


Brillant jeune lauréat d’un prestigieux concours d’architecture, Edgard Withman est un jeune homme modeste et réservé. C’est pourquoi il peine à croire que l’épouse de richissime homme d’affaire Kosmo Vassilian est venu le recruter pour parachever le prestigieux Empire Falls Building.
Le chantier s’annonce pharaonique et plusieurs architectes y ont déjà œuvré sans parvenir à le mener à terme. Le jeune architecte va néanmoins relever le défi mais, sans plan, il peine à comprendre les intentions de ses prédécesseur et plus encore à proposer un projet à son employeur exigeant qui ne lui donne aucune directive.
Empire Falls Building est un album atypique, étrange et inquiétant autant qu’envoûtant.
On y suit le travail d’un jeune architecte embarqué presque malgré lui dans un projet pharaonique dans lequel il va devoir s’investir corps et âme sans avoir de directives claires de la part de son imposant employeur… Admirateur des architecte l’ayant précédé sur l’édification de ce luxueux hôtel newyorkais, il va devoir se plier aux étranges règles tacitement établies, dormir dans une chambre donnant sur un mur aveugle et tenter de comprendre l’agencement des différents en errant dans les couloirs et les pièces surprenantes et labyrinthiques de l’édifice ubuesque…

Au fil de ses pérégrinations et des rebuffades impressionnantes de Kosmo Vassilian à chacun des projets qu’il présente, le jeune homme modeste et timide va prendre de l’assurance, comme si les lieux le construisait autant qu’il les construit. Et il y a Silma, la si charmante épouse de l’homme d’affaire… Elle lui accorde sa confiance et l’encourage dans ses choix. Peu à peu naitra un sentiment amoureux entre ces deux solitudes mais la santé de la jeune femme est vacillante et chacune de ses crises l’affaiblit davantage alors que Vassilian s’affiche avec ses maîtresses…
Empire Falls Building est le rêve fou d’un homme passionné, un rêve qui va devenir peu à peu celui du jeune Edgard Withman qu’on voit s’engager avec d’autant plus d’acharnement dans l’achèvement de l’édifice qu’il tombe amoureux de la douce Silma… Comme si la femme, le building et le rêve n’étaient qu’un… La fin de l’album n’en est que plus tragique et bouleversante…
Pour mettre en scène ce récit baroque empreint de folie et de poésie signée par Jean-Christophe Deveney, il fallait tout le talent de Tommy Redolfi, auteur de l’impressionnant
Holy Wood qui raconte le destin d’une certaine Norma Jeane Baker qui allait devenir Marylin. Son dessin distille avec art cette atmosphère étrange et délicieusement oppressante qui règne sur l’album et ce dès a couverture qui déstabilise par son cadrage par son cadrage atypique. Variant avec art les techniques et les cadrages, il compose un album somptueux qui donne à ressentir le légitime malaise du jeune Withman et la tendre complicité qui l’unit à la fragile Silma.

L’usage audacieux de calques vient se superposer à certaines planches offrant une bien étrange mais pénétrante expérience de lecture…
Edité dans l’élégante collection Noctambule, Empire Falls Building nous entraîne dans les méandres d’un gratte-ciel à la suite d’un jeune architecte, lauréat remarqué d’un concours, qui a accepté l’écrasante charge d’achever ce bâtiment sur lequel ont déjà travaillé plusieurs de ses prestigieux confrères.
Jean-Christophe Deveney signe un scénario baroque empli de poésie et de folie gravitant autour d’un triangle amoureux composé par un riche homme d’affaire aussi exigeant que difficile à cerner, sa charmante et prévenante épouse et un architecte talentueux mais modeste et réservé. A moins que la femme ne soit l’allégorie de l’édifice et du rêve démesuré du premier…
Tommy Redolfi impressionne par son somptueux dessin et ses compositions inventives qui contribuent à poser l’atmosphère étrange qui règne sur l’album et entre les murs de l’insaisissable Empire Falls Building.
- Je savais que j’avais fait le bon choix. Un jeune architecte primé, un « esthète » comme le souligne les journaux. Une évidence !
- Euh… est-ce qu’il serait envisageable de pouvoir accéder aux plans de l’hôtel ?dialogue entre l’homme d’affaire et l’architecte