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Sunset, et au-delà
Movie Ghosts



Fiche descriptive

Policier Fantastique

Movie Ghosts

Tome 1

Stephen Desberg

Attila Futaki

Attila Futaki

Bamboo

Grand Angle

27 Avril 2022


16€90

9782818986912

Chronique

Les morts ont besoin qu'on fouille les cauchemars de leur disparition. Jerry Fifth connaît tous les péchés de la Cité des Anges, des prostituées de Sunset Boulevard aux divas de Hollywood, des producteurs sur le retour aux jeunes acteurs sur le chemin de la gloire. On le paie pour trouver des amants, des enfants illégitimes, des assassins, des assassinés.

Pourtant, Jerry a un problème. Il entend les voix des fantômes d'étoiles éteintes. Pourquoi a-t-il accès à ces voix, à ces visages en quête de vérités perdues ?

Au cœur d'un siècle de cinéma, des salles à deux sous aux machines à rêve des grands studios, Jerry va découvrir les ruines d'une ville dans la ville, des secrets à l'intérieur d'autres secrets.
un excellent album!


Le cimetière des espérances
Movie Ghosts, planche de l'album © Bamboo / Futaki / DesbergHollywood. Combien de rêves, de sacrifices et de vies brisées jonchent les trottoirs de la Cité des Anges ? Jerry Fifth en connaît ses moindres recoins, ses vices et ses péchés… Des producteurs véreux aux prostitués de Sunset Boulevard, des divas aux jeunes premiers, des machinistes aux producteurs, des starlettes aux étoiles filantes, des bouges infâmes aux palaces… On le paye pour retrouver des femmes fugueuses, des enfants illégitimes, des meurtriers ou des victimes…

Mais ce que tous ignorent, c’est que depuis quelques temps, Jerry a un problème : il entend les voix et voit les fantômes de figures du septième art tombés sur le chemin de la gloire... Pourquoi semble-t-il être le seul à les voir et à les entendre ?

Un soir, alors qu’il avait rendez-vous avec une jolie femme qui ne devait jamais venir dans l’un de ces bars que fréquentaient le gratin d’Hollywood, il se confie à un type qui a l’air de s’ennuyer au moins autant que lui… Le lendemain, l’homme lui propose une somme mirobolante pour retrouver Louise Sandler, une starlette très en vue de la MGN qui serait morte assassinée dont le corps n’a jamais été retrouvé et dont l’âme en peine errerait dans l’attente de l’élucidation de sa disparition…


Movie Ghosts, planche de l'album © Bamboo / Futaki / Desberg
« Les morts ont besoin qu'on fouille les cauchemars de leur disparition. »
Stephen Desberg fait partie de ces auteurs qui abordent avec talent des genres aussi différents que le fantastique, les thriller financier ou politique, les récits de capes et d’épées ou les polars historiques… Avec cette nouvelle série aux accents de polar, il nous entraîne dans les coulisses d’Hollywood à la suite d’un détective capable d’entendre et de voir les fantômes du passé dont les rêves se sont brisés dans les studios de la Cité des Anges…

Qu’est-ce qui fait un bon polar ? Question difficile… Mais s’il est un ingrédient indispensable à un roman noir, c’est indéniablement l’atmosphère que le ou les auteurs parviennent à distiller à chaque séquence, faisant entendre une petite musique qui finit par lui donner son identité… Dès la première planche, on entend la première mesure du générique d’un film noir des années 60, un air chargé de mélancolie, d’illusions perdues et d’espoirs défunts…

Le scénario fascinant de Stephen Desberg rend un hommage appuyé à l’âge d’or d’Hollywood et à ses actrices et acteurs qui lui ont sacrifié leur vie, marquant leur art de leur empreinte, à jamais fixé sur des pellicules argentiques… Movie Ghosts, planche de l'album © Bamboo / Futaki / DesbergIl y a quelque chose de viscéralement intimiste dans ce polar subtilement teinté de fantastique et ce n’est qu’à la postface que s’éclaire les intentions de l’auteur et que se fait jour ce qu’on ne pouvait jusqu’alors que ressentir : si le cinéma semble exercer une telle fascination sur le scénariste, c’est que l’histoire de plusieurs membres de sa famille, de sa grand-mère à ses parents, était lié à celle de la Metro Goldwyn Mayer… A travers les fantômes évoqués dans ce diptyque c’est un peu d’eux que parle Stephen Desberg…
La construction du scénario de ce premier tome s’avère admirable tant l’auteur nous mène avec malice par le bout du nez, nous entraînant sur une fausse piste qu’on pensait, à tort, être l’intrigue principale, avant de dévoiler le véritable sujet de ce premier volet… Du grand art, assurément !

un hommage mélancolique à l’âge d’or du cinéma
Mais si la structure subtile du scénario et les dialogues et récitatifs ciselés sont aussi efficaces c’est indéniablement grâce au formidable travail graphique d’Attila Futaki, talentueux dessinateur à qui l’on doit notamment Hypnos, le Tatoueur ou la Bande à Bonnot. Si le dessin de l’artiste Hongrois était déjà bougrement intéressant dans ses précédents albums, il a clairement franchi un palier avec cette série ! Ses couleurs baignent le récit d’une atmosphère délicieusement irréelle qui plane sur la Cité des Anges alors que ses cadrages savamment étudiés, ses cases composées avec le plus grand soin et cette lumière fascinante et crépusculaire confrèrent à l’ensemble une dimension délicieusement cinématographique.

Movie Ghosts, planche de l'album © Bamboo / Futaki / DesbergAvec ce premier tome de Movie Ghost, Stephen Desberg nous entraîne dans les coulisses du septième art pour en exhumer les rêves brisés et les espoirs défunts, rendant un hommage appuyé à l’âge d’or d’Hollywood et à des membres de sa famille qui y participèrent…

Le formidable travail graphique de Attila Futaki rappelle à la vie ces fantômes du passé que seul Jerry Fifth, détective privé qui connaît tout des coins et les recoins d’Hollywood, est capable de voir et d’entendre… Pour apaiser les maux de ces âmes errantes et tenter de mettre en lumière ce que la Machine à Rêve aurait préféré laisser dans l’ombre, il va mener des enquêtes interlopes et côtoyer des esprits peu recommandables…

Des récitatifs ciselés, l’éclairage crépusculaire qui baigne chaque scène et un scénario aussi habile que savamment composé posent avec maestria cette ambiance fascinante qui rend la lecture de ce premier opus particulièrement captivante…


Oui, je peux imaginer ça. Des esprits arrachés à leurs espoirs, aux grands rôles qui leur avaient été promis. Les vies, déchirées par les échecs, les trahisons, les suicides, les malheureux incapables de tirer leur révérence et de s’en aller pour de bon… Prêts à accepter l’injustice à l’oubli. Jerry Fifth

Le Korrigan




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