Fiche descriptive Album pour Enfant Macbeth, roi d'Écosse Tome 2 Thomas Day Guillaume Sorel Guillaume Sorel Glénat 22 Septembre 2021 16€
9782344029473 Chronique Le livre des fantômes dans l'antre de la folie |
La prophétie des trois sorcières s’est accomplie dans le sang: Macbeth est devenu roi… Mais certains le considère comme un usurpateur et un régicide… Mais s’il a coiffé la couronne d’Ecosse, le souverain ne fait que suivre et subir le destin que Lady Macbeth lui écrit en lettres de sang… Au fil des années, écrasé par le poids des remords et de la culpabilité, le monarque comprend que son épouse a sombré peu à peu dans la folie et la paranoïa… Mais il lui laissera néanmoins les rênes de l’écosse lorsqu’il s’en alla demander audience au pape de Rome… La reine exercera une régence cruelle et impitoyable, laissant ses sujets exsangues. Le dernier acte peut se jouer et le rideau tomber sur le royaume d’Ecosse… Si William Shakespeare a signé quelques comédies, ce sont surtout ses tragédies qui ont marqué les esprits. Parmi elles, Macbeth occupe une place de choix. une fascinante et glaçante adaptation de la « pièce écossaise » Il faut dire que le destin de ce général victorieux qui, poussé par l’ambition démesurée de sa femme et la prophétie de trois sorcières allait ceindre la couronne de Roi d’Ecosse avant de sombrer dans la paranoïa puis la folie exerce sur l’auditoire une fascination malsaine. Mais Thomas Day et Guillaume Sorel ne se contente pas d’adapter la pièce du dramaturge élisabéthain en bande-dessinée, ils la revisitent avec audace, faisant de Lady Macbeth l’instrument armé et implacable du destin…Car si dans la pièce originelle, elle pousse son époux à commettre bien des atrocités, elle le met dans l’album devant le fait accompli, donnant corps aux prophéties des sorcières qui figurent les Parques ou les Moires antiques. Ce n’est pas Macbeth qui assassine l’ancien roi pour lui ravir son trône mais sa femme qui, ne supportant pas l’indécision et la mollesse de son époux, fracasse la porte du souverain et sa tête à coup de hache après avoir trucidé deux chambellans, les désignant aux yeux de tous comme les régicides. Ce n’est pas le roi qui fait occire son ami et conseiller mais Lady Macbeth qui paye à vil prix des assassins pour exécuter la sale besogne… Elle est la tentatrice, semblable à l’Eve biblique, qui attire son époux dans le péché. Et, si Macbeth souffre de ce que sa femme accomplit pour assurer son règne, ce n’est pas lui, mais elle, qui sombre peu à peu dans la folie, hanté par le fantôme d’une de ses victimes… Bousculant la pièce originelle pour redonner à Lady Macbeth le rôle qu’elle occupe dans l’imaginaire collectif, somme toute assez éloigné du rôle d’instigatrice qu’écrivit pour elle le dramaturge, Thomas Day incorpore au récit des motifs de l’histoire écossaises qui avaient inspiré sa pièce à Shakespeare, bouclant ainsi un ouroboros scénaristique et historique de façon particulièrement savoureuse. un dessin somptueux, sublime et tourmenté Qui d’autre que Guillaume Sorel aurait pu mettre en image avec tant de force cette sanglante et implacable tragédie ? Son trait acéré est littéralement sublimé par ses couleurs envoûtantes et sombrement lumineuses qui baignent chaque scène d’une lumière inquiétante à la lisière du fantastique ? Ses compositions puissantes nous offrent de somptueux visuels avec des cases hallucinantes s’étalant sur deux pages, sans jamais sacrifier la narration à la beauté. Ses cadrages audacieux et virtuoses renforcent avec finesse la dramaturgie du récit et les poses théâtrales dont il pare les personnages fantomatiques du drame renforcent la furieuse impression que, au milieu de spectres indécis, seule Lady Macbeth est une âme vive, mue par une ambition rageuse et prête à tout pour que se réalisent les prédictions des sorcières … La folie envahie peu à peu chaque case et distille son poison fielleux… Il faut souligner que l’usage d’un papier mat rend justice au formidable travail de couleur réalisé sur cet album et dont on peut apprécie chacune des nuances…Depuis ses premiers travaux dans les pages de Casus Belli, sa sinistre Île aux Morts, son sombrement féérique Algernon Woodcock en passant par son angoissant Horla ou sa somptueuse Alice aux Pays des Merveilles, avec son style inénarrable mais reconnaissable entre tous, Guillaume Sorel a aiguisé l’imaginaire de bien des lecteurs dont certains sont devenus depuis scénaristes, romanciers ou dessinateurs. Son dessin sublime et tourmenté colle si parfaitement au récit de Shakespeare que l’association de leurs univers apparaît comme une évidence… Plus qu’une adaptation, Macbeth, roi d’Ecosse revisite l’une des pièces emblématiques de William Shakespeare, renouant avec la grande histoire qui inspira la pièce au dramaturge et attribuant à Lady Macbeth le rôle qu’elle occupe dans l’imaginaire collectif, bien plus sombre, tortueux et cruel que celui que lui tissa l’auteur… Sans doute fallait-il un soupçon d’audace pour revisiter de la sorte la tragédie shakespearienne ! Mais les talents conjugués de Thomas Day et Guillaume Sorel aidant, ce récit, prenant place sur cette frontière brumeuse et éthérée séparant la réalité du fantastique s’avère, tout à la fois sombre et entraînant. Le trait acéré et les couleurs somptueuses de l’artiste retranscrivent avec justesse la violence distillée par les vers du dramaturge élisabéthain alors que la fin, délicieusement anachronique montre combien l’amour, une fois encore, se cachait au cœur du mal… Ainsi s’achève ce diptyque et la vie de Macbeth, roi d’Ecosse, et de son ambitieuse et sulfureuse compagne… Eveillé, je rêve à présent d’une adaptation d’Hamlet signé par cet impressionnant duo d’auteurs très complémentaires… - Depuis san naissance en Grèce, la politique est un perpétuel mouvement de va et vient… Une mort violente dans le camp de droite précède sa réplique dans celui de gauche. Nous tuons Ducan, Crinan essaiera de vous tuer. C’est une étreinte sans fin, celle des anneaux du serpent, et il est là, le vrai plaisir de la vie. Dans cette mort qui louvoie autour de nous… Dan le cas de Cuilén, j’ai brisé le cercle des actions punitives. Ne mesurez-vous pas toute cette douleur que j’ai avortée ? Tout ce sang que j’ai mis en terre. Pas d’épouses en larmes. Aucun fils vindicatif à surveiller.
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