1850. Près de trois décennies ont passé depuis que Tagio et Maïra se sont enfouis de la plantation de cacao familiale pour échapper à la vindicte de Louis…

Désormais connu sous le nom de Socrates, Tiago a développé une exploitation florissante de cacao à Sao Tomé. Alors qu’il effectue un voyage d’affaire à Londre pour y signer des contrats commerciaux et marier sa fille unique au fils d’un riche propriétaire d’une usine de cacao, un navire part de Lisbonne pour gagner l’île de Sao Tomé. A son bord, Philippe Da Costa Bourbon, un marchand d’esclave qui va croiser la route de Sofia Socrates, la fille du propriétaire de la plantation cacaoyère qui partage le rêve de son père de faire de leur exploitation la première fonctionnant sans avoir recours à l’esclavage…

Au fil de leurs rencontres, une histoire d’amour va naître entre eux… Mais, s’il se laisse gagner aux idées progressistes de Sofia, Philippe n’est autre que le fils de Louis, le frère du père de la jeune fille venu sur cette île pour se venger de l’homme qui a provoqué sa ruine…

Après Salvador, 1822, Alcante et Fabien Rodhain poursuivent leur série historique qui, à travers l’histoire tragique d’une famille déchirée nous raconte celle du chocolat depuis sa découverte par les grandes puissances européennes et la création des premières grandes exploitations qui eurent recours aux esclaves pour produire cette si précieuse fève.

Avec ce second opus qui nous fait faire un bond dans le temps, les auteurs abordent la naissance des premières plantations africaines à l’invention des tablettes de chocolat faisant du très prisé « breuvage des dieux », comme l’appelaient les Aztèques, une friandise appelée à un bel avenir… Mais combien de sang a dû couler et coule encore pour que cette denrée arrive sur nos tables ? Si trente ans ont passé depuis les évènements relatés dans le premier tome, ce sont toujours des esclaves qui cultivent et récoltent les précieuses fèves pour le compte de puissants propriétaires de plantations. Dans ce second opus, l’exploitation des esclaves va être remise en question à un bout et l’autre de la chaîne : certains producteurs s’interrogent sur un autre mode de fonctionnement où les ouvriers seraient payé pour leur travail tandis que certains industriels refusent, pour des raisons éthiques, morales ou religieuses, d’acheter du cacao issu de plantations ayant recours au commerce triangulaire…

Rehaussé par les couleurs nuancées de Christian Favrelle, le dessin de Francis Valles immerge le lecteur au cœur du dix-neuvième siècle en mettant en scène les membres d’une famille qui continue de s’entredéchirer… L’histoire d’amour entre Philippe et Sofia ne pèsera pas lourd devant la haine qu’ils se vouent et qui finira par les emporter. On devine que la fin sera tragique mais, orchestré avec soin par le tandem de scénariste, le drame n’en reste pas moins entraînant…

Trente années ont passées depuis les événements relatés le premier opus de cette saga familiale concoctée par Didier Alcante et Fabien Rodhain et mis en image par Francis Valles. Le temps n’a pas apaisé la haine que voue Louis à son frère et à Maïra qui fut son esclave et son désir de se venger va venir donner un tour tragique et irréversible à l’amour naissant entre Philippe et Sofia, leurs héritiers respectifs…

Tout en déroulant leur dramatique récit, les auteurs nous éclairent sur l’histoire l’exploitation cacaoyère par les entreprises européennes avec, à l’époque, un recours massif au commerce triangulaire pour fournir la main d’œuvre aux exploitations…

Les Damnés de l’Or Brun s’avère être une saga familiale aussi édifiante qu’entraînante qui met en lumière les zones d’ombre de la production de chocolat…

Même un animal sauvage ne saurait être à l’aise avec le commerce de ses congénères !
- Les nègres ne sont pas mes congénères mais des bêtes ! Et de toute façon vous n’avez rien à faire ici ! Foutez-moi le camp !
- Je vous interdit d lui parler sur ce ton ! Cette dame est ici à ma demande.
- Voyez-vous ça ! Un fillette pour assister une femmelette !dialogue entre Sofia, un trafiquant d’esclave et Philippe