Nouvelle-Zélande, 1873. Le Pilgrim, un brick-goëlette de quatre cent tonneaux entre au port les cales à moitié vide après deux mois passés en mer. Frustré par cette campagne infructueuse et conscient qu’avec leur maigre pêche ses hommes ne pourront subsister que deux mois, le capitaine Hull accepte la mission de son riche armateur, James W. Weldon : ses affaires l’obligeant à rester à Aucland, il demande au capitaine à qui il accorde toute sa confiance de mener son fils, sa femme et le cousin fantasque de cette dernière à Boston…

Mais ce qui devait n’être qu’une formalité pour ce vieux loup de mer va rapidement tourner au cauchemar… Après avoir essuyé une tempête et recueilli à son bord trois naufragés du Waldeckla route du Pilgrim croise une énorme baleine à bosse. Après une saison de pêche à la baleine désastreuse, le Capitaine Hull ne peut résister et arme une chaloupe pour tuer le cétacé… Hélas, protégeant son petit, la jubarte envoie la chaloupe et ses occupants par le fond…

C’est au jeune Dick Sand, âgé d’à peine quinze ans et protégé du défunt capitaine, qu’échoie de mener le navire à bon port… Mais s’il fait montre de réelle capacité, le voyage ne sera déroulera pas comme prévu...

Avec l’Île au Trésor, un capitaine de quinze ans fait partie de ces romans aventure qui ont profondément marqué des générations de lecteurs. Frédéric Brrémaud et Christophe Picaud s’emparent de ce petit chef d’œuvre de Jules Verne pour en signer une remarquable adaptation. Il existe d’ailleurs plus d’une analogie entre ce roman et celui de Robert Louis Stevenson, à commencer par cet inquiétant et antipathique cuisinier qui ne fait que servir ses propres intérêt et voit dans Miss Weldon et son jeune fils un précieux butin dont il saura tirer parti…

Signé Frédéric Brrémaud à qui on doit la série Love ou encore Brindille, toutes deux mises en image par l’impressionnant Federico Bertolucci, l’adaptation de ce classique de la littérature jeunesse s’avère remarquablement fidèle au roman originel. On retrouve bien évidemment les principaux protagonistes, de Dick Sand, jeune orphelin que le capitaine Hull a pris sous son aile en passant par l’excentrique Cousin Bénédict dont les frasques et la passion de l’entomologie virant à l’obsession sont le ressort comique de l’histoire, le machiavélique Negoro, les trois naufragés, sans oublier Mrs. Weldon et son fils Jack… Et force est de reconnaître que près de 150 ans après son écriture, ce récit rythmé et entraînant n’a rien perdu de sa fougue et de son efficacité.

Le travail de Christophe Picaud (une aventure de Rouletabille ) porte joliment cette histoire, son trait élégant et la souplesse de son encrage sont joliment mis en valeur par la colorisation soignée d’Hamo dont on retrouve une part de la personnalité dans les planches dont le découpage tout à la fois fluide et classique rend la lecture particulièrement agréable.

Chef d’œuvre du roman d’aventure à même de figurer en bonne place aux côtés de l’Île au Trésor, un capitaine de quinze ans méritait une adaptation en BD digne de ce nom. C’est chose faite grâce aux talents conjugués de Frédéric Brrémaud au scénario et Christophe Picaud au dessin.

Les deux auteurs s’emparent avec audace et efficacité de ce récit maritime et initiatique de Jules Verne, pour amorcer un diptyque fidèle et entraînant riche en péripéties et en rebondissements, montrant, si besoin était, que cette histoire n’a rien perdu de sa force et de son efficacité près de cent cinquante ans son écriture…

Les récits de Verne n’ont pas fini de faire rêver et la BD est un formidable medium pour donner le goût de l’aventure et de la lecture aux jeunes générations…

- Ce navire n’est pas un jouet et ce gamin n’est pas un homme. Nos chances de traverser l’océan sont nulles.
- Dick est le plus apte d’entre nous, et je pense que vous et moi n’avons pas le quart de ses compétences.
- Negoro a raison Mrs Weldon… Mais je n’ai pas l’intention de traverser l’océan, suivez-moi dans la cabine du capitaine !dialogue entre Negoro, Mrs Weldon et Dick Sand