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Paris Apache
l'Enfer pour Aube



Fiche descriptive

Policier Historique

l'Enfer pour Aube

Tome 1

Philippe Pelaez

Tiburce Oger

Tiburce Oger

Soleil

02 Mars 2022


15€95

9782302094390

Chronique
Paris Apache
Aube de Sang

Dans le Paris du début du vingtième siècle, des notables sont éliminés les uns après les autres par un étrange Inconnu au visage recouvert d'une écharpe rouge.

Celui-ci, qui n'oublie jamais de laisser un Louis d'Or près de chacune de ses victimes, œuvre de concert avec les redoutables Apaches pour semer la terreur dans la capitale. Dans quel but ?
un chef d'oeuvre!


Aube de Sang
L'Enfer pour Aube, planche du tome 1 © Soleil / Oger / PelaezParis, janvier 1903. Des avenues sont éventrées pour permettre la poursuite de ma construction de nouvelles lignes du Métropolitain.

Le conseiller du Ministre des Travaux Publics, l’Inspecteur Général des Ponts et Chaussées et un Conseiller Municipal devisaient sur l’engeance socialiste qui gangrènent la capitale à bord d’une rame de métro circulant sur une ligne en cours de construction lorsqu’un individu, le visage à demi-caché par une longue écharpe rouge, saute sur le toit et fait irruption ans de leur wagon l’arme à la main. Devant les trois pontes médusés, il ouvre une trappe du plancher masquant le système électrique et y jette une grenade avant de sauter… L’explosion fait dérailler la rame dans un fracas assourdissant, causant la mort des trois notables… Aux côtés des victimes, l’Inspecteur Gosselin, chargé de l’enquête, trouve un Louis d’Or…

Ce meurtre spectaculaire sera la premier d’une longue série et de nombreux notables seront retrouvés morts avec dans leur bouche un Louis d’Or… Bien vite, il apparait que le mystérieux assassin est en cheville avec l’une de ces bandes d’apaches qui terrorisent les bourgeois…


L'Enfer pour Aube, planche du tome 1 © Soleil / Oger / Pelaez
l’obole de Charon
L’Enfer pour Aube fait partie des albums dont j’attendais la sortie avec une impatience fébrile… Tout d’abord pour la période historique : la Belle Epoque fait partie de mes époques de prédilections… Il y a ensuite le nom des auteurs : au scénario, on retrouve le talentueux Philippe Pelaez qui avait su nous captiver avec son Pinard de Guerre, son Maudit sois-tu ou son dans mon village on mangeait des chats ou plus récemment avec son aventureux Bossu de Montfancon… Au dessin, l’impressionnant Tiburce Oger donc chaque nouvel album est un enchantement graphique et scénaristique. Si l’auteur excelle dans le western, témoins son Buffalo Runner, son poétique Ghost kid ou son incroyable Go West Young Man, il s’avère tout aussi bougrement doué pour les récits plus intimistes, tels son Ma guerre - de la Rochelle à Dachau qui nous raconte la vie de son grand-père durant les années noires de l’occupation… Ajoutons à cela les différents extraits publiés par le dessinateur sur sa page Facebook ou sur les forums dédiés au neuvième art qui n’ont fait qu’accentuer l’impatience qui fut nôtre…

L'Enfer pour Aube, planche du tome 1 © Soleil / Oger / PelaezL’album a-t-il été à la hauteur de nos espérances ? Clairement non ! Il les dépasse plus que largement ! Ce formidable récit s’inscrit dans une veine feuilletonnesques grâce à un chapitrage impeccable annoncé par une du fameux Petit Journal. En plus d’imprimer un rythme soutenu à l’histoire, cet artifice vient donnent avec maestria la mesure du climat oppressant que fait régner sur Paris ces étranges meurtres.

Le scénario ciselé de Philippe Pelaez s’appuie, comme on pouvait s’en douter, sur une solide base historique. Son intrigue délicieusement alambiquée prend place dans un Paris tout en contraste où se côtoient l’opulence et la misère. Cet ancrage social confère une composante naturaliste et une force indéniable à ce premier tome, alors que les stigmates de la Commune n’ont pas encore cicatrisé et que, si l’on en croit les bourgeois, l’insécurité semble régner en maître dans la capitale. On comprend rapidement que les racines de ces tragiques et sanglants événements plongent dans le sang de la Commune et l’on partage les fulgurances de l’Inspecteur Gosselin qui a l’intuition que ces crimes sont le fait d’une vengeance…

L'Enfer pour Aube, planche du tome 1 © Soleil / Oger / PelaezTruffés de mots argotiques, les dialogues de l’album s’avèrent truculents alors que les récitatifs poétiques et tourmentés font résonner une petite musique lancinante et mélancolique qui vient rythmer le récit. Lucide et désabusé, le narrateur nous y livre ses états d’âmes et brosse le portait saisissant de la société de la Belle Epoque. Ce faisant, le scénariste inscrit son récit dans une veine littéraire, comme pouvait le suggérer le titre faisant référence à un poème de Victor Hugo, A ceux qu'on foule aux pieds, lui-même tiré de l’Année Terribe, poème dans lequel l’écrivain demande l’amnistie pour les communards, dénonçant la misère et l’injustice à l’origine de leur légitime révolte.

La couverture de l’album est en tout point remarquable. L’illustration nous plonge d’emblée dans l’ambiance qui baigne le récit alors que la maquette impeccable est rehaussée par des dorures du plus bel effet. Les compositions de Tiburce Oger sont impressionnantes de maîtrise. L’artiste parvient à trouver des cadrages vertigineux qui dynamise l’action de façon saisissante. Son encrage souple est réhaussé par un lavis somptueux où ne pointent que quelques rares touches de rouge qui évoquent le drapeau arboré par les insurgés de 1832, 1848 et surtout par les communards qui en firent leur drapeau officiel. L’assassin voltigeur impressionne dès sa première apparition, juste avant qu’il ne saute sur une rame aérienne du métro. Porté par sa folie meurtrière, il n’est pas sans évoquer l’inquiétant Fantomas de Pierre Souvestre et Marcel Allain. Pourtant, son chapeau à large bord, son long manteau ample et son écharpe rouge semblent empruntés à l’Aristide Bruant tel que l’a immortalisé Toulouse Lautrec. Et le fait est que le mélange des genres donne naissance à un personnage tourmenté aussi fascinant qu’inquiétant dont chaque apparition est un moment d’anthologie…

L'Enfer pour Aube, planche du tome 1 © Soleil / Oger / PelaezAvec ce titre tiré d’A ceux qu'on foule aux pieds, poème dans lequel Victor Hugo plaidait la cause des Communards, Philippe Pelaez et Tiburce Oger nous entraînent dans un polar romanesque et romantique où un mystérieux assassin trucide des notables de façon éminemment spectaculaire avant de glisser dans leur bouche un louis d’or.

S’inscrivant dans une veine poétique et littéraire avec des récitatifs ciselés qui rythme le récit et une délicieuse composante naturaliste dans le portrait contrasté que les auteurs esquissent du Paris de la Belle Epoque, ce premier tome s’avère d’autant plus passionnant qu’il est mis en scène par les crayons virtuoses de Tiburce Oger. Son encrage souple et dynamique et ses lavis somptueux où ne percent que quelques rares touches de rouge évoquant le drapeau de la Commune sont de toute beauté… Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que ces deux auteurs étaient clairement faits pour se rencontrer…

Au final, cette histoire d’implacable vengeance riche en surprises et en rebondissements n’a qu’un seul défaut : elle trouvera sa conclusion dans le second tome… Nonobstant cette petite imperfection qui est le propre des dytiques, l’Enfer pour Aube est indéniablement l’un des meilleurs albums de ce premier trimestre…


- Tu les connaît bien n’est-ce pas ? Je me suis toujours demandé comment un gars comme toi avais pu devenir flicard.
- Disons que je suis un vaurien qui a mal tourné.
- Non de… Il a quelque chose dans la bouche. Va quand même falloir m’expliquer pourquoi les apaches rémunèrent leur victime maintenant…
- c’est un billet ?
- Pire… Une pièce en or de 20 francs.dialogue entre l’Inspecteur Gosselin et Eugène Flaquier

Le Korrigan




Inspiration jeux de rôle

Cette fiche est référencée comme inspi pour 1 jeux de rôle.

Maléfices a pour cadre la France de la Belle Époque (1870-1914), où les superstitions campagnardes et la mode citadine du spiritisme côtoient la pensée scientifique.
Crimes se déroule à la même époque et inscrit dans la tradition des littératures classique, fantastique et horrifique du XIXe siècle.