproché sur un fond neutre : au lecteur d’y projeter ses propres souvenirs d’enfance et ses propres affects …

En mettant en scène de façon littérale le conseil de certains psys et de certains ouvrages de développement personnel « écouter son enfant intérieur » Massarotto proposait un roman original et tendre. Quelqu'un à qui parler, planche de l'album © Le Lombard / Panaccione / Panaccione / MassarottoPanaccione le sublime en en fluidifiant la narration et lui donnant un rythme endiablé. Il nous offre une démonstration de sa maestria graphique en alternant les styles avec beaucoup d’aisance. On y rit beaucoup, on est ému aussi. On ne s’ennuie jamais. C’est un album bienfaisant dans tous les sens du terme ! On en redemande.

Panaccione œuvrait jusqu’à présent sur des scénarios originaux dans tous les sens du terme : bds muettes, humour absurde, création personnelle. Pour sa première adaptation littéraire, il choisit une œuvre drôle et tendre « Quelqu’un à qui parler » de Cyril Massaroto.

Entre intimisme et fantastique, son roman graphique est un fabuleux tribut à l’enfance des auteurs et du lecteur. Panaccione le met en scène avec beaucoup d’inventivité et de dynamisme tant au niveau de la mise en page que dans l’usage des onomatopées des couleurs et des pictogrammes. On rit, on s’émeut, on découvre l’enfant intérieur de Samuel et le nôtre.

Un vrai feel good rafraîchissant !


- "Pas de foot, pas de voyage! Pas de copains ! Et pas d'amoureuse ! Si je ne t'avais pas demandé, t'aurais même pas commencé à écrire. T'es pas moi, c'est pas possible ! T'as trop changé !"

L'enfant que j'étais n'aime pas l'adulte que je suis ...
J'ai abandonné mes rêves ...
J'ai trahi mon âme d'enfant ...Sam et Samuel p. 130

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